Mardi 28 octobre 2025

Société

Université du Burundi : Des campus qui tombent en ruine

Université du Burundi : Des campus qui tombent en ruine
L’Institut d’Éducation physique et des Sports a perdu tout son éclat.

Plusieurs infrastructures publiques se trouvent en piteux état. L’Université du Burundi n’est pas épargnée. Sur les campus Kiriri et Mutanga, certains bâtiments menacent de s’écrouler. Les étudiants expriment leurs inquiétudes. Le recteur de l’Université tranquillise au moment où le président de l’Olucome demande de veiller à la qualité des infrastructures réceptionnées.

« Lorsqu’il pleut, un torrent d’eau ruisselle sur les murs. Cela dure depuis un certain temps, mais aucune réhabilitation n’a été effectuée. Des salles de classe sont également touchées, notamment à la faculté des Sciences de l’ingénieur », se lamente une étudiante du campus Kiriri. Elle loge dans l’immeuble appelé GH, lui aussi abîmé. Cette jeune fille raconte que les étudiants réclament à maintes reprises des rénovations mais en vain. « Les autorités prétendent que ces bâtiments sont encore solides ». 

À l’entrée du campus Kiriri, l’Institut d’Éducation physique et des Sports apparaît au premier regard. Le bâtiment, autrefois coloré, présente aujourd’hui des murs ternis, sans éclat, marqués par le temps. Les vitres sont brisées d’un côté, les cadres des fenêtres dénudés de l’autre. L’endroit est sale, avec des toiles d’araignées un peu partout. L’atmosphère, assez calme, donne l’impression qu’aucune activité ne s’y déroule. Pourtant, des lauréats de ce département y entrent encore. Lorsqu’on passe à proximité, on peut les entendre ajuster leurs chaises.

Les homes des étudiants sont également en mauvais état. Le GH est un dortoir délabré. Les vitres cassées laissent pénétrer l’air et la poussière. Les étudiants tentent de les réparer en fixant des sacs en plastique sur les ouvertures. Cela n’empêche pas les eaux de pluie de s’infiltrer. Quelques étudiants rencontrés témoignent. « Au premier niveau, par exemple, il y a des flaques d’eau quand il pleut. Et nos affaires sont parfois abîmées lors d’une pluie accompagnée de vents forts. »

Un manque d’entretien

Ils évoquent aussi le manque d’un bon système de canalisation des eaux pluviales. Les murs sont teintés d’humidité et couverts de moisissures, dégageant une odeur de renfermé. Les pavillons A et B manquent eux aussi d’entretien et présentent un aspect vieilli. Derrière l’Institut de sport se trouve le bâtiment de la faculté des Sciences de l’ingénieur, à quelques mètres seulement. Selon les étudiants, le plafond a été détruit par de fortes rafales de vent. Ils confient également qu’ils craignent de se rendre dans certains départements de ce bâtiment.

La piscine est elle aussi très sale. « Actuellement, elle est fermée au public. Seuls les étudiants de la faculté d’Education physique y ont accès pendant les cours de natation. D’ailleurs, cela fait un moment qu’elle n’est plus nettoyée quotidiennement comme avant. »

Interrogé, un autre étudiant pointe du doigt les bâtiments flambant neuf de la congrégation des Jésuites, situés juste à côté. Ils ont la même architecture que le campus, mais ils sont bien entretenus. « Je crois qu’on nous a oubliés. Regarde ces bâtiments des Jésuites. Ils sont comme neufs. Il faut réparer le campus aussi, avant qu’il ne s’effondre. Ce serait lamentable de perdre une telle infrastructure. »

Le campus Mutanga compte également des bâtiments présentant des fissures sur les murs, une peinture décolorée et des signes évidents de dégradation. Les étudiants déplorent l’état des pavillons 11 et 12 ainsi que celui d’un autre lieu appelé Tropicana. « Les toilettes bouchées devraient être réparées d’urgence, tout comme les robinets des douches. Les cuvettes encore fonctionnelles présentent aussi des cassures. Par exemple, un pavillon abritant environ cent personnes peut ne disposer que de trois douches et toilettes en bon état », déplore un étudiant du campus, sous couvert d’anonymat.

Bientôt la rénovation

Prudence Bararunyeretse, recteur de l’Université du Burundi (UB), assure que la rénovation des campus commencera bientôt. « L’État a en effet prévu un budget destiné à cette réhabilitation pour l’exercice 2025-2026. Ces campus ont été construits il y a des années. Certains bâtiments nécessitent des réparations, d’autres n’ont besoin que d’une couche de peinture », déclare-t-il. Et d’ajouter que le processus de passation du marché touche bientôt à sa fin.

Dr. Prudence Bararunyeretse : « Les réparations commencent bientôt »

Il indique également que pour certains immeubles du campus Kiriri, une étude préalable sera réalisée afin de déterminer le devis et les moyens à utiliser. « Certaines réparations exigent un coût élevé. Dès que l’équipe adjudicataire aura été désignée, elle entamera directement la repeinture. Nous n’avons pas encore rencontré de difficultés jusqu’à présent. Le déroulement des activités se passe comme prévu ».

Selon le recteur de l’UB, cette réhabilitation suit le processus de décaissement des fonds de l’État. Ils en sont actuellement à la deuxième phase. Il souligne aussi qu’il reste encore beaucoup à accomplir. « Les réparations dépendront des fonds disponibles. Nous y allons progressivement. Nous espérons qu’ils continueront de prévoir des budgets destinés aux campus pour les prochains exercices financiers, car nous souhaitons également construire de nouveaux bâtiments ».

D’après lui, certaines salles de classe et certains laboratoires doivent être agrandis. « En plus de ces subventions, nous recherchons d’autres partenaires susceptibles de nous soutenir dans ces projets ».

Veiller à la qualité du service rendu

Gabriel Rufyiri, président de l’Observatoire de lutte contre la Corruption et les Malversations économiques (Olucome), appelle, quant à lui, au respect de l’article 69 de la Constitution, qui exige la protection et l’entretien des biens publics. Il revient également sur les cas de corruption lors des processus de passation de marchés. « Une organisation peut rénover une infrastructure publique, et celle-ci se dégrader une année seulement après. Il faut veiller à la qualité du service rendu en rapport avec les investissements ».

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