Pour certains habitants de la colline Gahwazi, commune Mpanda, le droit d’expression est essentiel pour le peuple. Lorsqu’il ne peut pas librement parler, critiquer, protester ou revendiquer, cela crée des frustrations et devient un déclencheur puissant des violences de masse.
Evelyne Ndayizeye, une habitante, estime que chacun a le droit de donner ses opinions et d’exprimer ses besoins. Elle considère que refuser aux gens le droit à l’expression fait mal. « Les gens peuvent se résigner avec le risque de déprimer. Mais, ils finissent par défendre leurs droits coûte que coûte. »
Pour un autre habitant, la violation de la liberté d’expression est devenue la règle surtout dans les associations et les coopératives. « Certains ne permettent pas qu’on s’exprime sur la gestion des biens communs. »
De son côté, M.F une habitante de cette colline fait savoir qu’un individu peut manquer où s’exprimer quand il est victime d’injustice. « J’ai subi l’injustice sur le partage de la terre. Mon mari est décédé et ma belle famille était contre moi. Je me suis confiée aux médiateurs collinaires en vain. »
Pour Emmanuel Ndayisaba, ceux à qui la parole a été refusée se lamentent et tiennent des propos violents à l’encontre de ceux qui les ont traités ainsi. « Quand un groupe de gens ne peut pas s’exprimer, il peut se révolter. Des violences peuvent éclater pour défendre leurs droits. »
Ces habitants appellent tout un chacun à garantir le droit à l’expression. « Du choc des idées jaillit la lumière. »
Léopold Ndayisaba, administrateur de la commune Mpanda reconnaît que des cas de refus du droit d’expression ne manquent pas. « Il peut arriver que des gens ne soient pas écoutés, surtout lorsqu’il y a des problèmes dans la société. Pendant des réunions, celui qui préside la réunion peut ne donner la parole qu’à ceux qui renforcent sa position. »
Pour lui, un leader qui n’accepte pas que les gens s’expriment a peur d’être critiqué ou il est incapable de répondre aux questions lui posées. « Les groupes empêchés de s’exprimer peuvent chercher à se faire entendre par tous les moyens. Et c’est la violence qui éclate. »
Personne n’est à négliger
Léopold Ndayisaba considère qu’un dirigeant doit écouter tout le monde, donner la parole à tout le monde. Le droit d’expression est le fondement pour bien diriger la société. « Il n’y a personne à négliger ou à rejeter dans la société. On doit rassembler au lieu de diviser. »
Selon Alain-Désiré Bukeyeneza, expert en résolution pacifique des conflits, le droit d’expression est garanti par les lois et les conventions internationales. « Ces textes sont inscrits dans la Constitution. Cela montre que les libertés sont indispensables pour un peuple. On a le droit d’exprimer ses opinions, ses besoins sans outrage ni diffamation. »
Il estime que refuser à quelqu’un le droit d’expression vise à cacher la vérité. Il s’agit notamment des problèmes non résolus et l’incapacité des institutions à répondre aux besoins de la population. « Les institutions considèrent qu’il faut empêcher les gens de s’exprimer pour calmer la situation car, elles n’ont pas de solutions. »
Cet expert considère que bafouer le droit d’expression peut engendrer de lourdes conséquences à la suite de l’accumulation des frustrations. Quand les citoyens ne peuvent pas exprimer leurs souffrances, les injustices ou les besoins, la colère s’accumule en silence. « Elle finit par exploser de façon violente. »
M. Bukeyeneza conclut qu’empêcher l’expression libre, c’est bloquer la soupape de sécurité d’une société. À long terme, cela transforme le silence forcé en violence collective. Les peuples finissent toujours par se faire entendre pacifiquement ou dans le chaos.
Il appelle rappelle les autorités à respecter le droit d’expression pour une société juste et prospère. Il précise que les citoyens ont ce droit mais, ils doivent connaître leur limite pour ne pas en abuser.
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