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Économie

Fièvre de la vallée du Rift : Les recettes communales tarissent

28/06/2022 Commentaires fermés sur Fièvre de la vallée du Rift : Les recettes communales tarissent
Fièvre de la vallée du Rift : Les recettes communales  tarissent
La fièvre de la vallée du Rift touche principalement les vaches.

Depuis plus de deux mois, les cas de la fièvre de la vallée du Rift sont signalés au Burundi. Elle touche les bovins et petits ruminants. Jusqu’au 19 juin, douze provinces sont affectées. On dénombre plus de 400 morts. Face aux recettes communales en chute libre, les administrateurs sonnent l’alerte.

« On ne sait pas quoi faire. Car, avec cette maladie, les entrées dans la caisse communale ont fortement diminué », se lamente Janvière Kanyana, administrateur de la commune Butaganzwa en province Kayanza.

Jointe par téléphone, mardi 21 juin, elle confie qu’avant la fièvre de la vallée du Rift, la commune gagnait au moins entre 3 et 5 millions BIF chaque dimanche. Ce qui fait entre 12 et 15 millions BIF par mois. « Aujourd’hui, on atteint rarement 160 mille BIF chaque dimanche », confie-t-elle, sidérée. Mme Kanyana signale que les vaches, les chèvres et les moutons constituaient la principale source des entrées communales. Elle déplore, en outre, la mort de dix vaches et deux chèvres depuis que cette maladie a touché la province Kayanza.

Avec l’interdiction de l’abattage des vaches, elle souligne que le prix de la viande du porc a presque doublé. « C’est pour la première fois dans ma commune qu’un coq s’achète entre 30 et 40 mille BIF ».

Suite à ces pertes, Mme Kanyana indique que certains projets communaux ont été suspendus.

Rémy Cishahayo: « La grande partie des entrées communales venait des marchés du bétail et des petits ruminants. »

Interrogé, Rémy Cishahayo, gouverneur de Kayanza, fait le même constat. Il signale que la grande partie des entrées communales venait des marchés du bétail et des petits ruminants. Ce qui affecte, explique-t-il, le fonctionnement des communes. Il ajoute que le prix du porc a triplé : « Un porc qui se vendait à 500 mille BIF revient aujourd’hui à 1,5 millions BIF. C’est une première et cela montre que la situation est très difficile. »

Même lamentations au sud du pays. Dieudonné Nkunzimana, administrateur communal de Matana en province Bururi, fait un constat amer: « La commune perd beaucoup d’argent. Notre marché de bétail se tenait quatre jours par mois. Et chaque jour, on collectait 2.500. 000BIF. On totalisait au moins 10 millions BIF par mois. Aujourd’hui, il est fermé.»

Avec ce manque à gagner, il souligne que le budget communal devient incomplet. Et d’ajouter la perte des taxes journalières qui provenaient de de la vente de brochettes de viande et des bouchers. « Aujourd’hui, l’abattage est interdit». On atteint donc désormais une perte de 15 millions BIF par mois.

Consolate Ndayisaba, administrateur de Mugongo-Manga en province Bujumbura, abonde dans le même sens : « Les pertes sont énormes. On ne sait plus quoi faire. Les entrées dans la caisse communale ont sensiblement diminué. » Elle souligne que cela handicape le fonctionnement de la commune. Mme Ndayisaba fait savoir que le marché de bétail se tenait une fois la semaine. « Et au moins huit vaches étaient abattues par jour».

Au centre du pays, la situation est aussi alarmante. Liliane Irampaye, comptable de la commune Gitega, fait état des pertes énormes : « Il sera impossible de combler le vide qu’a créé cette maladie. Non seulement la commune percevait la taxe sur chaque vache, chèvre, et mouton vendu ou acheté mais aussi sur chaque bête abattue à l’abattoir. » Au marché de Rutegama, poursuit-elle, chaque vache payait 5000BIF, 1000 BIF pour une chèvre ou un mouton. « Chaque lundi, le jour du marché, la commune pouvait totaliser facilement 3.500.000BIF. Ce qui faisait au moins 14 millions BIF par mois. Aujourd’hui, la commune ne reçoit plus cet argent».

Il ajoute les taxes collectées à l’abattoir : « L’abattage se faisait lundi et samedi. Et sur chaque vache, on gagnait 5000BIF et 1000BIF pour les petits ruminants. » Cette comptable indique que sa commune tirait aussi des taxes des bars et restaurants : « Aujourd’hui, ces lieux publics fonctionnent au ralenti.»

Suite à cette fièvre de la vallée du Rift, Mme Irampaye affirme que les caisses communales sont presque vides : « Pour payer les agents communaux et autres personnes engagées par la commune, on doit grignoter sur le budget destiné aux autres activités. La vie économique de la commune tourne ainsi au ralenti.»

Le vaccin, une urgence

Que ce soit à Kayanza, à Bujumbura, à Bururi ou à Gitega, tous les administratifs interrogés demandent au gouvernement de rendre disponible le vaccin. « Notre commune souhaite que les responsables chargés de la santé animale travaillent d’arrache- pied pour trouver le vaccin rapidement ou prendre d’autres mesures qui puissent permettre la reprise de l’achat et vente du bétail à Gitega, sinon la vie de la commune risque de s’arrêter, si rien ne change », plaide Mme Irampaye.

Même son de cloche chez Janvière Kanyana, administratrice de la commune Butaganzwa en province Kayanza : « Comment vais-je faire pour payer le personnel communal. C’est cet argent récolté sur le marché de bétail qui nous aidait beaucoup. »

Pour éviter le pire, elle lance un appel vibrant au ministre en charge de l’Elevage pour procéder rapidement à la vaccination. Et de faire remarquer que ces vaches, chèvres et moutons sont très importants pour les économies des familles : « Pour faire un projet, envoyer son enfant à l’école, un père de famille avait recours à son bétail. Aujourd’hui, ce commerce est interdit. »

Dieudonné Nkunzimana: « Notre marché de bétail se tenait quatre jours par mois. Chaque jour, on collectait 500.000BIF. »

Dieudonné Nkunzimana, administrateur de Matana, souligne que dans sa commune, l’élevage constitue la principale source de revenus pour les familles. En attendant le vaccin, il appelle ses administrés au respect des mesures annoncées par le gouvernement en vue de limiter la propagation de cette maladie.

A quand le vaccin ?

La question a été posée, vendredi, 17 juin, à Déo-Guide Rurema, ministre de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage invité à l’Assemblée nationale. « Nous sommes en train de mobiliser les ressources du côté du gouvernement et de ses partenaires », a-t-il répondu. Et d’insister sur le fait que le seul remède est le vaccin : « Nous avons trouvé qu’il est disponible en Ouganda et au Kenya. Il ne manque que l’argent. Nous avons besoin de 15 milliards BIF pour les doses de vaccin et pour la campagne de vaccination.»

Interrogé sur la durée du début de la campagne de vaccination, le ministre Rurema s’est voulu optimiste : « Je ne pourrai pas donner de délai mais si nous parvenons à avoir le vaccin et à débuter la campagne avec juillet pour finir en août, nous aurons la chance d’éviter le pire.»

Avec la saison des pluies, a-t-il prévenu, la fièvre de la vallée du Rift pourrait s’étendre.

Pour rappel, cette maladie a été déclarée fin avril dernier. Elle a été signalée, pour la première fois, dans les provinces Ngozi et Kirundo.

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