Vendredi 06 juin 2025

Politique

Cartes d’électeurs non retirées : les inquiétudes persistantes à J-1 du scrutin

Cartes d’électeurs non retirées : les inquiétudes persistantes à J-1 du scrutin
Prosper Ntahorwamiye : « Impossible de voter avec une carte de quelqu'un sans sa procuration »

À l’approche des législatives et des communales, la question des cartes d’électeurs non retirées ou égarés a suscité une vive inquiétude parmi les acteurs politiques burundais. C’était lors de la séance de briefing des observateurs organisée par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ce mardi 3 juin.

Si le président de la CENI, Prosper Ntahorwamiye, a tenu à rassurer la population en affirmant que les 99,17 % des cartes avaient déjà été retirées, de nombreux partis, dont le Conseil national pour la liberté (CNL), l’Uprona et divers candidats indépendants, font état de situations particulièrement préoccupantes sur le terrain.

Certains électeurs n’auraient jamais reçu leur carte, tandis que d’autres s’aperçoivent, parfois trop tard, que leur document a été retiré par d’autres personnes inconnues. « La carte d’électeur doit porter plus d’attention parce que nous avons rencontré des comportements inhabituels. Il y a des gens qui n’ont pas reçu leur carte et il y a des gens dont la carte d’électeur a été récupérée de force par d’autres », s’est indigné Léopold Hakizimana, secrétaire général du CNL, un parti qui est arrivé deuxième lors des élections de 2020 sous le leadership d’Agathon Rwasa, aujourd’hui évincé.

Ce constat d’irrégularités est partagé par d’autres partis. Ils ont expliqué que beaucoup de leurs partisans n’ont pas pu récupérer à temps leurs cartes d’électeur.

Pour eux, ce phénomène est étrange, parce qu’il y a des gens qui ont fouillé partout, mais leurs cartes n’étaient pas disponibles et d’autres ont vu qu’elles ont été récupérées à leur insu, sans qu’ils sachent qui l’a fait.

Un autre cas de figure concerne les personnes qui, par manque de temps ou difficultés logistiques, n’ont pas pu retirer leur carte avant la fermeture des centres de distribution habituels. Elles se retrouvent désormais dans l’obligation de se rendre dans les centres de CECI (commission électorale communale indépendante).

Cependant, le nouveau découpage électoral ayant rendu les communes plus vastes, ce déplacement représente un obstacle supplémentaire pour un bon nombre d’entre elles, risquant de les priver de leur droit de vote.

La CENI rassure

Face à cette levée de boucliers, le président de la CENI, Prosper Ntahorwamiye, a multiplié les déclarations apaisantes lors de ce briefing.
Il a d’abord mis en avant des chiffres nationaux présentés comme très positifs : « Je voudrais d’abord rassurer le public qu’au niveau national le taux du retrait des cartes d’électeurs est très satisfaisant. Sur 7.963.917 cartes reçues, 5.914.498 ont été distribuées ».

Il a ensuite affiné ce taux de distribution à « 99,17%. Les cartes restantes sont 469 cartes d’électeurs. Les gens peuvent tirer des statistiques et tirer des conclusions. » Il a concédé qu’« aucun travail n’est parfait ou réussi à 100 %, ce qui est normal ».

Concernant les craintes de fraude liées aux cartes récupérées illicitement, Ntahorwamiye a assuré que les mécanismes de contrôle prévus par la loi empêcheraient leur utilisation frauduleuse.
Il a été catégorique : « Celui qui a récupéré une carte d’électeur de quelqu’un ne va pas voter à sa place sans la procuration de ce dernier. Celui qui va voter pour quelqu’un sans sa procuration, cela constitue une infraction et il sera puni par la justice ».

Il a également indiqué que les cas de récupération forcée signalés étaient du ressort de la justice : « Les gens qui ont retiré par force les cartes d’électeur, la justice est en train de faire son travail ».

Le président de la CENI a surtout insisté sur une solution alternative pour les électeurs ne disposant pas de leur carte physique : « La personne qui n’a pas la carte physique pour des raisons quelconques, mais qui a son récépissé et la carte d’identité et qui se retrouve sur la liste au bureau de vote, va voter ».

Malgré les assurances de la CENI, plusieurs interrogations ont demeuré sans réponse claire à la veille du scrutin. La plus pressante concerne le scénario où un électeur se présenterait avec son récépissé et constaterait qu’un vote a déjà été effectué en son nom, par une personne inconnue et sans procuration légale.

Comment la CENI et les bureaux de vote géreront-ils concrètement cette situation pour garantir le droit de l’électeur légitime et identifier le fraudeur ?

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