Jeudi 13 février 2025

Économie

Bourse du Burundi : Entre ambitions et réalités économiques

03/02/2025 6
Bourse du Burundi : Entre ambitions et réalités économiques
Les représentants des institutions bancaires lors de la création de la société Bourse du Burundi

Lancée en grande pompe il y a une année, par la Banque de la République du Burundi (BRB) et 8 autres banques (Bancobu, BCB, BIJE, BGF, BHB, BDIF, BBCI et IBB), la Société Bourse du Burundi semble peiner à décoller. Pour nombre d’économistes, la création de la Bourse du Burundi a sauté certaines étapes essentielles du développement financier. Du côté de la Bourse du Burundi, on demande aux Burundais de croire à ce projet.

Lors de l’Assemblée constitutive de la Société Bourse du Burundi, le 26 janvier 2024, le gouverneur de la BRB, Edouard Normand Bigendako, avait annoncé que grâce au marché financier qui est ouvert à toute personne désirant acquérir ou céder un titre financier, le financement des projets de grande envergure et sur le long terme sera désormais plus facile et que c’est toute l’économie du pays qui en profitera.

Le 16 mars 2022, un projet de décret portant autorisation de participation de la BRB au capital social de la Bourse du Burundi avait été présenté par les services de la présidence de la République au Conseil des ministres.

Ce projet de décret stipulait que la Bourse du Burundi sera exploitée par une société mixte dénommée « Bourse du Burundi » et dont le rôle sera de gérer le marché boursier, d’aider et de contrôler l’achat et la vente des titres. « La Bourse du Burundi sera établie en tant qu’entité commerciale, enregistrée en vertu du Code des sociétés privées et à participation publique. »

Le capital social était estimé à 2 500 000 000 BIF, divisé en 25 000 000 actions d’une valeur nominale de 100 BIF chacune. « Selon la structure de l’actionnariat proposée, la Banque de la République du Burundi aura droit à 25 % des actions. »

La Banque commerciale du Burundi (Bancobu) avait pris 28 % des parts et le reste des banques se partageaient le reste.

Sa viabilité pose toujours problèmes

Dès sa création, nombre d’économistes avaient des doutes sur la viabilité de la Bourse du Burundi. L’économiste André Nikwigize avait fait savoir que le développement de la Société Boursière du Burundi fera face à 5 obstacles majeurs : un environnement des affaires peu favorable, un risque de surendettement intérieur de l’Etat, une dépréciation continue de la monnaie, une faible capacité de communication financière et d’un niveau élevé d’inflation.

Une année après, il estime qu’en créant la Bourse financière, le Burundi a donné l’impression d’un saut dans le vide, sans une préparation et des études préalables. « Sans réformes macro-économiques profondes, sans une stabilité de la monnaie nationale et une maîtrise de l’inflation, il est illusoire de penser que des investisseurs privés, préoccupés par la rentabilité de leurs capitaux, viennent s’aventurer au Burundi, qui n’a aucun avantage comparatif par rapport aux autres pays de la région, affichant des niveaux solides de stabilité macro-économique. »

Faustin Ndikumana estime qu’une année après sa mise en place, le marché financier a des résultats mitigés. Normalement, indique-t-il, tout marché est dynamique selon le contexte économique et politique, car la valeur des actions en dépend. Partout dans le monde, la valeur des actions dépend de la situation économique, de l’environnement macro-économique d’un pays et de l’évolution de la situation politique. « Au Burundi aussi, ce marché devrait dépendre de la gestion opérationnelle avec les conditions de démarrage où il fallait avoir des gens expérimentés qui acceptent de venir animer ce marché. Dire que ce projet est mort-né serait de trop dire, il faut nuancer pour ne pas décourager les initiateurs. »

Toutefois, il trouve que l’environnement des affaires dans sa globalité créé une situation mitigée au niveau de la mobilisation de l’épargne des entreprises à travers le marché boursier. M. Ndikumana donne l’exemple de l’entreprise Brarudi. « Elle avait une très bonne santé financière, mais ce contexte économique, ce contexte politique et cet environnement macro-économique pèsent lourdement sur l’entreprise. C’était une entreprise par excellence où on devait placer les actions. »

Comme chaque chose a un début, poursuit-il, il faut agir vite sur cet environnement macro-économique. « Normalement, les initiateurs de ce marché devraient faire une évaluation et communiquer au public l’état d’avancement de ce marché boursier, évaluer les entraves et la stratégie de mitigation. J’imagine que cela est d’une nécessité impérieuse pour prendre des stratégies, pour prendre des mesures allant dans le sens d’améliorer la situation. Et à travers même cette évaluation, on profiterait pour sensibiliser les gens et de faire connaître ce marché et pour que les choses puissent avancer », Pour Faustin Ndikumana, il faut interpeller le gouvernement qui doit jouer son rôle de régulateur et de jouer son rôle de créer de l’environnement économique favorable.

