Les résultats de l’examen d’Etat des écoles générales et pédagogiques sortis récemment ne présagent rien de bon quant à l’avenir de l’éducation. Certains parents s’indignent et mettent en doute le travail des enseignants.
L’examen d’Etat édition 2024 a vu la participation de 887 écoles générales et pédagogiques. Parmi elles, 266 ont enregistré une moyenne nulle. Les parents dont les élèves ont passé ces examens condamnent les enseignants et déplorent la qualité de l’enseignement. « Les écoles qui n’ont aucune réussite doivent être fermées où revoir le travail de leurs enseignants », souligne l’un des parents. Il trouve « anormal qu’une école de 111 élèves puisse avoir 7 réussites seulement ; celle de 125 avoir 5 ; 1 réussite sur 152 élèves ; zéro réussite dans une école de 100, de 114 ou de 80 élèves ».
D’autres parents vont plus loin et qualifient certains enseignants de voleurs de l’argent du contribuable qu’ils sont. « Passer toute une année scolaire à percevoir un salaire et ne produire aucun résultat à la fin de l’année est inacceptable. »
Une question à aborder de façon globale
Libérat Ntibashirakandi, détenteur d’un PhD en Sciences et professeur d’universités estime que le problème de la détérioration de la qualité de l’enseignement et du niveau des élèves est à aborder de façon globale et sans émotion suscitée par les résultats des examens et des concours.
« Bien sûr que les résultats constituent une jauge ou un indicateur d’une atteinte des acquis d’apprentissage. Mais, rien ne prouve que les écoles ayant obtenu une bonne moyenne, ont des élèves qui maîtrisent parfaitement le français qui est la langue d’enseignement, de conversation et de travail. »
Pour lui, plusieurs questions se posent sur la gouvernance du système éducatif burundais. « Comment les autorisations sont accordées aux écoles pour ouvrir leurs portes ? Comment ces nouvelles écoles sont accompagnées ? Quelle est la qualification des enseignants et des responsables scolaires ? Quel est le degré de politisation ou de corruption dans la gouvernance scolaire, ? Il se pose également des questions de pilotage des écoles et des classes, sans oublier l’inspection des écoles. Comment on en arrive à des résultats médiocres et faire le constat en fin d’année ? Qu’en est-il de l’encadrement de proximité et de la motivation des enseignants ? Quelles sont les conditions d’apprentissage des élèves ? Ont-ils suffisamment de manuels scolaires et de matériels didactiques ? Ont-ils assez de bancs et pupitres? Ont-ils assez à manger ? »
Il estime que fermer les écoles n’est pas une solution en soi car, l’on constate que plus les années passent, plus la situation se détériore comme dans les autres secteurs d’ailleurs de la vie nationale.
Plusieurs mesures sont à prendre
Ce professeur d’université propose de mettre de l’ordre dans le système éducatif burundais en bannissant la terminologie « école fondamentale ». Parler plutôt de Préscolaire ou maternelle, Primaire, Collège ou cycle inférieur, Lycée ou cycle supérieur des humanités. Il faut aussi améliorer la gouvernance du système éducatif et être rigoureux dans l’octroi des autorisations pour ouvrir une école.
Il suggère d’organiser des inspections et des contrôles des écoles tout au long de l’année ; multiplier les écoles ou instituts de formation initiale de qualité des enseignants ; organiser la formation continue ou le recyclage des enseignants ; renforcer les capacités de maîtrise de la langue française pour tous les enseignants tout en dépolitisant le système éducatif burundais et bien d’autres mesures incitatives en faveur des enseignants.
Il appelle à la mobilisation des moyens financiers pour équiper les écoles en matériels informatiques, didactiques, bibliothèques, laboratoires et produits de laboratoire




