Aujourd’hui, il s’observe une carence du papier pour produire des permis de conduire. A la place, le service habilité délivre aux demandeurs un simple papier provisoire. De nombreux chauffeurs dénoncent les désagréments rencontrés lors du renouvellement des permis de conduire en attendant l’impression du vrai document officiel.
« Ce bout de papier est fragile, facile à perdre, difficile à remplacer en cas de perte et inefficace à l’étranger », trouvent les chauffeurs. Ce qui met en péril leur activité professionnelle. Selon eux, le document provisoire compromet sérieusement leur travail.
Certains chauffeurs se plaignent qu’ils peuvent attendre jusqu’à sept mois ou plus avant de recevoir leurs permis de conduire renouvelés. Durant cette longue attente, ils doivent se contenter du papier provisoire qu’ils égarent parfois et dont l’obtention d’un duplicata est complexe.
Ce qui alimente encore davantage leur frustration, ce sont les suspicions de traitements inéquitables. Alors qu’eux ils doivent patienter pendant plusieurs mois, d’autres semblent obtenir le document en un temps record, parfois même en une seule journée. Ce qui laisse penser à des pratiques discriminatoires dans la délivrance des permis. « Tu peux payer et attendre longtemps alors qu’un autre peut venir et avoir son permis en une journée », fait remarquer GN, un conducteur. Il ajoute que « sans ce papier, on ne peut pas travailler. Et même avec, on peut être retardé dans nos courses si on le perd ».
La situation est encore plus préoccupante pour les chauffeurs de camions qui traversent les frontières. « Le papier provisoire n’est pas reconnu à l’étranger. Au Kenya ou en Tanzanie, les permis sont vérifiés par scan du code QR, que notre papier ne possède pas », explique le prénommé Asman, camionneur. Ce document sans sécurité ni preuve électronique ne permet donc pas de prouver légalement l’aptitude à conduire hors du pays.
Le prénommé Abdoul, un parmi plusieurs camionneurs, confie devoir rouler la nuit pour éviter les contrôles policiers et par peur d’être arrêté à cause de l’absence d’un permis de conduire en bonne et due forme. « Certains de nos collègues ont été emprisonnés. Ce n’est qu’après l’intervention de notre Association des chauffeurs de camions, Achaca, qu’ils ont été libérés », rapporte-t-il.
À la Police Spéciale de Roulage, les chauffeurs disent ne pas toujours obtenir de réponses satisfaisantes. « On nous renvoie souvent à plus tard en disant que le commissaire est en réunion. » Ils insistent sur les retards que cela engendre, notamment vis-à-vis de leurs employeurs et des délais de livraison.
Le commandant de la PSR, Etienne Citegetse, reconnaît une pénurie de cartons de permis de conduire tout en affirmant que des efforts sont en cours pour résoudre ce problème. Il précise que « pour les camions qui traversent les frontières, une assistance est apportée sur présentation de documents de voyage », et que pour les trajets locaux « les reçus font foi même en cas d’accident ».
D’autres limites
De son côté, Isidore Mike Manirakiza, le représentant de l’Achaca, pointe d’autres limites du système. Il dénonce l’absence de mention d’ancienneté sur les nouveaux permis. Ce qui pose problème pour les chauffeurs qui cherchent du travail à l’étranger. « Un permis renouvelé semble toujours nouveau. Cela nuit à la crédibilité d’un chauffeur expérimenté. » Il plaide pour que cette information soit directement inscrite sur le permis comme tout diplôme professionnel.
Il soulève aussi le manque de véhicules adaptés pour les examens pratiques, notamment les camions-remorques nécessaires pour certaines catégories de permis. « L’État devrait mettre à la disposition des chauffeurs ses propres camions pour les tests. C’est injuste de demander à un candidat de louer un camion coûteux pour passer un test officiel », trouve-t-il.
Les chauffeurs espèrent que des solutions concrètes et urgentes seront apportées à ces préoccupations afin de ne pas freiner un secteur crucial pour l’économie nationale, notamment dans le transport des marchandises et des carburants.