« C’était un projet qui devait normalement booster l’économie burundaise, mais pour que ce projet soit un projet rentable, il y a d’abord des préalables qui, malheureusement, n’ont pas été tenus en compte, du simple fait que le marché financier burundais actuellement souffre de beaucoup de maux. Il faut des préalables pour que ce projet ne soit pas comme les autres réformes qui ont été engagées », souligne Gabriel Rufyiri, président de l’Olucome. « Actuellement que ce soient les investisseurs burundais, étrangers ou l’Etat, il y a un problème de financements. On oublie quelque chose. Aujourd’hui, même pour que l’Etat lui-même soit financé, il doit contracter des dettes. »

Gabriel Rufyiri trouve que parfois, certains projets de l’Etat n’aboutissent pas. Il relève 4 causes principales qui sont à la base de tout cela. « La première cause est les intérêts des individus. La deuxième cause est l’immixtion des individus qui ne maîtrisent la matière, mais qui veulent donner des injonctions non scientifiques et non professionnelles. » Le troisième facteur, selon lui, est l’instabilité. « Souvent, quand on est instable au niveau administratif, politique ou économiques, il y a des projets qui sont mort-nés, car les préoccupations deviennent autres. Le quatrième facteur est le favoritisme dans l’administration. Le gouvernement qui ne met pas en valeur les experts ou des études préalables. On met dans des postes techniques des gens qui ne maîtrisent pratiquement rien. Mais aussi, il y a ce phénomène de corruption et de mauvaise. » Toutefois, il trouve qu’il est important d’innover de chercher à rentabiliser les nouveaux projets.


Rencontre avec Pierre Damien Mpawenimana

« Ensemble, tout est possible ! »

Pierre Damien Mpawenimana, cadre chargé des opérations à la Bourse du Burundi ne doute pas qu’elle sera fonctionnelle malgré la situation actuelle de l’économie nationale. Il rappelle aux Burundais qu’ils sont des acteurs et non des spectateurs.

Qu’est-ce qui a motivé la création de la Bourse du Burundi ?

Nous nous référons d’abord, historiquement, à l’adhésion du Burundi à la Communauté Est-Africaine depuis 2007. En 2009, il y a eu une recommandation au niveau de la région, conformément au Traité de l’EAC, dans ses articles 85, 86, 87, qui exigeait que chaque pays, chaque Etat de la communauté ait sa propre Bourse, plus spécialement son marché des capitaux.

Le but était d’intégrer le marché, afin d’avoir une sorte de marché régional des capitaux, dans l’objectif du marché commun et la facilitation de la circulation des capitaux.

L’autre motivation était de pouvoir stimuler le secteur financier à se diversifier, à se développer, et à pouvoir financer surtout les investissements à long terme. Il fallait alors créer une facilité, une infrastructure qui permettrait aux entreprises, aux agents économiques d’avoir accès aux ressources longues. La seule infrastructure qui permet ça, c’est le marché des capitaux, plus spécialement le marché boursier.

Une année après, quel est l’état des lieux de la Bourse du Burundi ?

Ce n’est pas seulement une année, c’est un processus. Il y a la conception, l’implémentation du projet, et l’exécution. Dans cette dernière, il y a l’opérationnalisation. Au niveau de l’implémentation, c’est ce que vous avez vu janvier 2024.

On a procédé, pas au lancement, mais à la création de la société. Cela veut dire la dotation de la société de sa structure juridique et son enregistrement au niveau de l’Agence de développement du Burundi (ADB). Après cela, la société est née, mais cela ne signifie pas que la société est prête pour opérer.

Expliquez

Il faut procéder à son opérationnalisation, notamment en termes de ressources humaines. D’abord, le management en commençant par la direction générale, en descendant aux ressources humaines, et puis mettre en place les installations requises. Tout cela doit se préparer pendant une certaine période.

