Vendredi 29 mars 2024

Editorial

Kira, le test

08/04/2022 11

L’arrestation et la détention dans les cachots du Service National des Renseignements (SNR) de l’ancien Directeur général du prestigieux hôpital Kira, « Kira Hospital », suscite beaucoup de commentaires et d’interrogations. Nul n’est au-dessus de la loi, certainement. L’ex-patron de l’hôpital Kira reste un justiciable comme un autre. Mais ce médecin ne représente pas, à notre connaissance, un danger pour la sécurité nationale pour justifier une détention dans les cachots du SNR.

Par Léandre Sikuyavuga

Au moment où le Burundi fait tout pour attirer les investisseurs étrangers, c’est un dossier qui sera suivi de très près. Il est important que le droit soit respecté, notamment celui de la défense.

Dans une lettre du Groupe des actionnaires représentant la partie burundaise au Conseil d’administration de Kira Hospital au président dudit Conseil, qui a « fuité » sur les réseaux sociaux, de graves accusations sont portées contre le Directeur général de Kira. On peut citer entre autres « les multiples manquements, la mauvaise gestion et la gestion frauduleuse, la violation flagrante des dispositions du code des sociétés privées et à participation publique, l’entrave au fonctionnement du Conseil d’administration… ». Les signataires retirent la confiance et demandent la destitution du Directeur général de Kira Hospital.

Ces accusations sont-elles vraies ? Sont-elles fausses ? Au stade actuel, personne ne peut le dire. Seule une justice indépendante, équitable, pourra se prononcer et faire taire les rumeurs préjudiciables au Burundi, au climat des affaires, mais aussi au citoyen Christophe Sahabo. En effet, jusqu’ici, il est présumé innocent. Il a droit à un avocat pour assurer sa défense. Ce qui se passe est un vrai test pour la justice burundaise.

L’entorse au droit dans ce dossier ne pourra que nourrir les rumeurs et surtout donner l’impression de pratiquer le deux poids deux mesures. L’opinion garde à l’esprit que certaines personnalités citées dans des affaires de détournement de fonds publics avérés et dénoncées publiquement ne sont pas inquiétées.

Des problèmes, des incompréhensions peuvent naître entre les actionnaires dans un projet. Cela arrive partout et sous tous les cieux. L’important n’est pas de recourir aux cachots et autres arrestations, mais de s’en tenir aux principes qui régissent le partenariat.

En quelques années, Kira était devenu une institution hospitalière aux standards internationaux, fruit de capitaux privés étrangers et des actionnaires burundais. Dans sa lettre de démission au poste de Directeur général de Kira Hospital, le 1er avril 2022, « pour convenance personnelle », Dr. Sahabo écrit : « Je pars avec le sentiment d’avoir fait de Kira Hospital une référence en matière de santé au Burundi et dans la sous-région »
C’est un joyau qu’il faut sauvegarder…

Forum des lecteurs d'Iwacu

11 réactions
  1. sakubu

    « Kira, le test »
    Monsieur l’éditorialiste, il n’y a aucun « test » dans Kira

  2. Gacece

    Vous vous souvenez de l’histoire de cet argent comptant en USD saisi au Kenya? Je me demande si ces 2 affaires ne seraient pas liées d’une quelconque façon. C’est une idée qui me trotte dans la tête depuis la lecture de cet éditorial.
    Mais je dois avertir que je fais une affirmation gratuite ici. Cela vaut la peine de vérifier…

    • Stan Siyomana

      @Gacece
      L’on ne peut pas se permettre de faire « une affirmation gratuite » dans une affaire aussi grave.
      Umengo kera hari aho numvise umushingamateka Agathon Rwasa avuga ivyo kwikoreza umuntu inkono ishushe.
      Twari kurindira kugira ngo tubone ico amatohoza yo mu butungane ashikako.

    • Gacece

      @Stan Siyomana
      Je ne suis au courant de rien dans cette affaire. Donc, je n’accuse personne de quoi que ce soit.

      Moi je dis qu’un journaliste pourrait se renseigner auprès d’une source à la Bancobu, au SNR ou chez Kira Hospital pour vérifier si cette arrestation est liée à l’affaire des dollars.

      Je n’ai même pas besoin de savoir si c’est vrai ou pas, ou si quelqu’un va le faire ou pas : je lance quelqu’un sur une piste. Il arrive que les résultats des enquêtes soient rendus publics ou qu’ils restent confidentiels.

      Il y a plusieurs questions qui m’ont poussé à lancer l’hypothèse… Pourquoi cette arrestation maintenant? Pourquoi pas avant? Et l’arrestation du Français? Qu’est-ce qui a fait que la combine a été découverte maintenant? Normalement un conseil d’administration n’attend pas qu’un problème se répète pour demander des compte… pourquoi ne les ont-ils pas demandés avant que cela devienne un motif de conflit interne? Quel événement pourrait avoir tout déclenché? Une simple vérification de routine? J’en doute. Ils étaient au courant du problème et ils n’osaient pas en parler ou ils se taisaient parce qu’ils étaient complices… ou ignorants (doute).

