Les habitants de la colline Cumba de la commune Rutegama dans la province de Muramvya indiquent que la discrimination ethnique disparait progressivement mais que des formes discrètes ou indirectes subsistent. Elles sont souvent liées à des intérêts politiques ou économiques. Ils appellent à lutter contre toute forme de division.
K.N, un habitant de la colline Cumba trouve que les sentiments de division et de discrimination peuvent se ressentir lorsque deux individus d’ethnie différente contractent un mariage. « J’ai un ami tutsi qui a épousé une femme hutu. Il a été chassé pour avoir déshonoré la famille. D’autres cas du genre existent dans la société. »
Pour Jean-Pierre Ndayizeye, un autre habitant, les gens sont en train de transcender les différences ethniques mais des cas marginaux subsistent. Il considère que ceux qui ont un sentiment de haine veulent semer la méfiance et les divisions.
H.G fait la même lecture des choses. Il souligne que si la société est touchée par les divisions ethniques, le traitement pour assainir la situation se fait progressivement. « Il y a eu des régimes qui ont soutenu les divisions et les discriminations. Des gens ont intériorisé la haine ethnique. Les autres en ont été victimes. »
De son côté, Jeanne Ndayisenga affirme qu’il n’y a plus de divisions ethniques dans son entourage. Elle indique qu’il n’y a pas de méfiance. Les Hutu, Twa et Tutsi partagent tout. « Nous vivons en harmonie. Mais, autrefois, la situation était dangereuse. »
Même sentiment chez une sexagénaire qui dit qu’on peut remercier le Dieu Tout-puissant pour le changement qui s’est opéré au pays. Autrefois, lorsqu’un membre de la communauté tutsi se présentait au domicile d’un Hutu ou vice-versa, dit-elle, on se méfiait de lui et on le poussait à la sortie.
Ces habitants souhaitent que tout un chacun cultive la paix et l’amour pour bâtir une société forte. C’est en mutualisant les efforts dans la paix et la tranquillité que le Burundi va progresser économiquement, disent-ils.
Le secrétaire exécutif permanant de la commune Rutegama fait observer que l’attitude de division et discrimination ethniques disparait petit à petit. « Beaucoup de régions ont connu des divisions ethniques pendant les dates sombres de l’Histoire du Burundi. Les victimes d’hier peuvent ressentir cette haine en craignant que le scénario ne se réédite. »
Promouvoir l’amour du prochain
Il considère que cette attitude doit être combattue avec énergie pour éviter l’embrasement. « Il faut promouvoir l’amour du prochain afin de bâtir une société juste et prospère. »
Chartier Niyungeko, expert en résolution et transformation des conflits, parle de discrimination ethnique au Burundi qu’il renvoie aux périodes sombres notamment 1972, 1988, 1993 et la guerre civile qui s’en est suivie. « On ne peut pas confirmer à 100% qu’il n’y a plus de discrimination ethnique mais il y a eu des évolutions notables. »
Toutefois, il indique que certains cas inquiètent. Il parle d’un couple de fiancés qui a été déstabilisé par les belles familles qui ne voulaient pas que leurs enfants d’ethnies différentes se marient. « Avant le mariage, il y en a qui disaient non. On ne peut pas accepter. On ne peut pas oublier le passé. »
Pour cet expert, la cause de cette persistance du sentiment de discrimination ethnique est le passé douloureux qui n’a pas encore été bien traité. Il considère que les plaies sont toujours béantes, que le mécanisme de la CVR est en cours mais que ce n’est pas suffisant.
Chartier Niyungeko fait savoir qu’un sentiment de discrimination et de division ethniques peut dégénérer encore en d’autres cycles de violences. Pour lui, il faut organiser un cadre d’échange et de dialogue sur le passé comme des mécanismes inclusifs. « Les gens doivent dépasser et transcender les différences. On doit vivre dans la diversité pour bâtir un avenir meilleur pour tout le monde. »
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