Il y a aussi la période pour l’obtention de la licence, afin d’être agréé parce que c’est une société qui opère dans un marché réglementé.

A côté de la Bourse, il doit y avoir d’autres intermédiaires qui vont venir opérer à la Bourse, parce que ce n’est pas la Bourse qui fait les transactions, elle donne les facilités, une places, des stands pour les négociants, les traders, les courtiers, qui viennent faire des transactions, négocier au profit de leurs clientèles. Pour que la Bourse puisse commencer ses opérations, il faut que tout cet écosystème soit en place.

Concrètement, vous en êtes où ?

Depuis janvier 2024 jusqu’à aujourd’hui, nous sommes dans le processus de la création des sociétés. La création d’une société suppose des entrepreneurs.

Ces derniers doivent se décider de créer des sociétés qui vont chercher leurs licences, c’est-à-dire leurs agréements, auprès de l’autorité de régulation des marchés des capitaux, pour pouvoir venir à leur tour, demander l’adhésion afin d’opérer à la Bourse.

La bourse sans intermédiaires ne peut pas être fonctionnelle. Une fois que tout est en ordre, on va procéder maintenant au lancement officiel des opérations de la Bourse.

Est-ce que ces entrepreneurs adhèrent à votre projet ou ils sont réticents ?

Non, il y a beaucoup de sociétés qui sont intéressées et qui sont dans le processus.

Quid des défis auxquels vous faites face ?

Le premier défi concerne les ressources humaines. Il faut avoir une bonne stratégie pour avoir des ressources humaines bien qualifiées qui doivent tracer les procédures nécessaires et pouvoir fonctionner parce que c’est une société en naissance, qui n’a pas de procédure déjà en place, qui doit créer tout.

A côté de ça, il y a le problème de l’incertitude parce que c’est un domaine nouveau au Burundi qui n’est pas familier. Toutes les choses qu’on doit faire, ça apparaît comme une innovation.

Cette dernière doit prendre du temps pour s’adapter. Même si ailleurs ça se fait, on doit s’y familiariser.

Est-ce qu’au Burundi, il y a des traders qualifiés comme on les voit dans d’autres pays ?
Cela fait partie des défis que nous avons rencontré. C’est un domaine nouveau. Dire qu’il y a déjà des traders, je ne sais pas. Toutefois, il y a un secteur bancaire qui a une certaine maturité et les banques font des transactions. Il y a des gestionnaires de trésorerie dans ces banques. C’est semblable.

Pour certains économistes, la création de la Bourse du Burundi a été précipitée. Pour eux, il fallait d’abord engager des réformes macro-économiques profondes. Est-ce votre avis ?

Laissez-moi vous dire une chose. Moi, je ne suis pas macroéconomiste. Je suis microéconomiste. Je suis parmi ceux qui ne dorment pas la nuit en cherchant la solution à un problème. Je ne suis pas parmi ceux qui s’assoient devant leurs ordinateurs pour analyser les tendances. Un microéconomiste est confronté à une situation réelle, il doit résoudre trouver une solution.

Pour vous, c’était le moment de créer la Bourse ?

On est déjà en retard de plusieurs années. Dire la stabilité macro-économique suppose une stabilité en termes de Produit national brut et le Taux de croissance du produit. D’où viennent-ils ? Du calcul des valeurs ajoutées, générées dans le pays. Qui génère ces valeurs ajoutées ? Ce sont les entreprises. Où trouvent-elles les capitaux nécessaires pour mettre en œuvre leurs projets ? Il faut lever des capitaux. Quelles sont les infrastructures adaptées pour fournir surtout les fonds à long terme ? C’est quelles infrastructures ? C’est bel et bien le marché des capitaux. C’est lui qui est outillé pour fournir les ressources nécessaires aux entrepreneurs pour mettre en œuvre leurs projets d’investissement de grande envergure.

De plus, quels moyens voulez-vous que l’économie puisse être financée ? Les banques. Quels fonds vont-elles utiliser pour financer les projets ? Ce ne sont pas les dépôts parce que c’est l’argent d’autrui. Grâce au marché, ces banques pourront elles-mêmes lever les fonds qu’elles vont utiliser pour financer les entreprises. Le marché des capitaux vient fermer un cercle de financement qui est ouvert.

