Dans un contexte social et politique précaire, des gens peuvent s’exprimer ou intimider les autres à travers des tracts. Certains habitants de la colline Munyika indiquent que les tracts peuvent avoir un impact négatif en propageant la haine, la peur ou la désinformation.
Certains habitants du quartier Munyika, zone Rugombo, commune Cibitoke, trouvent que les tracts sous forme d’écrits non signés, d’écriteaux sur les murs des maisons ou sur les routes constituent un facteur de déstabilisation. Dans cette localité, ils parlent surtout des écrits qui incitent à la violence contre des personnes accusées de sorcellerie.
Pour Joselyne Ndayizeye, les tracts peuvent contenir des accusations non vérifiées ou des propos diffamatoires qui détruisent la réputation des individus. « Des écrits ont été retrouvés sur le mur d’une maison d’un habitant accusé de sorcellerie. Il était écrit : « si tu n’abandonnes pas la sorcellerie, nous te tuerons. » Beaucoup ont cru à cette accusation que personne n’assume.»
C’est la même observation chez un autre qui fait savoir que les tracts anonymes peuvent semer la panique, la suspicion et la division dans une communauté. « Des tracts ont été retrouvés chez une famille dont la leur a été violée. Les auteurs voulaient la dissuader de porter plainte. Ils ont écrit : « si tu persistes, ta vie sera en danger”. »
Un autre habitant fait savoir que « depuis 1997, lors de la crise, ce sont des choses qu’on voyait souvent. On pouvait voir des messages écrits sur les routes pour intimider les gens ou pour montrer des revendications politiques non assumées publiquement. »
D’après M.K, l’objectif est de provoquer la réaction de la population pour des intérêts politiques. Les gens risquent de réagir à chaud en pensant que ce qui a été écrit est vrai. « La finalité est d’inciter les gens à se soulever, se diviser et se haïr. Tout cela peut conduire à des violences de masse. »
Avoir un esprit critique
Ces habitants indiquent que les tracts sèment la méfiance et la confusion dans la communauté. La sécurité est perturbée car ça fait peur puisque les auteurs ne sont pas connus. « Il y a le risque que la population se divise et que les suspicions deviennent monnaie courante. »
Pour eux, si des gens valorisent ces tracts, ils tombent dans le piège. Ils considèrent qu’il est essentiel d’avoir un esprit critique et de ne pas se fier à ce qui est diffusé.
Selon Sylvère Nsengiyumva, expert en résolution pacifique des conflits et en gestion des rumeurs et des tracts, dans des contextes où la liberté d’expression est limitée, les tracts deviennent un outil clandestin de communication. Ils sont souvent le reflet d’un profond malaise dans une société où le dialogue direct est absent ou risqué.
Il fait savoir que dans les communautés, il y a des tracts liés à la sorcellerie, aux rumeurs de coups d’État, à la mobilisation politique des masses etc. Les auteurs ne sont pas connus. « Quand la population donne une grande importance à ces tracts, il y a des conséquences néfastes dans la société. »
Il parle des tensions communautaires, politiques et ethniques. Ils attisent souvent, dit-il, des préjugés ethniques, religieux ou politiques. Ce qui fragilise la paix sociale. D’autres préparent toujours l’autodéfense et il y a risque de violences de masse.
Pour éviter l’irréparable, cet expert indique que la population ne doit pas se fier aux tracts. Il invite les gens à avoir un esprit critique pour ne pas tomber dans le piège. « Il faut analyser le tract qui circule et vérifier s’il n’y a pas d’intérêts cachés derrière. »
Il appelle le gouvernement à assainir l’espace politique et à garantir la liberté d’expression et d’opinion. Une autre attitude qu’il propose est de communiquer en temps réel et de sensibiliser la population pour éviter toute manipulation. « L’accès aux médias, aux journalistes, à là où se trouve l’information est essentiel. »
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