Samedi 26 juillet 2025

Société

Région Centre/Gitega/Nouveau marché de Shatanya : tous les bénéficiaires ne sont pas rassurés

Région Centre/Gitega/Nouveau marché de Shatanya : tous les bénéficiaires ne sont pas rassurés
Vue partielle du Marché Ntahiraja Philippe Shatanya III côté légumes et fruits

Il est 8 h du matin au marché dit Philippe Ntahiraja à Shatanya III. Ici, les menuisiers s’activent à construire des étals et des tables. Là, dans les échoppes, on installe des étagères. Les commerçants déjà installés, á majorité vendeurs de friperies, scrutent les passants en espérant qu’ils sont d’éventuels acheteurs. Des vendeuses installent paniers de tomates, de fruits et d’oignons.

Devant le bureau des responsables du marché, les acquéreurs de stands et échoppes font la queue pour payer les frais des fiches d’inscription. Mais, cela n’est pas du goût des commerçants qui vont à y travailler. Ils ont toujours affirmé disposer de peu de moyens pour payer les taxes, les stands et les échoppes. Evelyne Niyonkuru, vendeuse de légumes depuis 15 ans s’inquiète. « On nous a dit que nous devons à tout prix venir ici. Mais, personne ne nous a consultés. On ne connaît même pas les conditions pour y travailler »

Chassés des rues, piégés dans un marché privé ?

Quand l’administration communale, en partenariat avec un promoteur privé, a lancé ce marché flambant neuf dans le quartier Shatanya III, à environ 400 m du marché central, l’objet était de décongestionner les rues et de formaliser le commerce ambulant. La plupart des commerçants redoutent que ce projet risque d’être un lieu d’emprisonnement car ils ne connaissent pas les contours du contrat entre ce promoteur privé et l’administration communale.

Avant, les vendeurs ambulants ne payaient pas de taxes journalières. Dans le nouveau marché, les règles vont changer. Les fiches d’inscription pour les vendeurs de tomates, fruits et légumes sont à 16 000 FBu. Des loyers mensuels pour les échoppes pourraient avoisiner 80 000 FBu.

Les vendeurs doutent aussi que des obligations de sécurité et de nettoyage pourraient être à leur charge. « Un marché privé, c’est comme une maison en location. Le propriétaire peut décider de doubler le loyer à tout moment. Nous, on n’a pas de marge de revendication », craint le prénommé Désiré, un vendeur de produits secs à Nyamugari.

Le manque de transparence alimente la méfiance.

Ces occupants appellent déjà à la mise en place d’un cadre réglementaire qui encadre les marchés privés accueillant de petits vendeurs. Ils se demandent déjà comment les deux marchés vont cohabiter. Les produits risquent d’être identiques. Pour Clémentine Kanyamuneza, 37 ans, mère de quatre enfants, il s’agira d’« un combat entre le pot en terre et le pot en fer. Si nous vendons les mêmes produits dans un endroit moins fréquenté et plus cher, nous finirons ruinés. »

De nombreux vendeurs regrettent une absence de dialogue entre les autorités, le promoteur privé et les marchands ambulants. Selon le prénommé Jean-Marie, vendeur de friperie au centre-ville, « même dans les projets gouvernementaux, il y a souvent des séances d’écoute. Ici, on a l’impression qu’on est juste des figurants. » Et à Irène Gatore d’ajouter. « Nous voulons juste travailler dans la dignité, sans craindre d’être chassés demain pour loyers impayés. »

La commune ne s’est pas encore exprimée à ce sujet. Un responsable de ce nouveau marché confie que les frais de loyer seront minimes voire dérisoires. Des rencontres sont prévues pour informer les gens et organiser les installations.

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