Plus de 600 personnes vivent illégalement à Kivyeti, au quartier Kibenga, en commune urbaine de Kibenga. Ils vendent une boisson locale très alcoolisée et prohibée (le {kanyanga}), de la bière de banane, du chanvre, etc. L’administration locale veut expulser ces gens « ivres tous les jours et qui passent leur temps à se bagarrer. »
De petites maisons construites en roseaux pullulent à Kivyeti. Elles sont couvertes de sachets, de petits morceaux de tôles sur lesquels sont posés des cailloux et des troncs d’arbres pour empêcher qu’ils s’envolent. Devant ces huttes, des femmes, des hommes et des enfants assis sur des bancs. Ils n’attendent rien. Ils vous regardent passer. 15 mai, 10 heures. Des hommes tiennent en main de petits gobelets contenant de la kanyanga (boisson fortement alcoolisée, fabriquée à base d’épluchures de maniocs) et des bouteilles remplies, ou à moitié vides de bière de banane. Les serveurs servent, encore et encore. Toute cette assemblée, aux regards méfiants, a un trait physiologique frappant commun : des yeux rouges. Ils sont ivres. Certains n’arrivent plus à tenir debout. Ceux qui le peuvent, marchent en zigzaguant, vers on ne sait où. Dans ce sous-quartier, certaines femmes cuisinent, d’autres vendent des légumes, des arachides, des tomates et du piment. Ces petites maisons sont placées au milieu d’autres constructions. Dès qu’ils aperçoivent un « étranger », ces habitants essayent de se cacher dans leurs petites huttes. Ceux qui ne se reprochent de rien, acceptent d’expliquer ce quotidien inhabituel. « Il y a deux mois, l’administration locale nous a délogés et nous nous sommes installés tout près du lac Tanganyika. Quelques jours après, les policiers nous ont chassés à coups de matraques et tirés dessus », raconte Léopold Karenzo, un habitant de Kivyeti. Dayama, un autre habitant, accuse l’administration de les avoir abandonnés : « Nous occupons les lieux depuis la crise de 1993. Aucune autorité ne s’est occupée de nous », se plaint-il. Il demande au président de la République de donner des parcelles à tous les habitants de Kivyeti, comme cela a été le cas pour les vulnérables à Sabe, Buterere et ailleurs.
Ils n’auront rien
Selon Emile Nemeyimana, chef du quartier Kibenga, il n’y a pas de parcelles à leur donner. « Ils doivent retourner dans leurs provinces d’origine. La plupart d’entre eux étaient des domestiques (garçons et filles) dans des familles en commune Kinindo », explique-t-il. Une fois que ces filles qui travaillent dans les ménages tombent enceintes, poursuit M. Nemeyimana, elles viennent vivre dans ces petites huttes en roseaux. Il admet que ce problème est difficile à gérer. En outre, le chef du quartier affirme que la plupart de ces habitants de Kivyeti ont connu la prison pour vols ou vente du kanyanga : « C’est une façon de les forcer à quitter les lieux ou à abandonner la vente des boissons alcoolisées ou de la drogue », indique M. Nemeyimana. Il demande aux propriétaires des maisons en construction à Kivyeti de collaborer avec l’administration communale pour assainir ce sous-quartier.