Mercredi 09 juillet 2025

Économie

Transport en commun : Des passagers en colère

09/07/2025 0
Transport en commun : Des passagers en colère
Charles Ntirampeba, « Les gens veulent que les prix baissent, mais ils ne voient pas que derrière, il y a toute une économie fragilisée »

Des passagers dénoncent la hausse des prix du transport en commun qui est en contradiction avec les tarifs fixés par l’État. De leur côté, les chauffeurs expliquent ces augmentations par la pénurie persistante des carburants et une situation économique qui met leur secteur en péril.

Dans les différentes provinces du Burundi comme dans la capitale économique, des usagers rapportent des augmentations des tarifs dans le transport en commun. Certains évoquent des trajets devenus presque inaccessibles financièrement alors que les prix officiels sont pourtant toujours en vigueur. Pour ces passagers, les chauffeurs ne respectent plus les tarifs réglementés par l’État. Ce qui aggrave les difficultés quotidiennes notamment chez les personnes à faibles revenus.

Du côté des chauffeurs, la situation est décrite autrement. Beaucoup expliquent que cette hausse des prix est la conséquence directe d’une pénurie des carburants qui persiste depuis plusieurs années. « Parfois, on peut passer plus de deux mois sans avoir accès au carburant dans les stations-service », indique un conducteur. Pour continuer à rouler, la majorité dit n’avoir d’autre choix que de s’approvisionner sur le marché noir où les prix sont jusqu’à cinq fois plus élevés. « Un bidon de 20 litres peut coûter jusqu’à 300 000 Fbu », explique-t-il.

Dans ce contexte, de nombreux chauffeurs estiment que respecter les prix officiels devient pratiquement impossible. Pour certains trajets interprovinciaux, comme Bujumbura-Kirundo ou Bujumbura-Ngozi, les coûts des carburants représentent désormais plus que ce qu’ils peuvent espérer encaisser de la part des passagers. « Si on applique les prix de l’État, on travaille à perte », témoignent plusieurs conducteurs.

Des charges lourdes à payer même sans activité

Charles Ntirampeba, secrétaire général de l’Association des Transporteurs du Burundi (Atrabu), reconnaît que cette situation est critique. Il explique que la pénurie des carburants dure depuis maintenant quatre ans. Ce qui impacte aussi bien le transport des personnes que celui des marchandises. « Nous ne pouvons pas dire que les prix fixés sont respectés à 100 %. Il faut regarder en face la réalité économique dans laquelle nous vivons », déclare-t-il.

D’après lui, toute la chaîne du transport est en souffrance. Le prix des pièces détachées, des pneus, des huiles, et même des véhicules eux-mêmes, a fortement augmenté. Certains chauffeurs qui réussissent à acheter le carburant sur les stations-service ne parviennent à faire rouler leurs véhicules que pendant trois jours par semaine. « Les gens veulent que les prix baissent, mais ils ne voient pas que derrière il y a toute une économie fragilisée », poursuit-il.

Les difficultés ne s’arrêtent pas là. Les transporteurs continuent de s’acquitter de nombreuses taxes alors qu’ils ne peuvent plus exercer pleinement leur métier. Ils citent, entre autres, la taxe de stationnement qui peut aller jusqu’à 30 000 FBu par mois pour un bus de type Coaster et à 24 000 FBu pour un minibus de type Hiace. A cela s’ajoutent les taxes municipales, les frais du contrôle technique, ou encore les frais liés aux permis de conduire. Pendant ce temps, de nombreux véhicules ne sont plus opérationnels ou roulent de manière très irrégulière.

Un appel au secours lancé à l’Etat

Un autre enjeu souvent ignoré, selon l’Atrabu, est l’endettement croissant des chauffeurs. Plusieurs d’entre eux ont contracté des crédits auprès des banques et institutions de microfinance pour acquérir leurs véhicules. Or, avec des revenus de plus en plus incertains, le remboursement devient un casse-tête. « Beaucoup ont des familles à nourrir et des enfants à scolariser. Nous avons pris des engagements financiers si bien qu’il devient difficile de tenir », souligne M. Ntirampeba.

Face à cette situation, les chauffeurs demandent à l’État de ne plus sanctionner ceux qui augmentent les prix du transport. « Aussi longtemps que la pénurie des carburants persistera, il faudra toujours en tenir compte sur le terrain », soutiennent-ils. Ils appellent à la fin des amendes infligées aux transporteurs accusés d’augmenter les tarifs. Ils estiment en effet que ces sanctions ne tiennent pas compte du contexte économique actuel.

Par ailleurs, ils lancent un appel au gouvernement pour la tenue d’une réunion entre la Société pétrolière du Burundi (Sopebu), les représentants du secteur du transport et les autorités.

L’objectif serait de discuter ensemble des difficultés rencontrées sur le terrain et proposer des solutions concrètes en faveur de tout le monde. Ils demandent également un allègement des taxes et une révision des prix officiels du transport en fonction des conditions actuelles du marché.

Contacté à ce sujet, le ministère ayant le commerce dans ses attributions n’a pas voulu réagir.

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