Vendredi 26 décembre 2025

Politique

Interview avec Alison Thorpe : « Nous sommes motivés à bâtir un partenariat encore plus fort avec le Burundi. »

26/12/2025 0
Interview avec Alison Thorpe : « Nous sommes motivés à bâtir un partenariat encore plus fort avec le Burundi. »

En visite à Bujumbura pour la troisième fois depuis sa nomination, l’ambassadrice britannique résidant à Kigali revient sur les axes majeurs de la coopération entre le Burundi et le Royaume-Uni, les priorités futures et les défis d’une diplomatie exercée à distance.

Qu’est-ce que cela représente d’être ambassadrice non-résidente au Burundi ?

Être ambassadrice non-résident est toujours un peu plus difficile que d’être basée ici à plein temps. Il faut constamment faire des allers-retours, et l’on n’a pas les mêmes opportunités que lorsqu’on vit dans le pays, pour comprendre en profondeur le contexte dans lequel on travaille. Il est très important pour moi de venir aussi souvent que possible et de passer le plus de temps ici afin de réellement explorer la ville, le pays ; connaître les gens, la culture. Cela me permet de comprendre ce que je dois présenter auprès de mes responsables politiques au Royaume-Uni.

Pouvez-vous nous parler de votre parcours jusqu’à devenir ambassadrice du Royaume-Uni ?

Je travaille au ministère des Affaires étrangères depuis de nombreuses années. Tout au long de ma carrière, j’ai servi aussi bien à Londres, dans notre ministère, qu’à l’étranger. J’ai été cheffe adjointe de mission en Suède et en Macédoine. Après avoir été adjointe, je souhaitais enfin devenir ambassadrice. Avant de venir ici, j’étais l’Envoyée Spéciale du Royaume-Uni pour la Région des Grands-lacs. Je connaissais déjà un peu la région. J’étais venue plusieurs fois, pas au Burundi malheureusement et j’ai beaucoup aimé la région, il y a beaucoup de choses qui se déroulent ici et qui sont pertinents pour le Royaume-Uni. J’étais alors enthousiaste de représenter le Royaume-Uni ici.

Quel est l’objectif de cette visite au Burundi ?

C’est ma troisième visite depuis ma nomination, et celle-ci était surtout consacrée à célébrer les relations entre le Burundi et le Royaume-Uni à travers la réception que nous avons organisée ce 13 novembre pour célébrer l’anniversaire de Sa Majesté le Roi Charles III. Nous avons tenu une grande fête ici à Bujumbura.

Nous avons invité de nombreux amis et partenaires burundais, et c’était une occasion de parler des relations que nous entretenons avec le Burundi, du solide partenariat que nous avons dans de nombreux secteurs, et de la manière dont nous pouvons, ensemble, faire encore plus, pour servir nos intérêts communs.

Quels sont les principaux projets que le Royaume-Uni mène au Burundi ?

Nous travaillons ici depuis longtemps dans différents domaines. En ce moment, nous nous concentrons beaucoup sur l’énergie verte, le soutien à l’éducation et l’aide humanitaire. Le Burundi accueille très généreusement de nombreux réfugiés fuyant le conflit en République démocratique du Congo (RDC). Nous soutenons cet effort, notamment par une contribution de 5,3 millions de livres sterling à travers le Bureau régional du HCR.

Le changement climatique est un autre domaine dans lequel nous collaborons étroitement avec le Burundi. Ce sont nos priorités actuelles. Mais nous cherchons constamment de nouveaux domaines, de nouvelles opportunités où nous pouvons travailler ensemble, et où l’expertise britannique peut contribuer aux réformes structurelles que le gouvernement burundais recherche dans le cadre de son agenda 2040–2060. J’espère que nous pourrons mener une coopération solide, par exemple dans le domaine de la fiscalité et de la collecte des recettes. Ce qui serait, selon moi, véritablement transformateur, si nous y parvenons.

Quels sont vos projets futurs, étant donné que le Royaume-Uni souhaite renforcer son partenariat avec le gouvernement burundais ?

Nous voulons assurer davantage de visites d’experts britanniques au Burundi. Rien que cette année, nous avons déjà eu sept ou huit missions, portant sur des sujets allant du changement climatique à la fiscalité en passant par l’humanitaire. Nous voulons maintenir ce rythme régulier d’expertise.