      Et la grande question : Pourquoi ses collègues à Kira Hospital et ses partenaires d’affaires se sont-ils désolidarisés de lui aussi rapidement?
      Ils l’ont carrément sacrifiés! Trop facilement même!… Les collaborateurs et les partenaires ont pour habitude de rester soudés dans les moments de crises! Pourquoi ne le soutiennent-ils pas?

      Alors j’ai pensé à cette mallette qui a été interceptée, pleine de dollars…

      S’il s’avère que c’est l’élément déclencheur de tout cela, soit le monsieur arrêté s’est sacrifié lui même pour sauvegarder son oeuvre (Kira Hospital), soit ses complices l’ont sacrifié en espérant que les enquêtes s’arrêtent là… ou les deux à la foi(s)… Ou encore… il n’a pas partagé le magot qu’ils l’accusent d’avoir retiré!

      En poussant un peu plus loin dans l’enquête, on pourrait trouver d’autres surprises, autant à l’interne qu’à l’externe de Kira Hospital.

      Quand un pays a tant besoin de devises, il est surprenant de voir que des millions en devises sortent du pays sans qu’il y ait une transaction enregistrée à la BRB ou aux douanes.

      • Phil

        Tu fais un bon raisonnement sauf que cette affaire a été classée🙂 Après examen et enquête, ce sont des opérations habituelles entre la BCB et ses partenaires externes comme la Western Union ou City. Vu qu’elle est l’une des rares banques sinon la seule qui transigent encore avec les banques étrangères, quand ça arrive, on pense au vol ou traffic. Le dossier a été clôturé.

      • Gacece

        @Phil
        Merci pour la précision. J’avais oublié que c’était la BCB au lieu de la Bancobu. Mea Culpa!
        On peut écarter cette hypothèse, mais les questions soulevées dans mon commentaire demeurent pertinentes.

  3. Mutimutunganye

    Cet emprisonnement comporte un concentrat d’ armadats de haine et de jalousie conferts les différents twitters de certains du systeme contre lui. Chercher la justice chez ces hommes, Ce n’est pas mal mais il faut du courtage!

  4. Ngingo

    Ce n’est ni le premier ni le dernier test ! Pour qu’une personne soit tranquille dans les affaires, faut-il qu’elle soit soutenue par un faucon du pouvoir ? Les écoles de ce genre font légion parmi les pays amis de notre pays ?

  5. Muntu

    C’est étonnant que seuls les actionnaires burundais se rendent compte de l’existence de cas de mauvaise gestion et de détournement. Quel intérêt ont les actionnaires étrangers à fermer les yeux sur une situation qui ruine leur société? Pourquoi le SNR s’en mêle? Les employés de Kira disent que le Dr Sahabo aurait refusé d’embaucher 20 médecins qui viennent de terminer leus études en Russie. La liste de ces médecins lui aurait été présentée par le parti au pouvoir et le Dr Sahabo aurait refusé parce que ces médecins n’ont pas d’expérience d’une part et que ce n’est pas la procédure suivie par Kira pour recruter les employés d’autre part. Si ce refus est la cause de l’archarnement qui s’abat sur lui, cela veut dire que le Dr Sahabo est plutôt un exemple à suivre en matière de bonne gestion. Je demande au journal Iwacu d’enquêter et de nous éclairer là-dessus.

  6. Jean de dieu

    Le service national de renseignement (SNR) est régulièrement utilisé dans des affaires qui ne menacent pas la sécurité nationale. L’état devrait mettre fin a cette pratique ridicule, le snr est comparable a la CIA, KGB etc…. Je ne comprends pas alors ce qu’elle fait a arreter un directeur d’hôpital…. Laissons ces affaires a la police et a la justice si elle existe, et que le SNR se concentre aux renseignements plus sérieux pouvant réellement menacer la sécurité du pays.

  7. BarekeBavuge

    Je l ai dit dans une autre rubrique.
    Les dirigeants suivants n’ont jamais été inquiétés
    1) Le groupe de décideurs au plus haut niveau qui ont supervisé la construction du barrage de Mpanda. Un des ministres a meme recu une mdaille le 1er Juillet. C’est dire.
    2) Regideso, Onatel et RNP sont au bord de la cessation des paiements. La redoutable SNR n a jamais interpellé le président du CA ou ADG (Encore que ce devrait etre la justice qui s’en occupe)
    3) Les autres actionnaires ont certainement refusé de signer ou cautionner la lettre. Ils sont majoritaires.

    En un mot comme en plusieurs. Cela traduit un comportement ou l’Etat de droit ne vient pas en premier lieu.
    Il y a anguille sous roche.

    Encore et et encore des jérémiades.

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Online Users

Total 2 719 users online