Vendredi 11 octobre 2024

Politique

Interview avec Denis Banshimiyubusa :« Il faut une maturité politique axée sur une culture démocratique »

08/07/2023 Commentaires fermés sur Interview avec Denis Banshimiyubusa :« Il faut une maturité politique axée sur une culture démocratique »
Interview avec Denis Banshimiyubusa  :« Il faut une maturité politique axée sur une culture démocratique »

Manque de culture démocratique et mauvaise gouvernance des leaders, ingérence des pouvoirs publics dans les activités internes des partis politiques…. Entre autres causes à l’origine de l’affaiblissement et l’éclatement des partis politiques au Burundi. Rencontre avec le politologue Denis Banshimiyubusa.

Partant du climat malsain qui prévaut au sein du parti Cnl, peut-on dire qu’il y a manque de culture démocratique au sein des partis politiques au Burundi ?

Les partis politiques africains, en général et burundais en particulier, souffrent de la mauvaise gouvernance imputable aux leaders qui sont au sommet de ces partis politiques.
Nous avons donc une culture politique autoritaire et cette dernière se remarque au sein des partis politiques où nous avons une absence totale de démocratie.

Nous avons des situations où le leader d’un parti politique peut être un membre fondateur ou quelqu’un qui a eu à gérer ce parti, considérant le parti comme son patrimoine, sa propriété privée.

Parfois, certains autres leaders se retrouvent en conflit avec lui et cela occasionne des scissions comme on le voit aujourd’hui.

Quelles sont les conséquences au niveau du fonctionnement d’un parti politique ?

C’est une situation désastreuse du point de vue du fonctionnement de ce parti. Lorsqu’il y a scission au sein des partis politiques, ces derniers s’affaiblissent. Lorsqu’on est scindé en ailes, on s’affaiblit parce que certains adhérents se dispersent et n’ont plus de force nécessaire pour pouvoir affronter une compétition électorale ou tout simplement accomplir leurs autres fonctions.

Peut-on dire que la situation qui prévaut au sein du Cnl constitue pour lui un mauvais précédent pour les prochains scrutins ?

Absolument. Pour un parti politique qui est traversé par une crise, c’est le début d’un affaiblissement. Pour le cas du Cnl, on voit qu’il y a certains membres qui ont été rayés des instances de direction. C’est un acte qui peut les conduire à être chassés du parti.
Lorsque vous chassez certains membres d’un parti politique, vous vous affaiblissez parce que vous perdez des membres alors que ce sont ces derniers qui constituent la force de ce même parti.

Que faire pour éviter ce genre de situation afin de consolider les partis politiques ?

Les leaders des partis doivent acquérir une culture politique démocratique. Ils doivent donner la parole aux militants. Un membre d’un parti politique doit avoir une place au sein de sa formation politique. Sinon, les leaders vont diriger leurs partis politiques comme leurs propriétés privées. Ce faisant, ils vont susciter des mécontentements qui à leur tour vont aboutir à des scissions. Il faut donc une maturité politique axée sur une culture politique démocratique.

Le ministre de l’Intérieur qui a la gestion des partis politiques dans ses attributions semble s’impliquer dans la gestion de la crise au sein du Cnl mais ne l’a pas fait pour d’autres formations politiques. Comment l’expliquez-vous ?

Malheureusement, par rapport à la situation qui prévaut au Cnl, le ministre de l’Intérieur a fait du deux poids deux mesures.

Selon la loi, il a un regard sur l’organisation et le fonctionnement des partis politiques, mais il ne doit pas s’ingérer dans les activités internes du parti. Il a suspendu les activités du parti Cnl sans qu’il y ait des motifs valables.

Donc une probable main invisible du parti au pouvoir ?

Qu’il y ait une main du parti au pouvoir ou qu’il n’y en ait pas, le vrai problème est à chercher à l’intérieur du parti Cnl. Pour que cette main invisible puisse arriver au sein du Cnl, il faut qu’il y ait eu une brèche.

Le vrai problème est le manque de maturité politique des leaders des partis politiques. Au sein d’un parti politique, lorsque vous ouvrez une brèche, les adversaires vont alors en profiter.

Qu’est-ce que vous recommandez aux partis politiques de l’opposition par rapport aux prochains scrutins ?

Les partis politiques de l’opposition et même le parti au pouvoir doivent apprendre à respecter les règles du jeu démocratique, notamment les droits et les obligations qui leur sont dévolus mais aussi ceux des autres.

Ils doivent être sur le même pied d’égalité dans la compétition. Nous leur recommandons de se préparer en conséquence pour la prochaine compétition électorale, le moment fort de la participation citoyenne.

Propos recueillis par Félix Haburiyakira

CNL

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