À Kizingwe-Bihara, commune Mugere, des briqueteries poussent clandestinement sur des terrains privés. Les propriétaires, stupéfaits, dénoncent une exploitation illégale et exigent l’arrêt immédiat de ces activités.
De jeunes garçons et des hommes adultes s’activent. Nous sommes à Kizingwe-Bihara, un nouveau site viabilisé. Vu de loin, des champs de manioc rendent la localité verdoyante. Ils entourent les grandes artères tracées lors de la viabilisation. Quelques maisons aussi en chantier sont visibles. D’autres sont déjà habitées. Tout semble normal.
Mais, un phénomène nouveau s’y développe. Des briqueteries s’installent. Une situation très prononcée surtout dans la partie avoisinant la localité non viabilisée dénommée Kibembe. Nous sommes dans l’îlot 27. De jeunes garçons, visiblement des élèves en vacances, des hommes adultes grouillent. (Torse=masculin) Torses nues pour la plupart, ils sont munis de truelles à briques, de truelles, de pointage, de houes, de seaux, de moules, etc. D’autres apportent de l’eau. Des fours sont déjà allumés, d’autres sont en cours de préparation. Des stères de bois sont là.
En voyant des visiteurs, ils s’approchent. Ils pensent que ce sont des clients. Néanmoins, au moindre soupçon, ils reculent. Ils cachent leurs visages. Dans un laps de temps, certains sites se vident. Pourquoi se cachent-ils ? « Nous savons qu’une fois attrapés, nous risquons d’être punis. Parce qu’on travaille dans des parcelles qui ne sont pas les nôtres. C’est juste pour trouver un peu d’argent pour faire vivre nos familles », confie I.L, un des jeunes croisés sur place.
Ils ont d’ailleurs un patron dont ils ne veulent pas révéler l’identité. « En fait, nous, nous ne sommes que des ouvriers. Nous travaillons pour une autre personne. »
L’administration à la base indexée
Pour ces fabricants, c’est un gagne-pain. Mais, pour les propriétaires de parcelles, ces travaux doivent s’arrêter. « C’est déplorable. Ils viennent souvent la nuit creuser dans nos parcelles. Ils emportent de grandes quantités de terres et installent des briqueteries en pleine avenue », raconte l’un des propriétaires rencontré sur place. Sous le choc et s’exprimant sous anonymat pour des raisons personnelles, il accuse l’administration à la base d’être impliquée dans ces activités. « Le chef de quartier reste silencieux parce qu’on le corrompt avec de l’argent. »
B.K, un autre propriétaire, charge à son tour les agents de l’ordre. « Les policiers aussi reçoivent des pots-de-vin. Ils ne peuvent pas déranger ces fabricants. » Ces allégations sont également formulées par beaucoup d’autres propriétaires interrogés. Ainsi, ils demandent que ces activités soient interdites formellement et que l’Office burundais de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Construction, Obuha, donne des attributions et des titres fonciers. « Comme ça, nous aurons le plein droit de mettre en valeur nos parcelles. »
Contacté, Evariste Ndayisaba, le chef de quartier Kizingwe-Bihara, rejette les allégations selon lesquelles il reçoit de l’argent de la part de ces fabricants de briques. « C’est vraiment injuste et infondé. Dès le début de ces activités, nous les avons dénoncés et combattus énergiquement. » Il précise que certains fabricants le font pendant la nuit autour de 3 h et 4 h du matin. « Certains avancent qu’ils sont pauvres, qu’ils n’ont pas d’autres sources de revenus. Mais, pour nous, ces activités illégales doivent s’arrêter. » Il trouve que pour aider à combattre ces travaux, les propriétaires devraient mettre en valeur leurs parcelles.
Interrogé sur l’implication de certains agents de l’ordre dans ces activités, il répond qu’il n’en est pas au courant.