Depuis le 24 septembre, le Burundi est devenu le 17ème pays africain à bénéficier de l’Internet par satellite de Starlink, une technologie révolutionnaire pour les zones mal desservies. Ce service promet de combler le fossé numérique en offrant un accès haut débit dans tout le pays.
Les services Internet par satellite de Starlink sont proposés par la société américaine SpaceX, fondée par le milliardaire Elon Musk, qui a lui-même confirmé cette nouvelle sur son compte X (anciennement Twitter).
De son côté, Albert Shingiro, ministre des Affaires étrangères, a exprimé sa gratitude sur ce même réseau social : « Merci Elon Musk. C’est une belle avancée ! L’accès à Internet est un droit fondamental pour tous, et non un privilège ! »
Interrogé sur l’adoption de la technologie Starlink par le Burundi et sur son impact potentiel sur le positionnement géopolitique du pays vis-à-vis de la Russie et des États-Unis, le chef de la diplomatie burundais est formel sur ce point : « La concurrence dans la consommation de n’importe quel produit ou service profite aux consommateurs ».
Selon lui, « le Burundi a plusieurs partenaires qui se complètent selon les domaines d’intervention. Nous évitons d’entrer dans les blocs antagonistes. Le non-alignement est la bonne attitude lorsqu’il est question de sujets qui n’affectent pas les intérêts du Burundi et ses principes et valeurs intrinsèques ». Le ministre burundais des Affaires étrangères résume la position du Burundi dans une formule : « Souhait du Burundi, ami de tous et ennemi de personne ».
Avec un taux de pénétration d’Internet de 11,3 % au début de l’année 2024, selon les données de Datareportal, le Burundi se trouve en retard dans le domaine du numérique par rapport à d’autres pays de la région. Sur une population totale de plus de 11 millions d’habitants, seulement 1,51 million de Burundais utilisent Internet.
En outre, les infrastructures traditionnelles, comme la fibre optique ou l’ADSL, sont peu développées, surtout dans les zones rurales. C’est dans ce contexte que Starlink arrive comme une véritable révolution pour ces régions reculées.
Grâce à ses satellites en orbite basse, ce service permet de couvrir des zones dites « blanches », c’est-à-dire des endroits où l’accès à Internet via des réseaux terrestres est quasi impossible.
Un impact potentiel sur le développement numérique du Burundi
L’arrivée de Starlink au Burundi pourrait avoir des retombées positives sur le développement numérique du pays. En plus d’offrir un accès Internet dans des zones jusqu’ici non couvertes, ce service pourrait contribuer à l’inclusion numérique d’une plus grande partie de la population.
Actuellement, seuls 7 % des Burundais, soit environ 940 400 personnes, utilisent les médias sociaux, un chiffre relativement bas. De même, bien que 7,78 millions de connexions mobiles cellulaires soient actives, elles ne couvrent que 58 % de la population totale, toujours selon les données de Datareportal.
Selon l’Agence de Régulation et de contrôle des télécommunications (ARCT) : « Ce service de Starlink vise à contribuer à la fourniture d’un accès Internet haut débit et fiable dans notre pays et sera accessible à tous les particuliers et entreprises souhaitant bénéficier du service ».
L’accès à Internet via Starlink pourrait encourager davantage de Burundais à s’engager dans le monde numérique, notamment dans le secteur de l’éducation, où les opportunités de formation en ligne sont encore limitées, ainsi que dans le domaine de l’entrepreneuriat.
Pour l’ARCT, « l’ajout dans l’écosystème burundais des technologies d’accès à Internet par satellite en orbite terrestre basse pour fournir une connexion Internet haut débit améliorera la connectivité à large bande. Connecter les non-connectés dans l’ensemble du pays et combler le fossé numérique restent une priorité du Burundi dans la vision 2040-2060 ».
Des coûts élevés
Comme ailleurs, l’accès à Starlink au Burundi implique certains coûts. Selon le site officiel de Starlink, pour un abonnement résidentiel, le prix mensuel s’élève à 44 $, tandis que le matériel nécessaire coûte 372 $.
Ces tarifs sont comparables à ceux pratiqués dans d’autres pays, tels que le Rwanda, où l’abonnement mensuel est de 48 000 francs rwandais et le kit d’installation coûte 572 000 francs rwandais.
En attendant la désignation d’un partenaire local, prévue dans les quinze prochains jours, les Burundais peuvent déjà s’abonner directement via le portail web de Starlink en utilisant des cartes de paiement internationales comme Visa, MasterCard ou American Express.
« L’ARCT reste engagée à surveiller de près l’opération de Starlink pour garantir le respect des réglementations en vigueur, assurer une qualité de service optimale et la protection des consommateurs », lit-on dans son communiqué sorti le 24 septembre.
Selon le directeur général de l’ARCT, Dr. Samuel Muhizi, « L’arrivée de Starlink offre une opportunité d’améliorer la qualité de l’accès à Internet, notamment dans les zones rurales où la connexion est actuellement limitée. Cela permettra d’améliorer les conditions de vie des populations dans ces régions ».
Un accueil favorable parmi les jeunes
L’arrivée du service Internet par satellite Starlink au Burundi suscite un engouement certain parmi les utilisateurs. Chris et Lionel, deux jeunes Burundais, se réjouissent de cette nouvelle perspective.
Chris, passionné par les nouvelles technologies, voit en l’avènement de Starlink une avancée significative pour le pays. Selon lui, « Cela va pousser les autres opérateurs, comme Lumitel Burundi, Econet Wireless et Cbinet, à être plus compétitifs et à fournir une meilleure connexion Internet de qualité ».
Lionel Munyaneza, est étudiant en Informatique, il partage cet enthousiasme. « Je suis informaticien, donc avoir un service Internet Starlink avec une meilleure connexion est une aubaine pour nous. Vraiment, nous souffrons avec la mauvaise qualité de l’Internet des autres opérateurs, notamment Lumitel ».
Interrogé sur les tarifs, Lionel estime que c’est le prix à payer. « Mieux vaut avoir une meilleure connexion, même si elle coûte plus cher, qu’une mauvaise connexion à un prix dérisoire ».
C’est quand même un peu cher pour les petits budgets qui constituent la majorité de la population. Car il faut compter 75 dollars par mois la première année et 44 par mois à partir de la deuxième année. Nos salaires ne le permettent tout simplement pas.
J’espère que les collectivités, telles les écoles, les hôpitaux, les communes… vont prendre à leur charge l’abonnement professionnel pour en faire bénéficier le maximum de la populations locale.
Autrement, ce serait une affaire de riches qui n’a que peu d’incidence sur la fameuse vision futuriste.
Dire que 7% des burundais utilisent les réseaux sociaux, les données ne sont pas à jour
La proposition d’Elon Musk est en effet intéressante pour le développement du numérique au Burundi. J’espère seulement que le Burundi ne se fera pas « manger » par ce milliardaire pour lequel seul le profit compte. Et que les Burundais sauront maîtriser cet outil sans perdre le sens de la communication « directe » : en Europe, on voit trop souvent des gens au café, à la même table mais plongés sur leur smartphone …