Jeudi 28 août 2025

Société

Cibitoke/Rukana : Le manque d’eau potable force certains à déménager

28/08/2025 0
Cibitoke/Rukana : Le manque d’eau potable force certains à déménager
Certains habitants de la zone Rukana après les travaux de traçage d’un canal du réseau d’adduction d’eau dans la localité de Musenyi

Les habitants de la zone Rukana, commune Cibitoke dans la province de Bujumbura font face au manque criant d’eau depuis des années. Ils se rabattent sur les eaux des rivières avec des risques sur leur santé. Selon l’administration, le réseau d’adduction d’eau potable en cours d’aménagement poura apporter une solution.

Les habitants de la zone Rukana, commune Cibitoke dans la province de Bujumbura, font face à un manque criant d’eau depuis des années. Ils se rabattent sur les eaux des rivières avec des risques pour leur santé. Selon l’administration, le réseau d’adduction d’eau potable en cours d’aménagement pourra apporter une solution.

Les habitants de la zone Rukana viennent de terminer les travaux de développement communautaire dans la localité de Musenyi. Tous les jeudis, les habitants de la zone Rukana sont appelés à creuser un canal pour un réseau d’adduction d’eau. Ce réseau, appelé Nyaruseke-Rukana, s’étend sur 13 km. Cette zone fait face à une grave pénurie d’eau potable qui affecte le quotidien des citoyens depuis plusieurs années. Cette situation, exacerbée par la croissance démographique, le manque d’infrastructures et les changements climatiques, engendre de nombreuses conséquences sanitaires et sociales.

La zone compte 5 collines composées de 28 sous-collines. Elle enregistre plus de 6 000 ménages avec plus de 20 000 habitants. Parmi les 28 sous-collines, seules 4 bénéficient d’eau potable, à savoir 2 sous-collines sur la colline Musenyi et 2 autres de la colline Rukana II.

Des sources d’eau douteuses

La population se rabat sur des eaux de rivières parfois sales. Les habitants, surtout les femmes et les enfants, parcourent plusieurs kilomètres à pied pour s’approvisionner dans des sources douteuses. Il s’agit des rivières Rusizi, Nyakagunda, Kijombo et Kaganga. Pour avoir de l’eau potable, il faut l’acheter. Un bidon de 20 litres a un prix qui varie entre 1 500 et 3 500 francs burundais.

Cécile Gakobwa est une habitante de la colline Binyange. Elle fait savoir que la question du manque d’eau dépasse l’entendement. C’est comme s’ils avaient été oubliés par le gouvernement. « Beaucoup de gens ont commencé à émigrer vers des centres urbains où il y a de l’eau. Nous craignons des maladies comme le choléra. D’autres maladies également font rage. »

Sur la colline Binyange, le hasard leur a procuré une aubaine. Il s’agit d’un large et profond fossé qui s’est créé quand la société Sogea Satom dynamitait les pierres sur cette colline en vue de la construction de la RN5. Cécile Gakobwa et d’autres habitants environnants témoignent que, de ce fossé, a jailli de l’eau jusqu’à constituer un bassin d’eau stagnante.

Une situation insupportable

L’eau de ce bassin, communément appelée « Amasogeya », est à première vue malsaine, verdâtre. « Elle est venue régler le problème d’accès à l’eau dans notre localité. C’est une alternative au lieu de se rendre dans les marais puiser de l’eau trop sale », fait savoir Ernest Ndayizeye, un autre habitant.

Il s’agit de la même indignation chez Jacqueline Mukaruranga, habitante de la colline Rukana II, sous-colline Miduha. Les habitants de cette localité utilisent l’eau très sale de la rivière Kaganga. « Si on l’utilise pour la douche et la lessive, il y a une couche qui se forme. C’est inquiétant. Pour avoir un bidon de 20 litres provenant de Rugombo, il faut débourser 3 500 francs burundais. C’est insupportable. »

Sur cette même colline Rukana, la population utilise l’eau de la rivière Rusizi. Elle doit parcourir au moins cinq kilomètres pour y arriver. Capitoline Nsaguye habite à Rukana, à la deuxième transversale. Elle fait savoir que c’est une eau sale, mais qu’ils n’ont pas d’autre choix. « Quand on boit cette eau, on commence à tousser. C’est dangereux pour notre santé, mais on n’a pas le choix. Nous sommes venus dans ces travaux pour que nous ayons de l’eau potable. »

Un autre habitant, un quinquagénaire, fait savoir que cette région fait face à un manque criant d’eau. Il trouve que cette situation méritait d’être résolue. « Nous avons crié à maintes reprises pour que le gouvernement nous vienne en aide. Enfin, notre cri de détresse a été entendu. Ce réseau d’adduction d’eau en cours de préparation est une réponse tant attendue pour sauver la population. »

De son côté, Elvis Ndayizeye déplore qu’il puisse passer deux ou trois jours sans se laver. « Quand je me lave avec l’eau sale d’une rivière, j’ai directement des éruptions cutanées. »

Conséquences sanitaires alarmantes

D’après Fifine Nifasha, un relais de santé communautaire sur la colline Rukana, le manque d’eau a des conséquences néfastes sur la santé des gens en général et celle des enfants en particulier.

Elle parle notamment de l’augmentation des maladies d’origine hydrique comme les diarrhées, la fièvre typhoïde ou les parasitoses. Elle fait également remarquer qu’on perd beaucoup de temps à la recherche de l’eau, au détriment des activités scolaires ou économiques.

Elle se réjouit que l’adduction d’eau ait été décidée. Elle appelle à une installation urgente des points d’eau potable avant d’inviter les autorités locales et les partenaires techniques à résoudre durablement ce problème.

Rénovat Nsengiyumva, un élu collinaire de la colline Rukana II et parrain de la nouvelle zone de Rukana, affirme lui aussi que la zone fait face à un manque d’eau potable depuis des années. « Trouver de l’eau potable est un casse-tête. La population se rabat sur des eaux de rivières qui sont sales. En conséquence, des cas de maladies des mains sales comme le choléra sont récurrents. Des gens ont des problèmes, notamment des éruptions cutanées à cause des eaux sales. »

Il confirme que cette localité est victime des maladies de mains sales comme le choléra et la dysenterie bacillaire à cause du manque d’eau potable. Il indique que cette situation a déjà forcé certains habitants à déménager vers des centres urbains pour chercher de l’eau.

Résoudre durablement le problème

Un enfant portant deux petits bidon d’eau rencontré sur la colline Musenyi après avoir parcouru deux kilomètres

M. Nsengiyumva, un administratif, fait savoir qu’un réseau d’adduction d’eau potable est en cours d’aménagement pour répondre à cette problématique. Ce réseau, appelé Nyaruseke-Rukana, provient de la commune Mugina, dans la localité de Murama sur la colline Mushima. « Le projet avait été initié par l’ancienne commune Rugombo qui a été fusionnée pour faire partie de Cibitoke. Il avait connu une interruption. C’est un réseau d’à peu près 13 km. »

Il salue le courage de la population qui répond aux travaux de développement communautaire de tous les jeudis pour tracer ce canal. « Tout le matériel est disponible. Je suis confiant que l’eau sera disponible avant la fin du mois d’août. Malheureusement, toutes les sous-collines ne seront pas servies. »

Afin que l’eau soit suffisante, M. Nsengiyumva estime qu’au moins chaque sous-colline doit avoir deux robinets publics. Par conséquent, il faudra que chaque colline dispose de deux châteaux d’eau.

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