Les élèves de la 6ᵉ année ont effectué en date du 8 août 2025, un concours pour avoir accès aux écoles d’excellence. Cependant, les orientations n’ont pas été rendues publiques. Inquiets, certains parents disent qu’il y a plusieurs zones d’ombre dans l’octroi des places dans ces écoles. Ils appellent le ministère de tutelle à réformer les écoles d’excellence.
« Seraient-elles des écoles construites pour les enfants des excellences ou des riches ? Et nous les pauvres ? », s’interrogent certains parents ayant des enfants qui ont passé le test sans espoir de pouvoir entrer dans les écoles d’excellence rencontrés dans la zone Gatumba de la commune Ntahangwa.
Aline Nshimirimana témoigne que son fils avait eu 96/100 dans ledit concours mais qu’il n’a pas été orienté dans une école d’excellence. « Mon enfant est également le premier de la classe. Il a une bonne note dans tous les trois trimestres. La question que je me pose est de savoir les critères qui sont pris en considération pour avoir une place dans ces écoles. Est-ce que l’enfant surdoué d’un pauvre va un jour avoir accès à l’école d’excellence ? »
Selon elle, tout enfant burundais excellent devrait avoir accès à ces écoles parce qu’elles ont été construites à cette fin. « C’est injuste. Il ne faut pas limiter les chances pour les enfants. Le minimum était de voir les listes des orientations. Imagine un enfant qui croit en lui qui part passer le concours et qui voit que ses résultats sont bons pour qu’à la fin il se retrouve sans école ni orientation. C’est décourageant. Je ne vois plus l’intérêt de passer ces concours pour mes autres enfants. Ils vont continuer les études là où ils sont. »
Dorcas Bukuru s’interroge quant à elle si le problème serait que les écoles d’excellence sont peu nombreuses. « La question qui me vient en tête est de savoir pourquoi mobiliser les enfants de plusieurs écoles (les trois premiers de la classe) à faire le concours alors qu’ils ne vont pas avoir accès dans ces écoles. »
Pour elle, le ministère ayant l’éducation dans ses attributions devait revoir ces irrégularités et les corriger afin d’éviter le gaspillage de l’argent et du temps pour rien. « Le concours a été passé à Maramvya. Je devais m’y rendre avec mon fils deux fois : le jour de la passation ainsi que le jour proclamation des résultats. Les frais de déplacement que nous avons utilisés et les pertes que j’ai encaissées pendant les deux jours pour rien sont décourageants pour mon enfant et pour moi-même. Une autre chose que le ministère devrait vérifier est qu’il y a des enfants qui obtiennent des places dans les écoles d’excellence sans avoir même passé le concours. Certains parents riches donnent de la corruption et reçoivent des places pour leurs enfants. »
De nombreux questionnements
Antoine Manuma, représentant légal de la Fédération nationale des syndicats du secteur de l’enseignement et de l’éducation du Burundi, Fenaseeb, indique que l’école d’excellence telle qu’elle est conçue aujourd’hui présente de nombreuses irrégularités. Il part du fait que les notes considérées pour accéder à ces écoles sont différentes selon les provinces et les communes. « Un élève peut obtenir des notes élevées dans une province mais ne pas avoir la possibilité d’aller dans cette école. Un enfant d’une autre province peut obtenir des notes inférieures mais obtenir une place. »
Il fait savoir également que la note minimale pour être admis à l’école d’excellence pour l’année scolaire 2025-2026 était de 70 %. Malheureusement, il y a des enfants qui ont eu une note supérieure de 90/100 qui n’ont pas pu accéder à ces écoles en fonction des communes d’origine.
Pour Manuma, à l’heure actuelle, il est difficile de confirmer que les élèves sélectionnés sont les plus brillants, car aucune liste n’a été établie et affichée pour voir les résultats du concours. Il met également en question les capacités des enseignants qui travaillent dans les écoles d’excellence.
« Est-ce que ces enseignants ont plus de connaissances que les autres afin que nous sachions que s’ils sont à la hauteur par rapport aux écoles d’excellence ? Normalement, ils devraient recevoir des formations à chaque fin d’année sur des questions de rappel ou pour des améliorations et des évaluations sur les taux de réussite. »
Des réformes à suivre

Selon Antoine Manuma, pour qu’une école soit d’excellente, elle doit compter des élèves doués et sélectionnés au niveau national au lieu d’être sélectionnés sur base d’autres critères. « On devrait établir une liste des meilleurs élèves du pays en fonction de leurs résultats. C’est sur cette dernière que le ministère de l’Education devrait se baser pour faire la sélection des élèves excellents au niveau national. »
Enfin, le représentant de la Fenaseeb pense qu’il faut revoir l’organisation des écoles d’excellence pour arrêter de prendre en considération la province ou bien l’origine des candidats potentiels. « Il ne faudra surtout pas que les écoles d’excellence se mélangent avec la politique parce que cela affecte le secteur éducatif. Il faut se rappeler que si un enfant étudie dans une école d’excellence et qu’il va à l’université, il ne travaillera pas pour la commune dans laquelle il provient. Il servira plutôt tout le pays et représentera le pays dans le monde. »
Interrogé pour avoir un éclairage sur les inquiétudes des parents, le ministre de l’Éducation nationale et de la Recherche scientifique, François Havyarimana n’a pas voulu réagir.
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