Et l’environnement des affaires peu favorable, la hausse du taux d’inflation, la dépréciation continue de la monnaie, … ?

L’inflation est due à l’offre qui ne satisfait pas la demande. Qui dit offre dit production ? Ce qui motive la production, c’est la disponibilité des financements.

Et ces financements viennent de la facilité de pouvoir lever les fonds et la facilité de pouvoir trouver des opportunités dans lesquelles il faut investir. C’est le rôle du marché des capitaux.
Mais le problème est où ? Le marché des capitaux suppose des investissements à long terme. Dans ce cas, c’est s’exposer à l’érosion causée par l’inflation. Ça devient un cercle vicieux.

Dans ce cas, il faut qu’au niveau des décideurs, il y ait un accompagnement par la mise en œuvre et l’implémentation des projets, des infrastructures, des projets qui motivent la production qui viendrait réduire les coûts.

Et l’environnement peu favorable pour les affaires ?

Un environnement stable, à quel niveau ? Il y a toujours des risques. Même dans les pays qui sont dits stables, il y a toujours des fluctuations au niveau de la valeur des actifs. Les risques sont différents en fonction de chaque pays et du temps.

Dire peu favorable, ça dépend. Au niveau sécuritaire, il n’y a pas de problème. Mais au niveau économique, il y a ce sentiment de récession. J’en conviens bien. Comment remédier à cela ? C’est en augmentant la production. L’opportunité d’avoir un marché en place, c’est que tout le monde puisse contribuer à la production. Et la production va stabiliser certains facteurs macro-économiques.

Quelles sont les stratégies envisagez-vous pour booster le décollage de la Bourse du Burundi ?

La principale stratégie est la sensibilisation. Le problème majeur est la comparaison. Vous allez entendre des gens qui vont comparer les Bourses de New York et de Paris, même si les deux économies sont proches, leurs marchés ne sont pas les mêmes à cause de plusieurs facteurs.

Comparer la Bourse de New York et la Bourse de Nairobi ou la Bourse de Nairobi avec la bourse du Burundi, c’est une erreur parce que les deux économies ne sont pas les mêmes. Aussi, la sensibilisation de la population n’est pas encore au même niveau. Sur la constitution des investissements, l’épargne et même la capacité en termes de pouvoir d’achat, nous sommes encore très loin. La Bourse de New York a 200 ans.

La Bourse de Paris approche actuellement 100 ans. La Bourse de Nairobi a maintenant 65 ans. La Bourse de Dar-es- Salaam a maintenant autour de 35 ans. La Bourse du Burundi est naissante.

Quel est le message que vous adressez aux pessimistes ?

Il est simple. Ensemble, tout est possible. Ensemble, nous pouvons. La Bourse est créée pour eux. Ce ne sont pas des spectateurs, ce sont des acteurs.


Analyse de Jean Ndenzako

« La création de la Bourse semble avoir court-circuité certaines étapes essentielles du développement financier. »

Pour l’économiste Jean Ndenzako, la création de la Bourse du Burundi représente une avancée significative vers la modernisation financière du pays. Pour lui, les ambitions sont grandes et l’initiative témoigne de la volonté des autorités de s’inscrire dans une dynamique de développement économique. Cependant, Jean Ndenzako indique que les réalités économiques, telles que la confiance des investisseurs, le cadre réglementaire, la liquidité du marché et l’éducation financière, montrent que le chemin est encore long et semé d’embûches.


Quels sont les prérequis d’un marché boursier efficient

La théorie économique, notamment les travaux fondamentaux de Fama (1970) sur l’efficience des marchés financiers, établit trois conditions essentielles au fonctionnement efficace d’une bourse : la transparence informationnelle, la rationalité des investisseurs et l’absence de coûts de transaction prohibitive.

Ces conditions s’inscrivent dans un cadre plus large défini par North (1990), qui souligne l’importance cruciale des institutions dans le développement des marchés financiers. La théorie de la séquence du développement financier, développée par McKinnon (1973) et Shaw (1973), suggère une approche progressive structurée en quatre phases : développement du système bancaire traditionnel, création d’un marché monétaire, développement du marché obligataire et l’introduction du marché actions.

Quid du contexte macroéconomique burundais ?

