Les robinets sont à sec dans plusieurs quartiers. Face à l’absence d’eau potable, la population se rabat sur des sources douteuses, à des prix exorbitants. Alors que la Regideso évoque une panne technique, la colère gronde, alimentée par des soupçons d’injustice dans la distribution.
Très tôt le matin, Gitega s’ouvre sur le bruit de casseroles, de sauts, de bidons des groupes de filles et femmes qui se dirigent vers les vallées à la recherche de l’eau dans les ruisseaux et sources aménagées. Pendant cette période de vacances pour les écoliers et élèves, plus de siestes ni jeux pour les enfants. La recherche de l’eau est devenue primordiale.
Dans les quartiers populaires, cette pénurie d’eau est devenue monnaie courante jusqu’à ce qu’on parcoure des kilomètres pour aller chercher l’eau devenue très chère. Jacqueline Nahayo, une domestique du quartier Nyabisindu, témoigne. « Je me lève toujours à 4 h du matin pour essayer de trouver de l’eau dans les environs. Parfois, cela me prend deux heures pour un bidon. Et souvent, l’eau que je ramène n’est même pas propre. Mais, je n’ai pas de choix.»
Dans les foyers modestes, cette pénurie a des effets dévastateurs. L’eau, qui servait à laver les vêtements, faire la cuisine, se laver, est désormais rationnée au strict minimum. Les habits des enfants ne sont plus régulièrement changés. Les douches et les toilettes à siège ne sont plus utilisées, on se dirige vers les toilettes turques de l’extérieur naguère réservées aux domestiques. Les hommes et les femmes de ménage qui ne sont pas bien payés quittent régulièrement leurs postes, incapables de travailler dans ces conditions.
Un business lucratif autour de l’eau
Privés d’eau, les habitants se tournent vers un nouveau réseau informel : les vendeurs à vélo. Ces derniers parcourent les quartiers avec des bidons, parfois avec l’eau issue de sources douteuses. Ils les revendent à prix élevés jusqu’à 2 000 FBu pour 20 l.
Dans la ville de Gitega, la rareté a créé une forme de spéculation. Les sources aménagées, déjà peu nombreuses, sont prises d’assaut. Des files se forment dès l’aube. Le manque d’eau ne touche pas que les domiciles. Les restaurants et les petits bars sont eux aussi frappés. Un verre d’eau n’est plus obligatoirement servi et les cuisines tournent au ralenti.
La prénommée Khadija, serveuse dans un restaurant, explique. « Maintenant, on propose plutôt à nos clients d’acheter l’eau en bouteille. » Ceux qui possèdent des véhicules de service n’hésitent plus de s’en servir pour transporter au moins une dizaine de bidons au retour de la maison.
Face à cette crise, certaines sources à la Regideso Gitega évoquent un problème technique. Mais cette explication laisse une grande partie de la population perplexe. Elle indique que dans plusieurs quartiers résidentiels, l’eau coule. Pire, certains hôtels et chantiers privés continuent de recevoir de l’eau quotidiennement.
Le prénommé Aimé, habitant du quartier Musinzira, dénonce une gestion opaque. « On nous dit que c’est une panne, mais pourquoi l’eau arrive dans les hôtels et pas chez nous ? Est-ce que l’eau est réservée aux riches ? La nuit, il faut rester éveillé pour aller vérifier régulièrement si l’eau serait revenue dans les robinets. »
Contacté, le téléphone du responsable de la Regideso, région Centre-Est, reste injoignable. Aucune date précise de retour à la normale n’a été annoncée.
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