Hausse du prix du café, lutte contre sa fraude, paiement à temps des caféiculteurs, une solution au déficit énergétique pour les usines de transformation du café, … Telles sont, entre autres, les mesures pouvant inciter les caféiculteurs à redynamiser la culture du café. L’administration provinciale les encouragent à s’y investir davantage. Elle précise que son prix est fixé selon l’évolution du prix sur le marché international.
Malgré l’augmentation du prix d’un kg du café cerise passant de 1 350 BIF à 2 800 BIF, les caféiculteurs restent insatisfaits. Ils estiment que ce prix est bas compte tenu des efforts matériels et financiers fournis dans sa production. Pour eux, ce prix ne leur permet pas de subvenir à leurs besoins quotidiens.
« La culture du café exige énormément d’efforts et de ressources depuis la plantation en passant par l’entretien, le sarclage et la récolte jusqu’à la livraison aux stations de traitement », se lamentent certains caféiculteurs des communes Ngozi et Kayanza de la province de Butanyerera.
Ils déplorent qu’ils ne sont pas rémunérés à la hauteur des efforts fournis. Pour bon nombre d’entre eux, il est essentiel que l’Etat et les institutions concernées écoutent la voix des caféiculteurs pour un système de commercialisation plus équitable.
« Même si le prix a été revu à la hausse, il ne garantit pas un revenu conséquent aux caféiculteurs par rapport aux efforts fournis. Il est donc nécessaire de faire une réévaluation régulière du prix du café pour une régulation du marché ».
Ils disent ne pas comprendre comment le prix d’une culture industrielle, vendue en devises, soit en dessous du prix des cultures vivrières comme le haricot. Certains affirment qu’ils préfèrent abandonner la culture du café à cause du prix très bas. « Le caféiculteur n’est pas valorisé alors que c’est une culture d’exportation ».
Les caféiculteurs souhaitent que le prix du kg du café passe de 2 800 BIF à au moins 5 000 voire 10 000 BIF.
De son côté, Godefroid Niyonizigiye, administrateur de la commune Kayanza, se dit satisfait de la hausse du prix du café. Il indique que depuis cette hausse, les caféiculteurs ont repris confiance et s’investissent davantage dans cette culture stratégique.

Victor Segasago, gouverneur de la province de Butanyerera, fait savoir que le gouvernement fixe le prix du café en fonction de son évolution sur le marché international. « S’il advenait que le prix sur le marché international soit revu à la hausse, cela ferait qu’au Burundi on augmente aussi le prix ».
Il invite alors les caféiculteurs à continuer à valoriser cette culture car « elle constitue une source importante de revenus pour les ménages et génère des devises pour le pays ».
L’usine de café « Horamama » de Kayanza face à moult défis
L’usine « Horamama » est composée par des actionnaires des coopératives des caféiculteurs à travers tout le pays. Elle a été créée en 2013 mais elle a commencé à fonctionner en 2016. Elle a eu une production de 2 390 tonnes en 2024 et de 2 340 tonnes en 2025.
Silas Nimubona, son directeur-gérant, salue la hausse du prix du café. Il encourage les caféiculteurs à redoubler d’efforts pour exploiter plusieurs étendues de cette culture d’exportation.
Il fait savoir que son usine reçoit et transforme le café en provenance des coopératives qui cultivent le café. Néanmoins, il informe que son usine fait face à plusieurs défis dont la diminution de la production. « L’usine a la capacité d’accueillir et de transformer 6 à 9 mille tonnes de café mais, nous recevons environ 2 mille tonnes. D’où les recettes ne parviennent pas à couvrir les dépenses engagées ».
M. Nimubona évoque aussi le déficit énergétique qui ralentit et même paralyse souvent les activités. « Pendant la campagne, nous travaillons jour et nuit. Des employés se présentent mais ils peuvent ne pas travailler faute de courant électrique. Nous sommes obligés de les payer malgré nous ».
Il cite également le retard dans la livraison pouvant entraîner parfois l’annulation des contrats par les clients pour non-respect des engagements.
En outre, Silas Nimubona parle du problème d’écoulement de toute la production. « Il y a parfois des invendus. Ce qui cause la perte de la qualité du café ».
Interrogé sur les mesures incitatives pouvant redynamiser la culture du café, M. Nimubona propose la hausse du prix du café considérant que cette culture est et reste un patrimoine de l’Etat qui génère des devises.
Il recommande aussi le changement de mentalités des caféiculteurs. Il explique qu’il s’observe de plus en plus des caféiculteurs qui considèrent le café comme moins rentable par rapport aux autres cultures. Il les conseille à ne pas arracher les plantations de café au profit d’autres cultures.
La fraude du café, une triste réalité
Certains habitants de la zone Mparamirundi, commune Kayanza, province de Butanyerera affirment qu’il existe des caféiculteurs qui vendent illicitement du café au Rwanda. Ils disent que le prix du café au Burundi est très bas par rapport à celui qui est offert au Rwanda.
« Les fraudeurs exportent le café vers le Rwanda à la recherche d’un meilleur revenu. La monnaie rwandaise est plus forte que celle du Burundi. A titre d’exemple, un kg de café coûte 2 000 francs rwandais. Si on échange en francs burundais ça rapporte beaucoup », témoignent les habitants de cette zone.
Godefroid Niyonizigiye, administrateur de la commune Kayanza, ne nie pas cette fraude. Il précise que les fraudeurs pris en flagrant délit sont sanctionnés. « Kabarore est limitrophe avec le Rwanda. Des cas de fraude existent. Nous avons alerté la population pour qu’elle reste vigilante. Même pour celui qui se rend puiser de l’eau on vérifie, on le fouille pour voir s’il n’a pas caché un kg là-dedans ».
Pour lui, celui qui pratique la fraude dilapide les biens de la famille et fait perdre beaucoup de recettes à l’Etat. « C’est un vol pur et simple. C’est incompréhensible que certains vendent à l’usine au moment où d’autres volent et vendent à l’étranger ».
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