Lundi 24 novembre 2025

Santé

Cancer de la prostate : « La tumeur solide la plus fréquente chez l’homme »

24/11/2025 0
Cancer de la prostate : « La tumeur solide la plus fréquente chez l’homme »

Novembre, est un mois dédié à la sensibilisation sur la santé masculine à travers la campagne « Novembre Bleu ». Le cancer de la prostate reste l’un des plus fréquents chez les hommes. Dr. Juvénal Kwizera, chirurgien urologue au CMCK (Centre médico-chirurgien de Kinindo), revient sur ses causes , ses conséquences et son traitement.

C’est quoi le cancer de la prostate ?

C’est est une tumeur maligne (croissance de cellules anormales pouvant se propager dans le corps) qui se développe essentiellement à partir des glandes prostatiques (situées sous la vessie, propre aux hommes) situées dans la zone périphérique de la prostate.

Ce cancer est à distinguer de l’hypertrophie bénigne de la prostate (une affection non cancéreuse fréquente chez les hommes) qui correspond à une augmentation de taille (appelée hyperplasie) des glandes et tissus de soutien (stromales) dans la zone de transition de la prostate (la partie centrale entourant l’urètre, le canal par lequel l’urine s’évacue). C’est ce que les gens appellent la maladie de la prostate. L’hypertrophie de la prostate est une pathologie bénigne pouvant occasionner des symptômes du bas appareil urinaire chez l’homme, mais qui ne constitue pas une forme précoce du cancer.

À quel point est-il fréquent au Burundi ?

Il est le premier cancer d’origine urologique. Il n’y a pas pas de registre national du cancer, ce qui fait que les données fiables et actualisées sont limitées. Les seules disponibles sont celles fournies par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2020, qui recensent 756 cas de cancer de la prostate cette année-là. Cela représente 9,5 % de l’ensemble des nouveaux cas de cancer enregistrés. Ce cancer arrive en troisième position au niveau national, après ceux du col de l’utérus et du sein.

Quels sont les principaux facteurs de risque de cette maladie

L’âge constitue un facteur de risque majeur dans le développement du cancer de la prostate. Cette maladie est très rare chez les hommes de moins de 50 ans, mais son incidence augmente significativement avec l’âge. Elle atteint un pic vers 68 ans, avant de diminuer légèrement au-delà de cet âge.

Le cancer de la prostate est un cancer où le poids de l’hérédité est prépondérant. Les antécédents familiaux représentent le facteur de risque le plus important. On parle de forme héréditaire lorsque trois membres d’une même lignée familiale, comme le père, les frères, les fils, les oncles ou les neveux, sont atteints. Cela peut aussi concerner deux cas diagnostiqués avant l’âge de 55 ans au sein de la même branche familiale.

De plus, la présence d’antécédents de cancers apparentés, tels que le cancer du sein survenu avant 40 ans, un cancer du sein bilatéral (cas où les deux glandes mammaires sont touchées par la maladie), un cancer du sein chez un homme ou un cancer de l’ovaire, renforce cette hypothèse. Une apparition précoce du cancer de la prostate avant 50 ans est également un signe évocateur d’une forte composante génétique.

D’autres facteurs ?

L’origine ethnique. Il a été rapporté une augmentation de l’incidence du cancer de la prostate chez les hommes d’origine antillaise et d’ascendance africaine. Il y a aussi les facteurs environnementaux, comme l’obésité et le syndrome métabolique (l’excès de graisse autour du ventre, une tension artérielle élevée, un taux de sucre trop élevé dans le sang, et un mauvais cholestérol) semblent être liés à un risque moindre de développer des formes peu agressives du cancer, mais à un risque plus élevé de formes plus sévères.

Le manque d’activité sexuelle peut-il causer le cancer de la prostate ?

Non. D’autres éléments comme les traitements hormonaux, la consommation d’alcool ou une faible fréquence d’éjaculation ont été évoqués dans certaines études, mais ne sont pas considérés comme des facteurs de risque scientifiquement établis.

Quels symptômes doivent inciter un homme à consulter rapidement un médecin ?

La majorité des hommes atteints de ce cancer ne présentent aucun symptôme, surtout lorsque la maladie est détectée tôt dans le cadre d’un dépistage individuel.