Ce qui compte pour moi, c’est que nous coopérions dans les domaines où le gouvernement du Burundi souhaite un soutien du Royaume-Uni ou reconnaît que l’expertise britannique peut apporter des changements. C’est pour cela que je parle d’un véritable partenariat avec le gouvernement du Burundi, et pas seulement d’initiatives que nous déciderions unilatéralement. En raison de la conjoncture économique mondiale actuelle, il faut reconnaitre que les budgets d’aide au développement diminuent partout. Pour moi, ceci signifie qu’il s’agit de moins d’argent que de l’expertise technique que nous pouvons offrir dans les domaines où le Royaume-Uni a un avantage réel et il y a de réelles opportunités.

Par exemple, nous sommes déjà en train de travailler avec l’Institut météorologique du Burundi (Igebu) pour améliorer la prévision météo afin que les agriculteurs comprennent mieux quand semer et qu’ils reçoivent des alertes rapides en cas de grands changements climatiques comme les inondations. Ainsi, ils pourront protéger leurs récoltes. C’est un exemple pratique et tangible de notre coopération actuelle. Mais, je pense qu’il y a encore de la place pour aller plus loin.

Pourquoi l’Ambassade du Royaume-Uni n’est-elle pas encore officiellement ouverte au Burundi après deux décennies de « partenariat satisfaisant » ?

Il existe un Bureau de l’Ambassade britannique ici. Il est dirigé par mes collègues formidables : trois collègues burundais qui gèrent le Bureau et qui constituent, en quelque sorte, l’équipe Royaume-Uni à Bujumbura. L’équipe est soutenue par moi et ma conseillère politique. Nous faisons des visites fréquentes.

C’est un modèle qui fonctionne très bien pour nous. Nous bénéficions de l’expertise burundaise de personnes qui connaissent parfaitement la situation du pays et nous apportons la compréhension des attentes de Londres et de nos ministres. Cela donne une bonne combinaison d’expertise qui nous rend réellement efficaces ici. J’oserais dire que nous parvenons à être aussi performants même si certains d’entre nous ne sont pas basés à plein temps à Bujumbura.

Ils sont formidables. Nous ne pourrions pas faire notre travail sans eux, ils sont très dévoués à leurs tâches, ils sont très consciencieux, et je suis très contente de ce qu’ils sont et de leur travail. Ils représentent extrêmement bien le Royaume-Uni lors dans tous les événements officiels au Burundi, auprès du Gouvernement et des institutions internationales.

Les médias jouent un rôle clé dans la liberté d’expression, signe de démocratie. Que prévoyez-vous pour soutenir les médias indépendants ?

Le Royaume-Uni soutient fortement la liberté de la presse. Nous avons lancé la campagne mondiale pour la liberté des médias et nous menons de nombreuses actions dans ce domaine au niveau international. C’est un sujet qui nous tient à cœur. Là encore, pour moi, il s’agit moins de financement que d’apporter une expertise technique aux journalistes du monde entier pour raconter leurs histoires de manière véridique et factuelle.

Pour moi, la liberté de la presse est essentielle et constitue l’un des fondements de la démocratie. Je suis très fière de la réputation du Royaume-Uni en matière de médias libres et indépendants. La BBC assure de nombreuses formations dans le monde entier pour encourager la production de médias indépendants. C’est quelque chose que j’aimerais examiner pour voir si et quand, nous pourrions apporter de tels projets au Burundi.

Par rapport au secteur de l’énergie, pouvez-vous donner des exemples concrets de projets soutenus par le Royaume-Uni au Burundi ?

L’énergie est un domaine où l’investissement britannique fait une réelle différence. Juste pour vous donner deux exemples, nous venons d’investir 50 millions de livres sterling dans l’énergie verte au Burundi à travers Songa Energy et Weza Power pour améliorer le réseau électrique et permettre à davantage de personnes d’y avoir accès.

Nous contribuons aussi jusqu’à 100 millions de dollars américains au projet Ruzizi III, qui offrira la grande centrale hydroélectrique à la frontière entre le Burundi, le Rwanda et la RDC. Ce projet fournira davantage d’électricité à la région et créera jusqu’à 800 emplois pour les Burundais. Je suis particulièrement fière de cette contribution qui, pour moi, constitue un exemple concret des dividendes économiques qu’une région des Grands lacs pacifique peut offrir. C’est pourquoi davantage de projets transfrontaliers comme Ruzizi III pourront vraiment stimuler les économies de la région et apporter la prospérité aux populations.

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