Lundi 08 décembre 2025

Économie

Commune Gitega : Les agriculteurs s’inquiètent du manque récurrent d’intrants agricoles

04/11/2025 4
Commune Gitega : Les agriculteurs s’inquiètent du manque récurrent d’intrants agricoles
Jean Sévérin Sinzobatohana : « J’interpelle l’entreprise Fomi d’augmenter sa capacité de production »

Retard dans la distribution des semences sélectionnées et des fertilisants, livraison en quantité insuffisante de ces derniers, … Voilà quelques-unes des lamentations des agriculteurs. Comme solution alternative, le directeur du BPEAE dans la province de Gitega exhorte les particuliers à s’impliquer davantage dans la multiplication des semences sélectionnées.

Les agriculteurs des collines Gisuru et Kibogoye dans la commune et province de Gitega peinent à s’approvisionner en semences sélectionnées et en fertilisants pendant cette période de la saison culturale A.

« Nous n’avons pas encore eu les semences sélectionnées et les fertilisants. Nous avons planté les semences ordinaires », se lamente Félicité Nizigiyimana, de la colline Gisuru.
Elle se dit préoccupée par l’avancement de la saison culturale A alors que ces intrants ne sont pas encore disponibles. Pour elle, cette situation risque d’affecter le rendement.

« Quand nous utilisons les semences sélectionnées comme le maïs de type PAN53, nous obtenons une grande production. Ce qui n’est pas le cas si nous plantons la semence ordinaire ».
Il s’agit de la même préoccupation du côté de Marie-Goreth Nahimana. « Nous avons été à la commune pour chercher les semences sélectionnées. Très peu en ont eu. Nous demandons qu’elles soient multipliées en quantité suffisante pour que tout le monde soit servi ».

Selon elle, la situation reste préoccupante pour les engrais produits par l’entreprise Fomi. Elle fait savoir que ces fertilisants sont toujours distribués avec retard. « Les engrais prévus pour la saison culturale C ont été distribués au début de la saison culturale A. Ceux de la saison culturale A ne sont pas encore disponibles. Entretemps, certains utilisent les engrais de la saison culturale C ».

Un silence coupable

« J’ai payé pour la semence de maïs PAN 53 en 2024, mais jusqu’à présent, je n’ai rien reçu. J’avais payé l’avance à la poste. Nous avons demandé à l’agronome communal où en est notre commande. Il a répondu qu’il n’en sait rien », s’indigne Edouard Cishahayo de la colline Gisuru.

Il dénonce le silence des administratifs. Ces derniers n’ont pas de lumière sur ce retard. Cet agriculteur fait savoir que pour la saison culturale A, l’avance pour les fertilisants a été payée au mois de septembre. Il craint aussi un éventuel retard dans la livraison. Ce qui pourra provoquer une chute de production.

Il demande le respect des échéances culturales. Pour lui, il faut que les fertilisants soient disponibles comme le ciment est toujours disponible dans les magasins.

« Il faut que l’agriculteur ait avant chaque début de saison les fertilisants pour qu’il puisse semer dès la tombée des premières pluies ».
Jeanne Nsengiyumva de la colline Kibogoye éprouve la même indignation. « J’ai utilisé la fumure locale. Pour certains agriculteurs, la quantité commandée pour la saison culturale C n’a pas encore été distribuée ».

De son côté, Laetitia Ngendakumana de la colline Kibogoye s’insurge contre les quantités insuffisantes des intrants qui sont distribués. « On m’a fait un kg de maïs PAN 53. Cette quantité est insuffisante parce que je cultive de grandes étendues ».

La direction tranquillise

Un champ déjà labouré et semé sur la colline Gisuru

Jean Sévérin Sinzobatohana, directeur du Bureau provincial de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage (BPEAE) à Gitega, reconnaît le retard dans la livraison des fertilisants.
« Au niveau des fertilisants, malgré que les microfinances aient commencé à recevoir le paiement des soldes qui donnent accès aux fertilisants, nous sommes à un niveau très bas dans leur livraison »

Il indique que certains sont en train d’utiliser les engrais conservés pendant la saison culturale C. M. Sinzobatohana interpelle l’entreprise Fomi pour augmenter sa capacité de production.
Au niveau des semences sélectionnées, il informe que le gouvernement est en train de distribuer des semences subventionnées. Il encourage les agriculteurs à s’approvisionner en maïs PAN53 dont, selon lui, le prix est abordable.

Par ailleurs, cette autorité agricole fait savoir que la BPEAE collabore avec les multiplicateurs des semences sélectionnées pour éviter des spéculations et maintenir les prix accessibles pour tous les agriculteurs. « Nous continuons à sensibiliser et à orienter nos agriculteurs d’aller chez les multiplicateurs privés de semences sélectionnées parce qu’ils possèdent des semences de bonne qualité et très productives ».


