Samedi 02 août 2025

Santé

Interview avec Dr Franck Nziza : « La couverture sanitaire universelle reste la clé contre les hépatites virales »

01/08/2025 0
Interview avec Dr Franck Nziza : « La couverture sanitaire universelle reste la clé contre les hépatites virales »

Le 28 juillet de chaque année, le monde célèbre la journée contre l’hépatite. Dr Franck Nziza, médecin spécialisé en santé publique revient sur la réalité des hépatites virales au Burundi.

Quelle est la situation réelle des hépatites virales au Burundi ?

Pour le moment, on n’a pas d’études nationales qui reflètent la réalité sur les hépatites. Mais, je peux me référer à une analyse qui a été faite en 2018.

Cette étude faisait état d’une prévalence qui allait de 1,7 à 3,4 % pour l’hépatite B, sur base du dépistage de l’antigène HBS. Pour l’hépatite C, c’était entre 1,9 et 5,7 %, sur base de l’anticorps anti-VHC, mais cela concernait les centres de transfusion.

Dans les formations sanitaires, la prévalence était presque le double. Pour l’hépatite C, on parlait même d’un taux de l’ordre de 10 %.

Le dépistage, pourtant crucial, reste payant au Burundi. Que faudrait-il faire pour le rendre plus accessible ?

Je pense que, comme pour tous les soins, il faudrait aller vers une couverture sanitaire universelle qui permet à toute la population d’accéder aux soins sans subir ce fardeau financier. Pour ce problème spécifique, je recommande des campagnes de dépistage, notamment pour les catégories les plus exposées : les professionnels de santé, les personnes vivant avec certaines vulnérabilités, les drogués et bien d’autres.

Pour l’hépatite B, il faut miser sur la vaccination. C’est une maladie qu’on peut prévenir. Une fois déclarée, les traitements disponibles ne permettent pas toujours de la guérir. Heureusement, on dispose actuellement de traitements efficaces pour l’hépatite B.

Quelle est la forme d’hépatite la plus dangereuse ?

Il faut nuancer. Mais, disons que les hépatites B et C sont les plus préoccupantes. Elles sont côte à côte en termes de gravité.

La vaccination contre l’hépatite B est-elle réellement accessible à tous ?

Le vaccin est disponible, oui, notamment dans le Programme élargi de Vaccination (PEV). Mais disponibilité ne veut pas dire accessibilité. L’accessibilité dépend aussi du pouvoir d’achat, de la distance à parcourir pour atteindre un centre de santé, etc. C’est pourquoi je plaide à nouveau pour la couverture sanitaire universelle.

Quelles sont les pratiques qui exposent le plus à l’hépatite ?

Cela découle des modes de contamination. L’hépatite B se transmet beaucoup plus par voie sanguine comme le VIH. Il faut donc éviter le partage d’objets tranchants, d’aiguilles ou de lames de rasoir. Il y a aussi un risque élevé via les sécrétions biologiques : le sperme, les sécrétions vaginales, la lymphe, voire la salive. Il faut faire très attention à cela.

Que faut-il faire pour maitriser la situation ?

Trois actions sont nécessaires. D’abord, il faut vacciner le maximum de personnes contre l’hépatite B, en particulier les adultes qui n’ont pas pu en bénéficier encore plus jeunes. Les professionnels de santé, les travailleurs du sexe ou toute autre catégorie à risque devraient être systématiquement vaccinés. Ensuite, les traitements de l’hépatite C doivent être rendus accessibles de même que les tests de dépistage pour les hépatites B et C.

Enfin, il faut briser le silence. Cela passe par l’information, la sensibilisation et la mobilisation des communautés pour qu’elles comprennent l’importance du dépistage et de la prévention.

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