Mercredi 17 décembre 2025

Société

Droits des enfants : La FENADEB alerte sur l’urgence des défis persistants

17/12/2025 0
Droits des enfants : La FENADEB alerte sur l’urgence des défis persistants
Le phénomène des enfants en situation de rue reste préoccupant

La Fédération nationale des Associations engagées dans le domaine de l’Enfance au Burundi (FENADEB) a présenté son rapport complémentaire sur la situation des droits de l’enfant, le 4 décembre 2025 à Maseru au Lesotho, devant le comité africain d’experts sur les droits et le bien-être de l’enfant. Il ressort que des défis persistent avec notamment le phénomène des enfants de la rue et les violences domestiques.

Le phénomène des enfants en situation de rue et les abandons scolaires restent préoccupants. À Bujumbura, le phénomène des enfants en situation de rue prend de l’ampleur. Ces enfants, souvent livrés à eux-mêmes, vivent dans des conditions précaires, exposés à de multiples dangers : insécurité, abus, toxicomanie, exploitation et maladies.

Il y a des mouvements d’enfants en situation de rue qui mendient. Certains sont en âge de scolarité. Des mamans portant des enfants sur le dos sillonnent la ville de Bujumbura pour mendier accompagnées d’autres enfants en âge de scolarité.
« Tous mes cinq enfants ne sont pas scolarisés. Les deux premiers ont abandonné. Les trois autres n’ont jamais été inscrits à cause de la pauvreté », se désole une maman rencontrée à la jonction de l’avenue Muyinga et la Chaussée du Prince Louis Rwagasore en zone Rohero.

M.N est un enfant de 10 ans. Il a abandonné l’école et se retrouve dans la rue. Il est déjà confronté à la dure réalité où chaque jour est une lutte pour la survie malgré son plus jeune âge. Lui aussi affirme qu’il erre dans les rues de Bujumbura et cherche désespérément à manger pour survivre. « Avec mes amis, on est toujours ensemble pour chercher de quoi se mettre sous la dent. Notre père nous a abandonnés. Ma mère est incapable de subvenir à nos besoins. Chaque jour est une lutte pour survivre ».

Des indicateurs préoccupants de la vulnérabilité infantile

Devant le Comité africain d’experts sur les droits et le bien-être de l’enfant (CAEDBE) à Maseru le 4 décembre, Lesotho, la Fédération nationale des Associations engagées dans le domaine de l’Enfance au Burundi (Fenadeb) n’y est pas allée par quatre chemins. Dans son rapport complémentaire, elle a exposé des défis persistants. Parmi ceux-ci, c’est notamment la problématique des enfants en situation de rue, ainsi que celle des abandons scolaires et des grossesses non désirées en milieu scolaire qui est devenue une monnaie courante. « Ces phénomènes demeurent parmi les indicateurs les plus préoccupants de la vulnérabilité infantile au Burundi. »

Cette organisation a également relevé la persistance de discrimination à l’égard des enfants vivant avec le handicap, des enfants Batwa, des filles et des enfants vivant avec le VIH. Le rapport pointe du doigt les lacunes dans l’application de l’intérêt supérieur de l’enfant, notamment dans les procédures judiciaires et l’accompagnement des enfants séparés de leur famille.

D’autres défis sont des violences domestiques qui continuent également d’affecter de nombreux enfants, rappelant la nécessité d’un travail plus profond au niveau social et institutionnel.

De son côté, le Comité africain d’experts sur les droits et le bien-être de l’enfant (CAEDBE) a salué les progrès réalisés par le Burundi, notamment le renforcement du cadre juridique en matière de protection des droits de l’enfant. Il parle également de la gratuité des soins pour les enfants de moins de 5 ans, l’amélioration de l’accès à l’éducation, ainsi que les initiatives communautaires. Il s’agit du Forum national des enfants du Burundi et le Comité de protection de l’enfant.

Le CAEDBE considère que ces efforts traduisent une volonté politique, une manière de faire avancer les droits de l’enfant.

Implorer le chef de l’Etat

Jacques Nshimirimana, président et représentant légal de la FENADEB, recommande que la problématique du phénomène des enfants en situation de rue soit désormais portée au plus haut niveau de l’État. « Une prise en main par la haute sphère de la République permettrait d’engager un débat national constructif, inclusif et multisectoriel, afin d’identifier et de mettre en œuvre des solutions durables à ce phénomène qui prend de l’ampleur. », insiste-t-il.

Pour lui, face à la montée préoccupante des abandons scolaires, il est impératif d’organiser des États généraux de l’éducation consacrés exclusivement à cette problématique. C’est pour réunir toutes les parties prenantes, dont les institutions publiques, les acteurs communautaires, les experts ainsi que des partenaires techniques et financiers.

Pour Jacques Nshimirimana, président de la FENADEB, tous les acteurs doivent être impliqués pour protéger les droits des enfants

M.Nshimirimana explique que l’exemple des progrès réalisés dans la lutte contre la traite des personnes montre clairement que la volonté politique est essentielle. Lorsque la plus haute autorité du pays décide de prendre le taureau par les cornes, dit-il, les résultats suivent. « Sous l’impulsion du Chef de l’État, des avancées significatives ont été enregistrées. Il est donc temps d’adopter la même approche déterminée, coordonnée et volontariste pour que cette problématique des enfants en situation de rue et des abandons scolaires soit résolue. »

Le Comité africain d’experts sur les droits et le bien-être de l’enfant (CAEDBE) est le premier et le seul organe conventionnel des droits de l’enfant au monde habilité à recevoir des plaintes contre les États. Il a été établi par l’article 32 de la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant (CADBE). Ses premiers membres ont été élus en juillet 2001 après l’entrée en vigueur de la CADBE le 29 novembre 1999. Il peut recevoir et examiner les plaintes des individus contre un État partie à la Charte et exprimer ses vues sur la présence ou l’absence d’une ou de plusieurs violations.

Le CAEDBE a mené une mission au Burundi du 24 au 27 février 2025. Cette mission s’inscrivait dans le cadre du suivi de la mise en œuvre des Observations finales et des recommandations du Comité adressées à l’État partie en 2017. Il avait conclu que malgré des progrès réalisés, il subsiste certains défis affectant la réalité quotidienne des enfants au Burundi et la jouissance de leurs droits.

Charte des utilisateurs des forums d'Iwacu

Merci de prendre connaissances de nos règles d'usage avant de publier un commentaire.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes, antisémites, diffamatoires ou injurieux, appelant à des divisions ethniques ou régionalistes, divulguant des informations relatives à la vie privée d’une personne, utilisant des œuvres protégées par les droits d’auteur (textes, photos, vidéos…) sans mentionner la source.

Iwacu se réserve le droit de supprimer tout commentaire susceptible de contrevenir à la présente charte, ainsi que tout commentaire hors-sujet, répété plusieurs fois, promotionnel ou grossier. Par ailleurs, tout commentaire écrit en lettres capitales sera supprimé d’office.

Ajouter un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

L’humanitaire ne suffira pas !

La situation, chacun le reconnaît désormais, est d’une gravité exceptionnelle sur la frontières entre la RDC et le Burundi. Au moment où nous mettons sous presse, trois enfants et une femme ont déjà perdu la vie sur le site de (…)

Online Users

Total 2 722 users online