Jeudi 09 mai 2024

Société

Des chimpanzés bons consommateurs mais mauvais payeurs

15/10/2023 7
Des chimpanzés bons consommateurs mais mauvais payeurs
Un des chimpanzés, dans un bar, sur le point de boire une limonade

C’est devenu une habitude, des chimpanzés du Musée vivant de Bujumbura s’évadent et déambulent dans les rues. La situation n’est pas toujours drôle pour les voisins du musée.

Les 4 et 6 octobre 2023, « Lulu 2006 » et « Avril 2014 », deux chimpanzés locataires du Musée vivant se sont fait la plus belle pour visiter quelques coins dont le Resto Bar « Cercle de la Paix ». Les serveurs et témoins ont assisté, impuissants, aux consommations des deux clients inattendus.

« Quand les chimpanzés sont arrivés, ils se sont introduits dans le stock, ils ont pris des limonades, des bières et des jus. Après, ils ont rejoint les tables des clients pour partager les plats commandés. Un serveur a tenté d’intervenir, mais a été menacé », ont témoigné plusieurs employés du bar.

Et l’addition est salée.

« Le premier jour, deux chimpanzés ont consommé des produits pour 69 000 BIF au total », raconte un serveur toujours effaré qui décompte : « Bière ‘Royale’” 5000 BIF, deux bouteilles de Kinju, 6000 BIF, cinq Fanta 15000 BIF, Malti 3000 BIF, un jus de 2500 BIF, de l’Aquavie de 2000 BIF, deux Primus 10500 BIF, Amstel, 15 000 BIF et une salade pour 10 000 BIF. » Et de récidiver : Le deuxième jour, le 6 octobre, ils sont revenus et ont consommé pour 11 500 FBu. Les deux factures totalisent un montant de 80 500 BIF. Et puis les clients ne veulent plus payer les plats que les chimpanzés ont effleurés. Ils se lèvent et partent. »

La sortie des deux hôtes du musée a suscité de nombreuses questions. Le Musée vivant du Burundi est-il bien organisé pour abriter ces espèces ? Sont-ils bien nourris et entretenus ? Quid de la responsabilité des dégâts causés par ces animaux ?

Réaction du patron de l’office du tourisme

Interrogé par Iwacu, Jacques Bigirimana, le Directeur général de l’ONT, a d’abord exprimé ses excuses à tous ceux qui ont reçu les visites de ses pensionnaires.

Mais Jacques Bigirimana dément « des rumeurs propagées via les réseaux sociaux » que les chimpanzés étaient affamés : « Toutes les espèces sont suffisamment nourries. Ce ne sont pas uniquement des chimpanzés, mais tous les autres animaux que nous abritons, les crocodiles, tous mangent à leur faim. »

D’après lui, ceux qui propagent ces rumeurs sont des personnes mal intentionnées, qui veulent ternir l’image du Musée vivant de Bujumbura, et l’image du pays aussi.

Pour expliquer cette sortie, M. Bigirimana a dit que le Musée vivant de Bujumbura est un espace inadapté pour ces animaux : « Ce sont des animaux qui vivent dans de grandes forêts sous la pluie. Ils ont besoin d’un endroit frais alors durant ces derniers jours, on a observé une température élevée à Bujumbura, jusqu’à 38°C. Ce qui est vraiment inhabituel. Ils ont besoin de liberté et ici au Musée vivant, c’est un espace étroit. Ils n’ont pas fui pour s’évader, mais pour trouver de l’air, ils voulaient changer de milieu. »

Le directeur de l’Office du tourisme a rappelé que d’autres pays, comme le Kenya et l’Ouganda, des espaces immenses sont réservés aux animaux, des forêts immenses. Dans ces « aires protégées », les animaux sont à l’aise. Tout cet espace est clôturé pour protéger les animaux.

D’après M Bigirimana, des études sont en train d’être menées et un plan a été soumis au gouvernement pour améliorer les conditions de vie des animaux. Mais c’est un plan qui demande beaucoup de moyens, mais entretemps, quelques petites améliorations vont être faites pour renforcer la sécurité des cages où vivent ces chimpanzés. Une équipe a été contactée pour renforcer la sécurité et empêcher les chimpanzés de sortir encore, en attendant la réalisation de ce plan soumis au gouvernement.

Le Musée vivant ne va pas indemniser les victimes

Quant aux consommations et autres dégâts causés lors de cette sortie, le Directeur général du tourisme a été clair. Le Musée vivant du Burundi ne dispose pas de fonds pour payer ou indemniser les victimes des chimpanzés. Le Directeur général a invité les citoyens à comprendre que le Musée vivant est pour tous les Burundais, c’est un trésor public. « Ce qui s’est passé est un accident comme un autre ».
Les voisins du musée ont demandé que la sécurité soit renforcée et que ces chimpanzés restent enfermés dans l’espace qui leur est réservé. Tous aimeraient que le gouvernement réaménage le plus vite possible cet espace, ce n’est pas pour la première fois que les chimpanzés font une telle sortie. Ce sont de bons consommateurs, mais de mauvais payeurs. Même pas en monnaie de singe.