Lorsqu’il y a des troubles urinaires, ils sont généralement dus à une autre affection bénigne comme l’hypertrophie de la prostate, et non au cancer lui-même. Dans de rares cas, ces symptômes peuvent être causés par une obstruction de l’urètre liée à la présence du cancer. Un toucher rectal permet alors souvent d’en détecter les signes. Le cancer de la prostate en lui-même ne provoque pas de troubles sexuels, mais les examens ou traitements liés à cette maladie peuvent avoir des répercussions sur la vie sexuelle.

En cas de lésions secondaires (un stade avancé), certains signes peuvent révéler que le cancer de la prostate s’est propagé à d’autres organes. Comme une altération générale de la santé avec une fatigue importante, une perte de poids ou une faiblesse persistante. L’anurie, qui est l’incapacité d’uriner, peut survenir à cause d’une obstruction rénale. Des signes d’anémie peuvent aussi apparaître lorsque la moelle osseuse est touchée, entraînant un essoufflement, une pâleur ou une fatigue accrue. Des douleurs osseuses, particulièrement la nuit, peuvent indiquer des métastases au niveau des os.

Des troubles neurologiques comme des picotements (paresthésies), une diminution de la force musculaire, ou dans les cas les plus graves, un syndrome de la queue-de-cheval (groupe de nerfs qui descendent à partir de la fin de la moelle épinière), peuvent signaler une compression de la moelle épinière par des métastases localisées dans la colonne vertébrale.

À quel âge recommandez-vous aux hommes de commencer le dépistage ?

La détection précoce du cancer de la prostate s’envisage à l’échelon individuel, et non à l’échelle de la population. Le dépistage se fait au cas par cas et ne fait pas partie d’un programme de santé publique. Il est conseillé de commencer à 50 ans si l’espérance de vie est d’au moins 10 ans, ou dès 40 ans en présence de facteurs de risque comme des antécédents familiaux ou une origine africaine ou antillaise.

Au-delà de 70 ans, le dépistage n’est pas recommandé. Un contrôle tous les deux ans est préférable à un dépistage annuel.

Cette maladie peut aussi toucher les jeunes hommes ?

Oui, mais cela reste rare et est généralement lié à une forme héréditaire. Cette forme héréditaire est suspectée lorsque plusieurs membres proches d’une même famille sont atteints, surtout si des cas surviennent avant 55 ans, ou s’il y a des antécédents de cancers liés comme ceux du sein ou de l’ovaire dans la famille.

Quels traitements sont disponibles pour ce cancer au Burundi ?

La prise en charge du cancer de la prostate dépend de son stade, qu’il soit localisé ou métastatique. Pour un cancer localisé, on distingue trois niveaux de risque : faible, intermédiaire et élevé. Pour le faible risque, plusieurs options existent : abstention avec surveillance, surveillance active ou chirurgie.

Pour le risque intermédiaire, la chirurgie est généralement privilégiée. En cas de haut risque, les traitements comme la radiothérapie, l’hormonothérapie ou la chimiothérapie ne sont pas toujours disponibles localement, ce qui oblige parfois à transférer les patients à l’étranger ou à adapter les soins selon les ressources du pays. Pour la maladie métastatique (stade avancé), l’hormonothérapie et la chimiothérapie sont utilisées, mais leur coût et disponibilité restent un défi.

Quels sont les obstacles liés aux traitements et dépistage ?

Manque de sensibilisation, surtout en milieu rural, des ressources humaines limitées (urologues, oncologues, etc.), l’absence d’un centre d’oncologie et d’un registre national des cancers, ainsi que des équipements techniques insuffisants. De plus, le coût élevé et la rareté des médicaments compliquent encore la prise en charge.

Les conséquences possibles d’un diagnostic tardif ?

En médecine, notamment en cancérologie, plus le traitement est retardé, plus la maladie progresse vers un stade avancé, limitant les options aux soins palliatifs (soulager la douleur et améliorer la qualité de vie).

Un message aux hommes en cette période de ‘novembre bleu ‘ ?

Il est important de faire détection précoce individuelle entre 50 et 70 ans ou à partir de 40 et 45 ans s’il y a un facteur de risque car, un diagnostic précoce permet d’accéder à des traitements curatifs efficaces.

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