Les données macroéconomiques récentes du Burundi révèlent plusieurs défis structurels significatifs. L’inflation a connu une progression préoccupante, passant de 7,3% en 2020 à plus de 20% en 2023, créant un environnement peu propice aux investissements de long terme. Bien que la croissance du PIB montre des signes de reprise, passant de -1% en 2020 à 2,5% en 2023, ce niveau reste insuffisant pour stimuler significativement l’activité économique et attirer les investisseurs.

Plus inquiétant encore, le crédit au secteur privé, indicateur clé de la profondeur du marché financier, affiche une tendance baissière, passant de 20,1% du PIB en 2020 à 18,5% en 2023. Cette évolution suggère des obstacles structurels persistants dans l’accès au financement. Les investissements directs étrangers (IDE) demeurent marginaux, ne dépassant pas 0,2% du PIB en 2023, témoignant d’une faible attractivité pour les investisseurs internationaux.

Quels sont le diagnostic et enjeux de la création de la Bourse ?

L’analyse croisée des fondements théoriques et des données empiriques suggère plusieurs points de tension. Premièrement, c’est le séquençage inapproprié. La création de la Bourse semble avoir court-circuité certaines étapes essentielles du développement financier. Le faible niveau de crédit au secteur privé et la volatilité macroéconomique suggèrent que les phases préliminaires du développement financier n’ont pas été suffisamment consolidées.

Deuxièmement, des défis institutionnels. Le cadre institutionnel actuel présente des lacunes significatives en termes de : protection des droits des investisseurs, gouvernance d’entreprise, capacités de régulation et de supervision et la stabilité macroéconomique.

Un autre point de tension est l’infrastructure de marché. Les conditions préalables identifiées par la théorie de la liquidité des marchés (Amihud et Mendelson, 1986) ne sont pas pleinement réunies, notamment en termes de : masse critique d’entreprises cotables, base diversifiée d’investisseurs et les volumes de transaction potentiels.

Au-delà de ces mécanismes de base, quel est l’état des lieux actuel de la Bourse du Burundi selon vous ?

Premièrement, il convient de noter que le lancement de la Bourse du Burundi répondait à une volonté claire des autorités burundaises de dynamiser le secteur financier. En mettant en place une infrastructure boursière, le gouvernement espérait attirer des investissements étrangers, diversifier l’économie et promouvoir les entreprises locales.

Mais ….

Toutefois, l’implémentation de cette bourse ne s’est pas faite sans défis. L’un des principaux obstacles rencontrés est l’évaluation de la confiance des investisseurs.

La confiance est essentielle pour le bon fonctionnement d’un marché boursier, car elle détermine le niveau de participation et l’activité des échanges. Dans un pays où l’économie est encore majoritairement informelle, convaincre les investisseurs locaux de placer leurs capitaux en Bourse représente un défi majeur.

De plus, les investisseurs étrangers évaluent le risque politique et économique avant d’engager des fonds, et le Burundi doit encore travailler sur son image et ses garanties de stabilité.

Vous avez parlé du cadre réglementaire

Il est crucial de considérer le cadre réglementaire. La régulation des marchés financiers est fondamentale pour assurer la transparence, l’équité et la protection des investisseurs.

La Commission de Surveillance des Marchés Financiers (CSMF) du Burundi a mis en place plusieurs réglementations pour encadrer les opérations boursières, mais il existe toujours des lacunes en matière de mise en œuvre et de renforcement de ces règles. L’évolution des réglementations et la capacité des institutions à les appliquer efficacement joueront un rôle clé dans la maturation de la Bourse.

La liquidité du marché est un autre facteur déterminant. Un marché boursier actif et liquide encourage la participation des investisseurs et permet aux entreprises d’accéder plus facilement aux capitaux nécessaires à leur croissance.

Au cours de cette première année, la Bourse a connu une activité relativement modeste. L’élargissement de la base d’entreprises cotées et l’augmentation du nombre d’investisseurs actifs seront donc essentiels pour stimuler la liquidité du marché.

D’autres facteurs à considérer ?

Un autre aspect à prendre en compte est l’éducation financière. Pour que la Bourse du Burundi atteigne son plein potentiel, il est impératif que les Burundais comprennent le fonctionnement des marchés financiers et les avantages qu’ils peuvent en tirer. Le gouvernement et la CSMF ont lancé plusieurs initiatives pour sensibiliser et former le public, notamment des séminaires et des campagnes de communication.

Malgré ces efforts, il reste encore beaucoup à faire pour démocratiser l’accès à l’information financière et encourager une participation plus large.