Forum des lecteurs d'Iwacu

7 réactions
  1. Expert

    Ils savent utiliser un décapsuleur ces singes? Bientôt on les verra au volant d’une voiture. Ils vont nous bouter hors du pays et prendre notre place. La Planète des Singes, de Pierre Boulle, ça vous dit quelque chose?

  2. Alexis Kamenge

    Le propriétaire du restaurant aurait du filmer ces chimpanzés à table et mettre la vidéo sur youtube.Il aurait pu gagner plus que les 69000 bif.Il a raté une occasion de gagner de l’argent parce qu’il s’agit d’un spectacle rare dans le monde et les gens recherchent ce genre d’images droles qui génèrent des views par centaines de milliers si pas des millions de vues et cela paye.

  3. arsène

    « Ce qui s’est passé est un accident comme un autre »

    M. Bigirimana devrait penser à contracter une assurance afin que tout accident causé par les animaux du musée soit couvert. En attendant, le Musée vivant devrait payer. L’argument que le musée n’a pas de moyens ne tient pas. S’il ne lui est pas possible de fonctionner, il devrait être fermé ou, comme souvent, être privatisé.

    « … le Musée vivant de Bujumbura est un espace inadapté pour ces animaux […] ». […] « quelques petites améliorations vont être faites pour renforcer la sécurité des cages où vivent ces chimpanzés ».

    Je suis tout à fait d’accord avec M. Bigirimana que ces bêtes vivent dans un traumatisme permanent. Si l’espace est inadapté, il faudrait les relâcher dans la nature. Pourquoi peut-on enfermer dans une cage un animal qui a besoin d’un espace de plusieurs hectares. Sur le plan éthique, c’est désolant. Ces cages, tout comme le manque d’alimentation adéquate les maintiennent dans un état d’anxiété et ce traitement porte atteinte à leur dignité. Leur place est dans la nature et non dans des cages. C’est dur d’entendre que le Musée va renforcer la sécurité des cages, autrement dit, priver davantage la liberté à ces créatures. Quelle horreur!

  4. Kazungu

    je peux payé pour eux.
    Donnez moi un numero Lumicash

  5. Gacece

    « Trésor public » mon oeil! Le musée doit rembourser les consommations de « ses » animaux. Il n’y a même pas matière à tergiverser.

  6. Kazungu

    L’argument sur qui doit payer donné par Mr Bigirimana ne tient pas. Ces chimpanzés sont la propriété du Musée Vivant; par conséquent, celui- ci est totalement responsable et la loi doit l’obliger à payer.
    Les capacités de payer est une autre question à discuter après l’établissement de la responsabilité.

    • Alain

      Vous avez raison. Monsieur Jacques Bigirimana devrait comprendre que les chimpazés sont sous la garde du musée vivant. Et en matière de responsabilité, on dit que l’on est responsable des choses que l’on a sous sa garde.

      Je suis le propriétaire d’un animal. Quelle est ma responsabilité concernant les dommages qu’il peut causer?
      En tant que propriétaire d’un animal, vous êtes responsable de celui-ci. La définition d’un animal, au sens de la loi, est large et non restrictive. Votre chien, chat, cheval, vache, reptile, peut engager votre responsabilité s’il cause une blessure ou un dommage quelconque à une personne, un autre animal ou un objet.

      Vous pouvez être tenu responsable des gestes posés par votre animal:

      lorsque l’animal est sous votre garde (exemple : lors d’une promenade, alors que vous êtes en visite ou tout simplement à votre domicile);
      lorsque votre animal est sous la garde d’un tiers (exemple : votre voisin garde votre animal pendant votre absence);
      lorsque l’animal s’est échappé ou même égaré.
      La loi est sévère à l’égard des propriétaires. Elle prévoit un régime de responsabilité sans faute. Ceci implique que la personne qui subit un dommage à cause d’un acte posé par votre animal n’a pas à prouver que vous avez personnellement commis une faute. Il lui suffit de prouver que l’animal, dont vous êtes le propriétaire, lui a causé un dommage.

      pour lire la suite: https://educaloi.qc.ca/capsules/la-responsabilite-des-proprietaires-danimaux/

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

La soif d’aujourd’hui

Au Burundi, pays de tradition brassicole, la bière est reine. Pour la majorité de Burundais, un évènement excluant l’alcool n’en est pas un. Dans la joie comme dans le malheur, en famille ou entre amis, la bière est obligatoire. Elle (…)

Online Users

Total 5 093 users online