Le Fonds des Nations-unies pour la population (UNFPA), en collaboration avec le ministère en charge de la Jeunesse, a procédé ce lundi 4 août 2025 au lancement officiel de la deuxième phase du programme « Entreprendre avec Zéro Capital Extérieur » (EZCE). Une initiative ambitieuse soutenue par plusieurs partenaires, dont la FAFEDE, BIESO et le PAEEJ.
Financé à hauteur de plus d’un million de dollars par le gouvernement indien dans le cadre de la coopération sud -sud, le programme vise à former 1 500 jeunes de 18 à 35 ans dans toutes les provinces du pays selon l’ancien découpage administratif, avec une parité hommes-femmes.
Dans son allocution, Judicaël Elidje, représentant résident de l’UNFPA au Burundi, a exprimé « une immense joie et un profond sentiment de responsabilité. » à l’idée de relancer cette initiative.
Il a salué le leadership du ministère de la Jeunesse et remercié les autres institutions engagées dans l’accompagnement de cette action. « Ce programme n’est pas simplement une formation, c’est une transformation intérieure et collective », a affirmé M. Elidje tout en soulignant que « l’entrepreneuriat commence dans la tête, là où l’on cesse de voir le manque comme une fatalité ».
Un réseau de 100 coachs-formateurs sera mis en place pour suivre les bénéficiaires. Au-delà de la création d’activités génératrices de revenus, le programme intègre des modules transversaux sur la lutte contre les violences basées sur le genre, la santé sexuelle et reproductive, la cohésion sociale, le leadership et la responsabilité citoyenne.
« Chaque jeune entrepreneur doit devenir un acteur du changement social, un bâtisseur de paix et un modèle d’intégrité », a-t-il lancé tout en soulignant que : « Ce n’est pas le capital financier qui fonde un destin, mais le courage de croire que tout commence en soi ».
Un discours sans filtre à la jeunesse africaine
Dr Samuel Mathey, président de la FAFEDE a livré un message franc, vibrant et sans filtre, à l’endroit de la jeunesse burundaise présente à ce rendez-vous. Il a tenu à rappeler que cette initiative avait déjà fait ses preuves dans d’autres contextes, notamment au Tchad et en Haïti. « C’est une troisième expérience que nous essayons d’adapter et d’améliorer à chaque fois », a-t-il souligné.
Pour lui, l’entrepreneuriat est aujourd’hui la seule voie crédible pour les jeunes Africains, face à un marché de l’emploi saturé. « Il n’y a pas assez de places dans l’administration ou les multinationales. Il faut créer son propre emploi, même sans argent », a-t-il insisté.
À ceux qui doutent, Dr Mathey rappelle que plus de 200 jeunes ont réussi à lancer une activité après la première phase, « sans avoir reçu un seul franc ». La preuve, selon lui, qu’avec la bonne méthode, le manque de capital n’est pas un obstacle.
Il a également abordé les freins majeurs à l’entrepreneuriat en Afrique : le manque de financement, la pression fiscale et l’inégalité d’accès aux opportunités.

Le président de la FAFEDE a annoncé la mise en place de la plateforme « FAFEDE Business », destinée à connecter les jeunes formés à un réseau d’opportunités au niveau continental.
Mais au-delà des outils techniques, il a insisté sur les valeurs personnelles : « Un entrepreneur sans discipline, qui passe son temps dans les bars, n’ira nulle part. » tout en exhortant les jeunes à être « rigoureux, engagés, porteurs d’éthique et de responsabilité sociale ».
Dr Samuel a conclu sur une note d’espérance : « Ce que nous voulons, ce sont des jeunes entrepreneurs qui deviendront des modèles, des bâtisseurs, et pourquoi pas des milliardaires prêts à faire rayonner le Burundi bien au-delà de ses frontières. »
Séverin Mbarubukeye, secrétaire permanent chargé des Affaires de l’EAC au ministère de la Jeunesse, a exprimé sa gratitude envers le FNUAP pour son engagement « multiforme » en faveur des jeunes Burundais.
Il a également salué l’appui de 1,2 million de dollars accordé par le gouvernement indien dans le cadre de la coopération Sud-Sud tout en soulignant que ce soutien renforce les efforts du Burundi pour promouvoir l’entrepreneuriat local.
