Il restera parmi les rares personnalités marquantes de cette année 2025, sinon la seule : Dr Alain Ndikumana, le ministre burundais des Finances. Devant un parterre de sénateurs inquisiteurs, probablement de toute tendance, certains étant proches de tel cercle ou lobby, d’autres de telle sphère ou groupe d’intérêt, en pleine séance de révision budgétaire tenue le 27 décembre, il a littéralement crevé un abcès.
En dénonçant publiquement, à ses risques et périls, – et il a tenu à le préciser -, des cas d’indiscipline budgétaire, des tricheries, en lettres majuscules de la première jusqu’à la dernière, cet honnête homme au service de son pays a rappelé, à qui veut l’entendre, l’essence même ou l’étymologie du mot »ministre », un digne serviteur.
Ses révélations ou dénonciations, lourdes de sens et de conséquences, sont en termes de milliards de francs burundais, des sommes versées, curieusement, chaque année à l’Anagessa, une Agence nationale de gestion du stock de sécurité alimentaire chargée notamment de collecter, de conserver et de commercialiser le maïs, des tâches confiées à une coopérative, la CIAP, où la presque totalité de ce pactole transite.
Et là où le bât blesse, c’est la gestion de ces »largesses » ou »manne », une ligne budgétaire contenue dans la Loi des Finances, l’argent du contribuable dont l’utilisation comporte des zones d’ombre que ce ministre a élucidées mettant à nu des pratiques frauduleuses, opaques, douteuses.
Ce n’est pas tout comme dénonciation, le ministre Alain Ndikumana a également fait part des réclamations, en termes de milliards de francs burundais, de l’usine FOMI de production de fertilisants : des avenants aux contrats également douteux, faits de manière unilatérale, sans contrôle rigoureux, ni contre-rapport, donc difficiles à justifier et à faire passer.
Les premières flèches sont déjà décochées, les responsables de cette entreprise ont répliqué qualifiant les propos du ministre de ’’faux’’ : « C’est peut-être dû au fait qu’il est nouveau dans cette fonction et ne maîtrise pas certains dossiers, il lui faut bien lire les contrats nous liant à l’État burundais ».
Libre de tout engagement ou pesanteur partisane, direct, comme la plupart des gens de son quartier, Kamenge, donc sans gants quand il s’agit de dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité, technocrate, méthodique car se basant sur des chiffres contenus dans les rapports et les contre-expertises, le ministre Alain Ndikumana se démarque, tranche avec ces fonctionnaires louangeurs, ces conseillers courtisans.
L’histoire le retiendra comme un homme qui a osé mettre le doigt sur certaines pratiques entachées d’irrégularités, préjudiciables à l’économie du pays qui n’a que trop souffert et qui souffre encore et encore.
Et clap de fin : « Nous avons longtemps vécu dans une indiscipline budgétaire excessive : quand le budget est voté, et la Loi des Finances promulguée, il y en a qui croient que cet argent se trouve déjà dans des caisses de l’État quelque part, et ne pensent qu’à le consommer sans se soucier de sa provenance. Il est temps que cela cesse », dixit Dr Alain Ndikumana, ministre burundais des Finances.