Interview avec Cyrille Mbonihankuye

« Sans la semence sélectionnée, la production peut chuter jusqu’à 40% »

Variétés et quantités de semences produites, défis liés à leur multiplication, degré de collaboration entre l’Isabu et les multiplicateurs… Cyrille Mbonihankuye, chef de service valorisation des résultats de la recherche à l’Institut des Sciences agronomiques du Burundi (Isabu) s’exprime.

Peut-on savoir les variétés de semences que vous multipliez ?

Nous multiplions plusieurs variétés de semences. Il y a les pommes de terre dont ndindamagara (protège la santé), changüí, victoria. Au niveau du maïs, nous avons trente variétés. Dans la région de l’Imbo, nous avons écavel 1, une variété appréciée par les agriculteurs. Dans la région du Moso, nous avons trois variétés dont ZM621 très productive et une autre variété dénommée « élite ». Dans les plateaux centraux, nous avons ZM605, une variété qui se cultive dans les régions de Kirimiro, Buyenzi et même une partie de Bugesera.

Pour le haricot, nous avons plusieurs variétés dont volubile communément appelée en kirundi kinure 1 et 2. Nous avons aussi la variété naine (mugwiza, kajondi).

Pour le riz, nous avons plusieurs variétés. Des variétés pour la basse altitude et la moyenne altitude. Les variétés de moyenne altitude sont produites à Gitega.

Pour les autres cultures telle que la patate douce, nous avons la variété orange très importante pour la santé humaine. Pour le manioc, nous avons des variétés très résistantes aux maladies telle que la mosaïque.

Quelles sont les quantités produites chaque saison ?

Pour cette saison, nous avons produit 186 tonnes de pommes de terre. Mais, la quantité reste insuffisante parce que la demande dépassait 1 000 tonnes. La principale cause est qu’au niveau des laboratoires, nous avons une capacité limitée de production.

Nous avons des difficultés au niveau de la pomme de terre. Quand nous produisons pour les multiplicateurs, nous produisons les prébases. Les multiplicateurs qui vont s’approvisionner au niveau de l’Isabu, vont produire les bases. Eux aussi vont produire des semences qu’ils vont donner aux multiplicateurs des semences certifiées. Ce sont donc ces semences certifiées qu’ils vont donner aux agriculteurs. La quantité reste aussi insuffisante pour le riz.

Pour le maïs, il n’y a pas de problèmes à satisfaire la demande des multiplicateurs parce que nous avons 116 tonnes au moment où la demande des multiplicateurs était estimée à 20 tonnes. Pour le haricot, la quantité est suffisante parce que nous avons 20 tonnes.

Quelles sont les solutions ?

Nous envisageons d’équiper le nouveau laboratoire de Kayanza pour pouvoir satisfaire la demande.
Heureusement aussi, il y a des privés qui sont en train de s’impliquer dans la production des muni-tubercules en essayant d’installer des serres. Cela va épauler l’Isabu dans la disponibilisation des semences en quantité suffisante.

Quid des défis ?

Ils sont liés généralement aux changements climatiques. Par exemple, l’année passée, nous avons semé début février. Après, il y a eu une sécheresse qui a duré plus d’un mois. Or, quand la plante manque d’eau, il ne faut pas espérer la récolte.

L’autre défi est qu’à l’Isabu, nous n’avons pas d’irrigation. La seule station qui a l’irrigation est celle de Mparambo à Cibitoke. Là aussi, on trouve que l’eau n’est pas suffisante. Dans les autres stations, il n’y a pas d’irrigation. Nous travaillons tout en comptant sur la pluie. Mais, si nous avions l’irrigation, ça serait un moyen de surmonter ce problème de changements climatiques.

Bien plus, nous manquons des fois de la main-d’œuvre. Les travailleurs journaliers préfèrent les associations et les coopératives où ils sont payés à la fin de la journée alors que ce n’est pas le cas au niveau de l’Isabu.

Quel est le degré de collaboration avec les multiplicateurs ?

Je dois préciser que lorsque nous avons terminé de produire les semences prébases au niveau de l’Isabu, nous en donnons à la Commission nationale semencière qui distribue les semences aux multiplicateurs.

Quant à la collaboration avec les multiplicateurs, ces derniers adressent une lettre de demande de semences au niveau de la Commission nationale semencière ou au directeur général de l’Isabu. Le moment venu, la commission se réunit pour distribuer les semences.

Quelles sont les conditions exigées pour être un multiplicateur de semences sélectionnées ?

Il faut avoir un agrément de l’Office national de contrôle et de certification des semences. Pour être agréé, il y a des conditions qu’on considère. Les années passées, il y avait un système de pré-commande, c’est-à-dire que les multiplicateurs payaient 10% de la quantité commandée. Par exemple, si vous aviez besoin de 100 kg de haricots, vous devriez payer 10% avant le labour.

C’était pour que l’Isabu ait l’idée du nombre de multiplicateurs qui vont passer des commandes. A ce moment, l’institut pouvait cultiver des champs correspondant aux quantités réellement commandées pour ne pas courir le risque d’avoir des invendues.

