Le Centre d’alerte et de prévention des conflits (CENAP) a tenu, ce mercredi 6 août 2025, un point de presse pour présenter officiellement un guide pratique destiné à prévenir les messages de haine et l’incitation à la violence de masse. Ce nouvel outil, conçu en grande partie par l’abbé Dieudonné Niyibizi, entend renforcer le rôle des médias dans un contexte national encore fragilisé par les tensions passées.
Dans son mot d’accueil, la directrice du CENAP, Libérate Nahimana, a insisté sur l’importance de l’engagement des journalistes dans cette lutte. L’objectif principal est de renforcer la capacité des médias afin que, collectivement, nous contribuions à enrayer la propagation des messages de haine dans notre pays.
Elle a souligné le rôle central des professionnels de l’information : « Les journalistes doivent être conscients de leur responsabilité dans cette lutte. »
L’abbé Dieudonné, auteur principal du guide, a, quant à lui, dressé un constat préoccupant : « Nous avons identifié 530 expressions utilisées comme insultes ou vecteurs de haine. La majorité de ces propos sont écrits, ce qui en dit long sur notre manière de communiquer », a-t-il souligné, tout en appelant à une transformation des habitudes langagières.
Il a plaidé pour une communication non violente : « Les Burundais doivent apprendre à bien s’exprimer pour éviter de blesser autrui », a-t-il insisté.
L’abbé a ensuite expliqué que la haine verbale ne se limite pas au contenu des mots, mais qu’elle dépend aussi du contexte dans lequel ils sont prononcés. Plusieurs variables entrent en jeu : le communicateur, l’audience, le message, le contexte social et historique. Selon lui : « Dire, c’est faire. La parole a un pouvoir. Les Burundais sont souvent blessés par les mots, car ils réveillent les cicatrices du passé encore ouvertes. »
Les réseaux sociaux dans le viseur

L’abbé Dieudonné Niyibizi a mis l’accent sur la toxicité croissante des réseaux sociaux, devenus un terrain privilégié de diffusion des messages de haine : « Les plateformes en ligne sont les principaux relais de ces propos blessants », a-t-il dénoncé.
« Je m’adresse à ceux qui se cachent derrière des comptes anonymes : respectez la dignité humaine. Ce que vous publiez peut faire du mal, inciter à la haine, voire provoquer la violence », a-t-il averti, tout en interpellant le Conseil national de la communication (CNC) afin d’encadrer rigoureusement ces plateformes, car elles sont devenues le canal préféré de certains Burundais dans la propagation de la haine et de l’incitation à la violence.
Il a également encouragé les médias à intégrer cette thématique dans leurs contenus : « Les programmes doivent inclure une sensibilisation sur les expressions de haine. Les journalistes doivent accompagner la population vers une compréhension commune de ce que ces messages provoquent. »
La communication politique dans le collimateur

Libérate Nahimana a aussi fustigé certains acteurs politiques qui usent de slogans ou de chansons à caractère blessant comme stratégie : « C’est précisément pour cela que ce guide a été élaboré », a-t-elle martelé.
« Cela doit concerner tout Burundais. Ce n’est pas à banaliser. Ce guide doit circuler largement, jusque dans les écoles secondaires et les universités », a-t-elle souhaité, tout en indiquant que les hommes politiques doivent comprendre qu’un langage violent n’est pas un levier de pouvoir. « Une mauvaise communication peut devenir le point de départ d’un cycle de violence », a-t-elle mis en garde.
L’abbé Dieudonné Niyibizi a appuyé cette idée en suggérant la création d’un guide spécifique pour la communication politique, destiné aux responsables politiques, pour les aider « à freiner l’usage de la violence verbale dans les discours ».
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