Les licences d’exploitation pour les débits de boissons de type « modèle C » ont été majorées par le ministère ayant le commerce dans ses attributions comparativement à l’exercice précédent. Cette mesure suscite des lamentations de la part des gérants des bars VIP et des consommateurs.
Une majoration allant de 1 million à 10 millions de BIF, de 2 millions à 20 millions de BIF, de 3 millions à 30 millions de BIF et de 4 millions à 50 millions de BIF est désormais en vigueur. Les tenanciers des bars VIP ont jusqu’au 15 août 2025 pour être en ordre.
« Nous n’avons pas apprécié la décision car, le ministère nous a donné une courte durée pour payer. Faire monter une licence d’exploitation de 2 millions à 20 millions de BIF, c’est un fardeau pour nous », indique un tenancier d’un bar VIP de Kajaga.
Avec la carence des produits Brarudi, poursuit-il, les bars risquent de tomber en faillite. « Payer un montant de 50 millions et puis passer une semaine sans aucune bouteille de Primus est une perte énorme. Raison pour laquelle, quand on parvient à avoir ces boissons, on est obligé de hausser les prix par unité afin de récupérer la perte. »
N. N., tenancier d’un bar de la même localité insiste beaucoup plus sur la diminution de la clientèle. « La hausse des prix des boissons Brarudi qu’on fait à cause de ces frais d’exploitation cause une diminution de la clientèle. Cela affecte notre commerce. Par exemple, j’ai un autre bar à Kinindo en plus de celui-ci. J’ai dû diminuer les travailleurs parce qu’on pouvait passer des jours sans boisson. Lorsqu’on arrivait à en avoir, on était obligé de monter le prix. »
Il estime que le gouvernement devait discuter avec la Brarudi et trouver la solution face à la pénurie de boissons. « Avant de passer à la majoration, le gouvernement ainsi que la Brarudi devraient d’abord trouver une solution face à la pénurie répétitive des boissons Brarudi afin que nous ne travaillions pas à perte. »
Les consommateurs en souffrent.
Face à cette situation, les consommateurs des boissons Brarudi expriment leurs mécontentements. Jean Claude Bizimana indique que la hausse des prix des boissons Brarudi est énorme dans les bars VIP.
Il fait observer que dans les bars simples, les boissons de la Brarudi ne sont pas en grande quantité. « On leur livre une petite quantité. Comme ils vendent à un prix normal, les boissons se terminent après quelques minutes. Les bars VIP ne manquent jamais de boissons. Mais, prendre une Primus à 10 000 BIF s’appelle du gaspillage et cela affecte l’économie familiale. »
Martin Ndereyimana abonde aussi dans le sens de Bizimana. Il estime que le gouvernement devrait prendre des décisions en faveur de la population. « C’est vrai, les bars VIP en bénéficient beaucoup, mais ils paient également des impôts et des taxes. Ceux qui en souffrent ce sont les consommateurs. Ceux qui ne sont plus capables se sont rabattus sur les différents alcools contenus dans des bouteilles en plastique « udusarabwayi ». Le gouvernement devrait agir en tenant compte des intérêts de sa population. Donc, il ne doit pas en souffrir, la population non plus. »
Rappelons que le « Modèle C » a été subdivisé en quatre catégories selon le niveau de majoration appliqué sur le prix normal des boissons. Pour un bar VIP qui voudra augmenter de 1001 à 2 000 BIF, les frais de licence sont fixés à 10 millions de BIF. De 2 001 à 3 000 BIF, le tenancier du bar va payer 20 millions de BIF. De 3 001 à 5 000 BIF, une somme de 30 millions de BIF sera payée et enfin de 5 001 BIF et plus, le tenancier doit payer 50 millions de BIF.
Réactions
Alexis Nimubona : « La majoration des licences d’exploitation ne va pas résoudre la carence des produits Brarudi »
Alexis Nimubona, chargé de la communication au sein de l’Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques, Olucome, indique que la majoration des licences d’exploitation ne va pas résoudre la carence des produits Brarudi qui se présente actuellement. Elle n’apportera rien dans la croissance économique du pays.
« Cette mesure va plutôt limiter l’approvisionnement en produits Brarudi des vendeurs selon les moyens pour payer ladite licence. Certains bars ne vont pas avoir la somme exigée. Ils vont choisir de devenir des bars non VIP. Avec la carence des boissons qui s’observe toujours, les bars non VIP vont finir par fermer, car personne n’aime travailler à perte. »
Les conséquences seront aussi énormes sur la vie socio-économique du pays, poursuit-il. Les taxes et impôts entrant dans le trésor public vont diminuer. « Actuellement, le budget de l’État présente un déficit très remarquable. Ce dernier va être couvert par des recettes intérieures. Ainsi, l’Office burundais des recettes est en train de tout faire pour trouver des ressources afin de couvrir le budget prévu. Mais, si certains bars ferment, les recettes vont chuter d’une manière ou d’une autre. »
M. Nimubona fait savoir que d’autres commerçants achètent ces licences pour profiter de l’augmentation du prix des produits Brarudi. « À titre d’exemple, pour une bouteille de Primus dont le prix normal est fixé à 2 500 BIF, certains bars la vendent à 10 000 BIF. Il en est de même pour l’Amstel Bright qui se vend à 15 000 BIF alors que son prix normal est de 3 500 BIF. Les conséquences tombent sur les consommateurs. »
Il trouve que le gouvernement devait trouver une solution efficace face à la cause de la pénurie des boissons Brarudi. « Il y a une carence significative de devises. Ce qui perturbe l’approvisionnement en matières premières. Il faut que le gouvernement appuie les secteurs qui apportent des devises dans le pays. Il faut également qu’il cherche d’autres moyens de financement, surtout les financements extérieurs, pour diminuer sa tendance vers les recettes intérieures. »
Faustin Ndikumana : « Les frais de la licence d’exploitation augmentent de manière déraisonnable »
Faustin Ndikumana, représentant de Parole et Actions pour le Réveil des consciences et l’Evolution des mentalités, Parcem, indique que les taxes et impôts fixés dans le nouveau budget sont nombreux et les frais de licence d’exploitation augmentent de manière déraisonnable. « La pénurie des produits Brarudi a entraîné une baisse des taxes et des impôts. »
L’argent que le gouvernement dépense dans différentes activités provient des recettes. Si ces dernières chutent, cela entraîne des pertes et le gouvernement fait recours à la BRB. « Des études récentes montrent que la masse monétaire augmente à un rythme extraordinaire. Ce qui entraîne une hausse des prix sur le marché. »
Selon lui, au lieu de majorer les frais de licence, le gouvernement devrait se concentrer sur la résolution des problèmes de la Brarudi ainsi que la diminution des dépenses. « Le gouvernement risque de ne pas collecter les recettes espérées. Ce qui pourrait aggraver encore la situation économique du pays. Il faut qu’il y ait une transparence dans la gestion des devises. Il faut aussi mettre en place une commission spéciale pour suivre les dépenses dans les ministères et signaler les cas de dépenses inutiles. »
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