Jeudi 18 avril 2024

Culture

Une offre d’information en peau de chagrin

La RPA détruiteJusqu’en mai 2015, le Burundi était caractérisé par un grand pluralisme médiatique. A côté de la presse officielle, plusieurs radios privées et quelques journaux étaient actifs. « Pour s’informer, les Burundais avaient plusieurs choix », regrettent aujourd’hui de nombreux citoyens interrogés.

Le 14 mai, dans la foulée de la tentative de coup d’État, cinq stations de radio libres indépendantes, Bonesha, Isanganiro, Radio Publique Africaine (RPA), Rema FM et Radio-Télévision Renaissance ont été détruites lors d’attaques menées, selon les autorités, « par des personnes armées non identifiées. » Depuis, elles sont muettes.

D’après une enquête menée par le journal Iwacu, le rétrécissement de l’offre de l’information est flagrant. Les cinq radios diffusaient des journaux parlés trois fois par jour et dans les trois langues : le matin, à la mi-journée et la soirée ; soit une chute de 73 ,3% de l’offre générale d’information.


>>RSF : «La situation des médias s’aggrave depuis la tentative de putsch»


Plus aucun journal parlé en Swahili

Une grande partie de la population burundaise est, depuis près de deux ans, privée d’accès à une information indépendante, équilibrée et diversifiée. Notre enquête montre ainsi qu’il n’y a pas de journaux parlés en swahili, alors qu’il y avait huit éditions par jour dans cette langue (22,8%).

Les consommateurs de l’offre d’information ne cachent pas leur peine. N.S., avocat estime qu’il est mal informé. « Je suis exposé aux rumeurs ». Abel, lui, estime qu’il n’a pas « où exprimer ses opinions ». Guillaume, rencontré devant une banque, dit qu’il a cessé d’écouter les journaux.

« Je suis les informations via les réseaux sociaux. Mais les confrontations des opinions dans les radios me manquent », raconte N.N.

E.M de Gisagara, province Cankuzo, ne fait plus confiance aux radios locales : « J’écoute la BBC pour compléter les informations », dit-elle.

Les médias détruits essaient de continuer leur travail en utilisant l’internet notamment. Les Burundais interrogés saluent l’initiative, mais rappellent que le taux d’accès à internet reste très faible. Moins de 6% de la population a accès au réseau.

Le 19 février 2016, la radio Isanganiro et la radio-télévision Rema FM ont signé un « acte d’engagement » avec le Conseil National de Communication, préalable à une reprise de leurs activités. Ce texte, très contraignant, a été très critiqué par les associations de défense de la liberté d’expression. Selon l’Union Burundaise des Journalistes, plus de 100 journalistes vivent en exil depuis mai 2015.

>> Lire aussi : La journée du 3 mai 2015 célébrée dans la tristesse

Forum des lecteurs d'Iwacu

4 réactions
  1. jpszdpygjjfvzzrdzryiomhelsmqts

  2. xvhzkrgioawxhfcnxvksbyurmybdrk

  3. sqxpbvzpfrxczepjczdbsqrejtrird

  4. vudhmnqupwqrzbzadmqnlqjkwgdrbf

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Déceptions

Par Léandre Sikuyavuga Menaces, calculs ou pur suivisme ? L’Assemblée nationale vient d’adopter presque à l’unanimité le projet du Code électoral. Seuls deux députés ont émis leurs objections. Ce Code qui va régir les prochaines élections avait pourtant suscité moult réactions (…)

Online Users

Total 2 458 users online