« La jeunesse représente plus de 65 % de notre population. Bien encadrée, elle est notre plus grande force », a-t-il affirmé tout en rappelant que la jeunesse est l’une des six priorités du gouvernement et un axe fort de la vision du président Evariste Ndayishimiye.
Pour lui, l’entrepreneuriat sans capital extérieur est « une voie de créativité, de résilience et de leadership local ». Il a exhorté les jeunes à saisir cette opportunité avec sérieux, car « le développement du pays passe par eux ».
Coachs-formateurs : « les accoucheurs de potentiels »
Séraphine Ciza, représentante du ministère des Affaires étrangères, a salué une initiative qui s’inscrit dans la vision d’un Burundi émergent à l’horizon 2040 et développé en 2060.
S’adressant à la jeunesse, elle a exhorté les participants à « suivre avec sérieux » les enseignements reçus durant la semaine. « Ce sont des outils concrets pour bâtir les entreprises de demain et incarner les valeurs dont notre pays a besoin ».
Mais c’est surtout aux futurs coachs que Mme. Séraphine a adressé un message fort. « Vous n’êtes pas de simples techniciens. Vous êtes les bâtisseurs de bâtisseurs. Des accoucheurs de potentiels. Des éveilleurs de rêves », a-t-elle lancé tout en ajoutant que sans eux, beaucoup de « graines ne deviendraient jamais des arbres. »
Elle a mis en garde contre l’échec de l’accompagnement, « car chaque entreprise qui échoue par manque de guidance, c’est un rêve brisé, un emploi perdu ». Selon elle, être coach est un acte de patriotisme, un devoir citoyen et un engagement envers la jeunesse, mais aussi envers toute la communauté burundaise et africaine.
Mme. Ciza a remercié le FNUAP pour son appui constant au gouvernement burundais et a encouragé toutes les parties prenantes à continuer d’investir dans la jeunesse comme pilier central du développement du pays. « Ensemble, cultivons les talents et récoltons un avenir meilleur », a-t-elle conclu.
Une formation qui change les vies

Arthur Nahayo, bénéficiaire de la première phase, a livré un témoignage fort. Il a remercié les organisateurs pour une formation qui, selon lui, lui a « ouvert les yeux ».
« Cette expérience a été d’une grande utilité. Elle m’a permis de prendre conscience de l’importance de l’inclusion et du respect des personnes handicapées. Je travaille dans l’artisanat, notamment dans la fabrication de chaussures, et j’ai pu élargir mes perspectives, tant humaines que professionnelles », a-t-il déclaré.
Arthur a également souligné les apports en matière de santé sexuelle et reproductive. « J’ai appris des notions essentielles sur les IST et leurs modes de transmission, ce qui m’a permis de mieux comprendre les enjeux de santé publique qui nous concernent tous », a-t-il confié.
Il a invité les jeunes présents à s’impliquer pleinement dans la formation. « Tirez le maximum de cette opportunité. Elle peut transformer vos idées en projets concrets, comme elle l’a fait pour moi », a-t-il conclu.
Le lancement s’est poursuivi avec la signature d’un contrat de partenariat entre la FAFEDE et Burundi Innovation and Entrepreneurship Support Organisations (BIESO) sous les auspices de M. Elidje.
Par ailleurs, notons que BIESO s’apprête à lancer trois projets ambitieux pour soutenir l’entrepreneuriat inclusif au Burundi. Dès le mois prochain, une caravane nationale formera environ 50 000 jeunes à l’entrepreneuriat sans capital. En parallèle, des formations seront proposées aux personnes exclues des programmes (les délaissées), souvent jugées non bancables mais porteuses de potentiel. Enfin, elle prévoit d’accompagner les retraités dans leur reconversion vers le commerce avec zéro capital.
Précisons que cette deuxième phase du programme EZCE se déroulera du 4 au 29 août 2025 dans les nouvelles provinces de Bujumbura et Gitega. Ce programme ciblera 1 500 jeunes bénéficiaires provenant des anciennes provinces de Bujumbura Mairie, Bujumbura, Makamba, Gitega, Cankuzo et Kirundo.