Parvenez-vous à satisfaire la demande des multiplicateurs ?

Nous avons un problème de prébases pour la pomme de terre dû aux changements climatiques. Nous ne parvenons pas aussi à satisfaire la demande pour l’arachide. Mais, pour le reste des cultures, il n’y a pas de problème.

Quels conseils donneriez-vous aux agriculteurs ?

Je les encourage à utiliser les semences sélectionnées. Les chercheurs ont montré que si on n’utilise pas la semence sélectionnée, la production peut chuter jusqu’à 40% voire à 100%. Nous l’avons constaté pour la pomme de terre. Vous pouvez cultiver des hectares, mais si vous n’avez pas semé une semence sélectionnée, avec la maladie de bactériose, vous pouvez même rater toute la récolte.

Forum des lecteurs d'Iwacu

4 réactions
  1. Naguze

    Dear Stany
    The tycoon at the head of Fomi.
    became richest man in Burundi kubera abadutwara kuva 2005 babishatse. D’ailleurs bavuga ko ayisangiyi n ibihangage badutwara
    Avant 2005, Ziranoze n’avait aucun sou 🇧🇮😇😷

    Personne n’a plus le droit au Burundi d’importer les engrais.
    Les sommes faramimeuse yaronse i Burundi yayajanye en Tanzanie .
    Twebwe abenegihugu ,damnés de la terre, turiha imbere engrais ntituronke namba
    Iyumvire, we are in November and many people haven’t received fertilizer we paid in August
    Absolutely unbelievable

  2. RIRANIGA

    Il y a quelque chose de simplement hallucinant .
    Est ce que nos dirigeants réalisent le vol?
    Le magnat de Fomi is one the richest man in Burundi.
    He had invested billions in Tanzanie
    Me a poor burundian almost dying of hunger is giving him a credit to produce fertilizer.
    Mugabo utugori nateye turwaye kwashi kubera yanse kumpa umwavu narishe.
    Singira aho nitwara.
    NB: Twama dutonze kuri zone 2 mu ndwi.

    None Vision 40/60 tuzoyirangura gute?

    • Stan Siyomana

      @Riraniga.
      1. Wanditse uti: »Le magnat de Fomi is one the richest man in Burundi.
      He had invested billions in Tanzanie… »
      2. Ico ndabivuzeko.
      1. N’aho FOMI y’i Burundi na ITRACOM Fertilizers Limited yo muri Tanzania zidashobora gukora kumwe kuko ziri mubihugu bitandukanye, birababaje kubona umurimyi w’i Burundi ataronswa umwavu w’ikizungu yarihiye.
      2. Uravye ingorane ziri mu Burundi (difficile acces aux , manque de carburant, mauvaises infrastructures,…) birumvikana k’umugwizatunga w’umurundi ashobora kuja gukorera muri Tanzania hari isoko rinini cane kandi hari amabanki akora mugisata c’uburimyi.
      « CRDB Bank, as Tanzania’s largest financial institution, has played a critical role in enabling large-scale, impactful ventures. While the specific financing details for ITRACOM’s $180 million investment are not explicitly detailed in the provided information, CRDB Bank’s extensive and strategic involvement in agricultural financing is abundantly clear. The bank has an exposure of TZS 1.3 Trillion (approximately USD 450 million) in the agricultural sector, representing a substantial 43% of total agricultural financing in Tanzania… »
      https://kilimokwanza.org/op-ed-tanzanias-fertilizer-breakthrough-a-defining-moment-for-agricultural-transformation/

  3. Stan Siyomana

    1. N’aho tuvugako Uburundi ari Eden umurima usa neza, birabonekako nyen’iryo tongo atazokwimbura vyinshi.
    2. Jewe sindi umuhinga muvy’uburimyi mugabo hari aho mbona amafoto y’ibitoke vyatewe mukinogo gisasiye kugira amazi y’imvura amare umwanya abivomerera, kandi ibindi biterwa biri kumurongo kandi kudututa (n’aha kugira amazi amare umwanya avomerera ivyo biterwa).
    Mugabo mugihe umunyagihugu akirimisha isuka ibintu bizoguma bigorana.
    3. Jewe muri 2018 naranezerewe kwifotoza mpagaze mugipimo c’iwacu c’ikawa kuko canyibutsa kahise kanje n’aho ntacibuka n’igihe bagitereye (nkeka hoba hari nko muri 1955 gutyo), mugabo hanyuma naribajije nti ko numva ngo ikawa itanga umwimbu mwiza nko mumyaka 10 canke 30, NI KUKI IBI BITI BIMAZE IYI MYAKA YOSE, BIFISE IMIZI HEJURU BITARANDUWE NGO BISUBIRIZWE?
    IYI SI IMAZE IYI MYAKA YOSE IRIMWA TWOKWITEGAKO YIMBURA IBINGANA GUTE?

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