Jeudi 03 juillet 2025

Économie

Traquer les commerçants qui haussent les prix résoudra-t-il la pénurie des produits Brarudi?

03/07/2025 0
Traquer les commerçants qui haussent les prix résoudra-t-il la pénurie des produits Brarudi?
La pénurie des produits Brarudi provoque des spéculations

Les produits Brarudi se raréfient. Les commerçants augmentent les prix comme bon leur semble. La police décide d’en découdre avec eux. Les défenseurs des droits des consommateurs trouvent qu’il faut des mesures concrètes.

Le Burundi connaît une pénurie récurrente des produits Brarudi depuis quelques années. Il s’agit d’un problème exacerbé par le manque de carburants et de devises qui complique la distribution.

Cette situation affecte la vie quotidienne des Burundais et a des répercussions sur divers secteurs. Pour y faire face, certains commerçants choisissent d’augmenter les prix arguant qu’ils achètent ces produits à un coût très élevé. Mais, d’autres en profitent pour fixer des prix exorbitants alors qu’ils sont approvisionnés par la Brarudi.

Aujourd’hui, avoir une bouteille de l’ancienne Amstel beer au prix officiel est devenu un rêve. Pour les consommateurs, le problème de prix ne se pose plus. « Le plus important, c’est d’en trouver ». Cette bière s’achète aujourd’hui entre 12 000 et 14 000 BIF la bouteille. Certains gérants des bars font savoir que cette boisson est exportée par la Brarudi vers la RDC et la Tanzanie. Elle revient au Burundi comme une boisson importée, “Injabuka”.

Cette situation a récemment poussé les autorités à prendre des mesures drastiques pour la redresser. L’Inspection générale de la police a instruit aux commissaires de police de mener des campagnes pour combattre la spéculation.

Saisie des produits et fermeture

Pour la catégorie des commerçants qui pratiquent la hausse des prix des produits Brarudi, la police a décidé la transaction des amendes y relatives par la police, la fermeture immédiate du cabaret par l’administration locale et la vente des boissons Brarudi au prix normal en présence de l’administration locale et de la police.

Pour la catégorie des commerçants qui cachent les produits Brarudi, il est prévu de : saisir les produits et établir un procès-verbal, transiger des amendes y relatives, fermer le cabaret ou le stock par l’administration, vendre les boissons saisies par l’administration en collaboration avec l’officier du ministère public et la police. En plus, la somme est versée au trésor public par l’officier du ministère public et les vidanges saisies sont remises à la Brarudi, par le biais d’un procès-verbal de remise des objets saisis dûment signé par les deux parties.

A Kirundo, l’administration se mobilise déjà. Le 23 juin 2025, Victor Segasago, gouverneur de la province a réuni les administrateurs communaux, les membres de la cellule de sécurité provinciale, les représentants de l’entreprise Brarudi. L’objectif était de se mobiliser pour réfléchir ensemble à des solutions durables afin de combattre le commerce illicite des produits Brarudi.

Les participants ont indiqué que des circuits de vente non autorisés créent la confusion, l’injustice et la frustration chez les consommateurs. Pour eux, c’est une menace à la fois pour l’économie locale et pour la paix sociale. Le gouverneur a appelé à l’application stricte de la loi, traquer des revendeurs hors circuit officiel, et le renforcement d’une coordination entre autorités administratives, sécuritaires et économiques.

Augmentation de la production, seule solution

D’après Alexis Nduwimana, chargé de la communication au sein de l’Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques, Olucome, la Brarudi connaît une grave crise. « Le manque de devises est souvent cité comme cause principale des pénuries, rendant difficile l’importation des produits essentiels comme les carburants et les matières premières pour la Brarudi. »

Pour lui, une bonne partie de la production est exportée pour avoir des devises. Le comble des malheurs est que le peu que la Brarudi met sur le marché intérieur est mal géré. Il indique que les commerçants qui ne parviennent pas à s’approvisionner en quantité suffisante augmentent les prix comme bon leur semble. « Les droits des consommateurs sont bafoués ».

M. Nduwimana fait savoir que la situation actuelle exige des mesures urgentes pour stabiliser l’économie et garantir un accès équitable aux produits essentiels pour tous les Burundais. A cet effet, l’Olucome demande au gouvernement d’organiser des états généraux sur des problèmes socio-économiques qui hantent le pays. « A la sortie de ces assises, on aura une feuille de route contenant des recommandations pour résoudre cette situation qui perdure ».

Jean Noêl Nkurunziza: «La Brarudi doit augmenter la production pour satisfaire le marché local et faire des exportations »

Jean-Noêl Nkurunziza, porte-parole de l’Association burundaise des consommateurs, Abuco salue les mesures entreprises par la police pour éradiquer la spéculation sur les produits Brarudi. Il considère que c’est inacceptable que ceux qui s’approvisionnent normalement vendent à des prix exorbitants. « Pour une meilleure application, il faut retracer le circuit afin de connaître la chaîne d’approvisionnement. »

Il trouve que la production de la Brarudi est insuffisante. Elle ne peut pas même servir le marché intérieur. « Ceux qui reçoivent ces produits en profitent pour faire de la surenchère alors que les consommateurs souffrent. »

M. Nkurunziza appelle la Brarudi à augmenter la production pour satisfaire le marché local et faire des exportations. Il invite également le gouvernement à prendre des mesures d’accompagnement pour que cette société réponde aux besoins des Burundais.

Iwacu n’a pas pu joindre Stany Ndikumana, chargé de la communication à la Brarudi pour avoir une réaction sur les plaintes des commerçants des produits Brarudi qui dénoncent des problèmes d’approvisionnement.

« Beaucoup de spéculateurs punis »

Contacté pour connaître la situation actuelle, Désiré Nduwimana, porte-parole de la police nationale a indiqué que beaucoup de commerçants qui spéculent sur les prix des produits Brarudi ont déjà été punis et leurs produits saisis. Il a souligné qu’il n’était pas possible de donner des chiffres et d’autres détails dans l’immédiat.

Interrogé pour avoir des précisions sur le circuit et la provenance de ces boissons qui sont revendues à un prix élevé, le porte-parole de la police s’est exprimé en ces termes : « Je ne suis pas à Bujumbura. Je suis dans une mission de travail et entrer en détail pour donner des informations concrètes demande du temps. »

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