Les femmes élues locales continuent de faire face à de nombreux obstacles dans l’exercice de leurs fonctions souvent liés à l’attitude de leurs conjoints ou de leur entourage proche. Malgré les avancées enregistrées dans la participation politique féminine, des résistances mettant en mal la pleine implication de ces responsables dans la gestion des affaires publiques persistent.
Dans certaines familles, les maris posent encore des conditions ou exercent des pressions dissuasives. « Une femme a dû renoncer à sa candidature parce que son mari lui a donné un ultimatum entre sa carrière et le divorce », témoigne Antoinette Ndayitegeyamashi, une médiatrice de paix de la commune Mpanda.
D’autres élues confient qu’elles ne peuvent pas rester en dehors du foyer après une certaine heure, même en cas d’une urgence administrative.
L’exercice du mandat est également fragilisé par des préjugés persistants. Elle souligne en effet que certains avis sont ignorés au niveau local simplement parce qu’ils ont été émis par une femme.
Les autorités locales soulignent la nécessité d’une meilleure communication entre époux et épouses afin d’éviter des malentendus entre responsabilités administratives et tâches ménagères. Selon Isaac Nyandwi le secrétaire exécutif de la commune Mpanda, « la hiérarchie devrait informer à la fois l’homme et la femme de la mission confiée aux femmes élues afin que les activités avancent sans conflits dans le foyer ».
Former et sensibiliser
Des voix appellent aussi à renforcer la formation et la sensibilisation. Les associations jouent un rôle clé, en encourageant les femmes à se porter candidates et en accompagnant les couples dans cette transition. Ces efforts ont permis de lever certains tabous. Mais, le chemin reste long pour ancrer une culture d’égalité dans la gestion politique locale.
Pour Dévote Ndayisenga, ex-administratrice de l’ancienne commune urbaine de Muha, la conciliation des responsabilités publiques et privées exige une grande discipline. « Être administratrice, c’est possible. Mais, il faut aussi garder l’humilité dans son foyer ». Elle explique aussi que l’efficacité d’une élue repose sur sa capacité à gérer la commune tout en préservant l’harmonie familiale.
L’expert et consultant en leadership Acher Niyonizigiye, estime que les difficultés rencontrées sont à la fois internes et externes. Le manque de confiance en soi peut freiner certaines élues, mais le poids des mentalités constitue le principal obstacle. « Beaucoup d’hommes pensent encore qu’une femme en politique fuit son rôle de maman ou d’épouse ». Cette perception, très répandue dans la communauté, continue d’entraver l’épanouissement du leadership féminin.
Face à cette réalité, il plaide aussi pour un travail de fond. La sensibilisation doit s’adresser aux femmes elles-mêmes, afin de renforcer leur estime de soi et leur détermination. Elle doit aussi s’adresser aux hommes qu’ils soient conjoints, collègues ou membres de la communauté. La participation politique féminine est présentée non comme une menace mais plutôt comme une opportunité de progrès collectif.
L’éducation des jeunes filles apparaît essentielle pour l’avenir. « Si les filles grandissent avec la mentalité qu’elles peuvent aussi diriger, la société changera peu à peu ».








