A la suite du discours du président de la République, le 9 août 2025, lors de la journée internationale des peuples autochtones, promettant aux Batwa l’accès aux terres à cultiver, la réalité sur le terrain reste inchangée. Les familles Batwa naviguent toujours entre espoir et survie au quotidien.
Dans le site de Rambwe, qui abrite trente-six familles batwa, le sourire est rare. La promesse du président Evariste Ndayishimiye avait redonné l’espoir mais elle tarde à se concrétiser. « Quand nous avons entendu le discours du chef de l’Etat, nous avons dit Dieu merci. Mais, jusqu’aujourd’hui, rien n’a suivi », confie Evariste Niyonkuru, le chef de la sous-colline Rambwe de la colline Nyabigenge.
Sur les 36 familles, seules 22 ont reçu une petite parcelle de 15 sur 20 m chacune, octroyée par la commune. Des lopins jugés minuscules, incapables de nourrir une famille nombreuse. « Nous vivons de petits travaux journaliers payés à 5 000 FBu. Quand une famille compte dix personnes, cette somme ne peut pas couvrir tous les besoins ».
Lui et ses voisins partagent le même rêve de cultiver leurs propres champs. « Avec des terres, nous pourrions produire de quoi manger, vendre une partie de la récolte et payer la scolarité des enfants ». Mais, pour l’instant, tout repose sur des travaux occasionnels. L’insécurité alimentaire et un seul repas par jour constituent leur lot quotidien.
La pauvreté a aussi un autre visage : l’abandon scolaire. Dans ces familles, les enfants quittent l’école malgré la gratuité officielle. « Même si l’inscription est gratuite, il reste les frais pour payer les vacataires. Et s’ils ne sont pas payés, nos enfants sont renvoyés, même pendant les examens », déplore Niyonkuru.
Audile Ngendakumana, grand-mère et mère de quatre enfants fait le même constat. Elle survit grâce à la poterie, une activité traditionnelle des Batwa. Elle trouve que cette pratique est sans lendemain. « On n’a pas de champs. Alors, on fabrique des pots. Pour trouver l’argile, il faut aller le prendre dans les terrains de nos voisins. On le fait en cachette. Quand nous sommes attrapés, nous sommes punis ou ils nous obligent de travailler dans leurs pâturages ».
Elle précise qu’un pot est vendu à 500 FBu, une somme dérisoire face aux besoins de la famille. « Avec quatre enfants, je n’arrive même pas à leur assurer deux repas par jour. Si j’avais des terres, je laisserais l’argile pour cultiver ». Elle craint qu’« un jour, à cause de l’argile volé, nous allons perdre des vies. Donnez-nous des terres ! C’est tout ce que nous demandons ».
Pascal Mbazumutima, originaire de Kayanza, habitant de la colline Kivyibusha, a lui aussi grandi dans la pauvreté. Il trouve que des voies de sortie sont possibles. En effet, après des années de dur labeur dans les champs de café et d’asperge, il a pu épargner et acheter des terrains. Aujourd’hui, il vit de sa propre production. « Je conseille aux autres de ne pas gaspiller leurs revenus, mais de penser à investir dans des terrains ».
Une question suivie de près
Les autorités locales disent suivre le dossier de près. Isaac Nyandwi, secrétaire exécutif de la commune, affirme que la volonté politique est réelle. « Nous avons construit des villages mixtes où la population autochtone est présente. Nous cherchons aussi des espaces libres de l’État ou de la commune pour les partager suivant les saisons agricoles. Mais nous insistons : ces terres doivent être exploitées directement par leurs bénéficiaires ».
Pour les Batwa de Bujumbura, la promesse présidentielle reste un immense espoir. « Nous demandons que les paroles deviennent des actes pour que nous soyions enfin comme les autres », conclut Évariste Niyonkuru.
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