Il est également important de reconnaître que le développement d’un marché boursier est un processus de long terme. Les succès des grandes places boursières mondiales, telles que le New York Stock Exchange ou la Bourse de Londres, ne se sont pas construits en un jour. La Bourse du Burundi doit donc faire preuve de résilience et de persévérance pour surmonter les obstacles initiaux et créer un environnement propice à la croissance et à l’innovation.

Que recommandez-vous ?

Pour renforcer le secteur bancaire traditionnel, il faut préalablement améliorer l’accès au crédit, renforcer la stabilité bancaire et développer des compétences en analyse financière.

Concernant la stabilisation macroéconomique, il faut une maîtrise de l’inflation, une politique monétaire cohérente et la gestion de la dette publique.

En ce qui concerne le développement institutionnel, il s’impose un renforcement du cadre juridique, une amélioration de la gouvernance d’entreprise et la formation des professionnels du marché.

L’éducation financière est aussi primordiale par la sensibilisation des entreprises aux avantages de la cotation, la formation des investisseurs potentiels et le développement d’une culture boursière.

Forum des lecteurs d'Iwacu

6 réactions
  1. Stan Siyomana

    Cet article de L’Express revient sur l’importance de diversification d’un portefeuille d’actions.
    https://www.lexpress.fr/argent/placements/placements-nos-conseils-pour-bien-diversifier-son-portefeuille-dactions-ZBFZ55GVUJCMHEUMZOVVCZ7VZU/

  2. Stan Siyomana

    Rainbow Rare Earths Limited (RBW.LN) qui exploitait les minerais des terres rares au Burundi (avant l’interdiction du gouvernemet burundais) a commence a vendre ses actions au London Stock Exchange le 30 janvier 2017 a 10 centimes de la livre sterling(10 GBX).
    La valeur a monte jusqu’a 24,62 GBX le 9 avril 2018.
    La valeur a chute jusqu’a 1,35 GBX le 30 mars 2020 (du a la pendemie du COVID-19?).
    RBW.LN se vend aujourd’hui (4 fevrier 2025) aux alentours de 12,25 GBX.
    https://www.barchart.com/stocks/quotes/RBW.LN/interactive-chart

  3. Stan Siyomana

    Le president ethiopien a inaugure le debut d’Ethiopian Securities Exchange le 10 janvier 2025.
    Pour le moment il n’y aurait que la seule Wegagen Bank qui est prete pour vendre ses actions sur cette bourse.
    « At the moment Wegagen bank is the only company that is officially announced to be listed on Ethiopia Stock Market. The bank is expected to list existing shares on the Ethiopian securities exchange, you can read more about Wegagen Bank’s IPO and Prospectus Requirements… »
    https://www.capitalmarketethiopia.com/ethiopia-stock-exchange-listed-companies/

  4. ndimanya patrice

    Une bourse qu’elle soit financière ou des matières premières requière une masse critique de traders et des donneurs crédibles/solvables financierement et porfessiollement/compétences, des banques solides sans oublier des infrastractures comme le numérique, pour faciliter la communication/transparence sans oublier d’autres infarstructures essentielles pour toute activité é
    conomique.

    La prévention de la spéculation et autres formes d’expropriation privée du marché exige que la bourse se dote d’un cadre d’arbitrage impartial avec des sanctions dissuasives, le principe vaut aussi pour l’appareil administratif et judiciaire dans son ensemble.

  5. Hiticumi

    Incroyable …et l’indice Lapin de la Bourse du Burundi se monte à combien à la clôture des marchés ?? … 🤣

    • Stan Siyomana

      @Hiticumi
      « Les études démontrent que 15 actions seulement suffisent pour construire un portefeuille offrant un ratio rendement/risque optimal. Néanmoins, pour qu’une diversification soit efficace il faut s’assurer que le prix des actifs ne réagissent pas de la même manière aux événements affectant le marché. Nous pouvons nous rappeler la chute des trois géants Ford, Chrysler et General Motors qui avait fait couler le monde automobile Nord Américain en 2009. Un investisseur qui aurait diversifié son portefeuille seulement avec des actions de ces trois entreprises aurait vu son argent partir en fumée.
      Ainsi, il est important de diversifier correctement son portefeuille… »
      https://hardbacon.ca/fr/investissement/comment-diversifier-un-portefeuille-dactifs/

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