Vendredi 26 avril 2024

Société

Enfin des mèches made in Burundi ?

11/07/2019 Commentaires fermés sur Enfin des mèches made in Burundi ?
Enfin des mèches made in Burundi ?
Les tresses issues des mèches en sisal datant de deux mois.

A 25 ans, Belyse Niyubahwe, étudiante, reste la première Burundaise qui se lance dans la fabrication des mèches. Le sisal, sa seule matière première. Zoom sur cette jeune créatrice.

A Vyerwa, à quelques km du centre urbain de la province Ngozi, dans une pièce du nouveau marché, c’est là où Belyse et son équipe passent leur temps à manier du sisal (fibre grossière et résistante utilisée pour faire des sacs, cordes, etc.) pour en faire des mèches. Des tas de sacs remplis de sisal, des mèches noirs et marrons étendus ici et là.

Mardi 2 juillet, c’est un avant-midi apparemment désœuvré pour Belyse et ses camarades. Elles sont à court de produits pour finaliser les mèches qui n’ont pas encore retrouvé la douceur requise. Quelques-unes étendues ont l’apparence de vraies mèches. C’est en les touchant que l’on sent la différence. « Mais ces mèches peuvent déjà être utilisées sans problème », soutient Belyse.

Une jeune femme qui fait partie de cette équipe porte ces tresses depuis deux mois. « Au début, j’avais peur d’avoir trop mal car les mèches sont encore dures. Mais c’était comme toutes les autres. » Elle dit avoir encore un mois avant de les enlever et compte les réutiliser.

Pour arriver à ce résultat, Belyse et son équipe doivent sillonner les collines à la recherche du sisal. Elles le font ensuite bouillir dans des produits chimiques pour le rendre plus doux et lisse. La dernière étape sera de tremper le sisal adouci dans un mélange de colorants suivant la couleur voulue. Après séchage, le sisal sera transformé en mèches plus ou moins douces. « Mais pas comme il faut », pour le moment.

Vive le banc de l’école !

Cette étudiante à l’Université de Ngozi en Gestion se lance dans cette aventure en avril dernier. Sur le banc de l’école, c’est là où l’idée lui est venue. Le cours d’Entrepreneurship lui a donné le déclic. Un simple devoir qui ne se termine pas sur un papier. « Le prof nous a exigé de rédiger un projet », explique Belyse. C’est ainsi qu’elle songe à la fabrication des mèches, un produit « très sollicité par la gente féminine et une innovation au Burundi ».

Grâce aux recherches sur Internet, elle découvre que le sisal peut faire des mèches. « Chanceuse » qu’elle est, cette plante pousse dans sa province, bien que coûtant cher pour une étudiante qui n’a aucune source de revenu. Elle achète une tige à 500 BIF. Les mèches d’une tête requièrent 25 tiges de sisal, soit un budget de 12.500 BIF.

Par des essais-erreurs, Belyse, à l’aide de ses trois camarades de cours, utilise des produits de laboratoire recommandés par un laborantin du campus. Elles affirment, toutefois, qu’elles ne sont pas encore arrivées au résultat final. « Les recherches continuent».

Les moyens constituent le grand défi, pour ces jeunes étudiantes ambitieuses. Il leur manque un produit adéquat, qu’elles ignorent encore, pour rendre très douces les mèches et une machine pour atténuer le travail manuel. Pour pouvoir mettre leurs produits sur le marché.

Cette initiative a valu à l’équipe une enveloppe de 500 mille BIF (2e prix), lors de la compétition « Light Award », 2e édition, qui prime les meilleures idées entrepreneuriales des étudiants, organisé il y a environ deux mois.

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