Dimanche 17 août 2025

Politique

Région Centre/Gitega : Elections collinaires 2025 : des voix discordantes au sein du CNDD-FDD

Région Centre/Gitega : Elections collinaires 2025 : des voix discordantes au sein du CNDD-FDD
Vue partielle du quartier Zege de la ville de Gitega

Pour les élections collinaires prévues dans quelques jours, le parti au pouvoir, CNDD-FDD, s’avance sur un terrain conquis. Mais, dans les quartiers et les collines, une partie de ses militants et de la population rejette la méthode d’imposer des candidats déjà désignés. Ils parlent du mépris total du choix du peuple.

Le soleil se couche au quartier Zege et ses collines environnantes. Les derniers rayons teintent de rouge les toits en tôles ondulées. Assis sur un tronc de bois devant sa maison, un homme que nous appelons Antoine, la quarantaine et robuste, serre entre ses mains une petite bouteille en plastique de jus de gingembre. Autour de lui, deux femmes discutent à voix basse. Elles ne parlent pas de coupures d’eau et d’électricité ou de pénuries de carburant, mais d’un sujet plus brûlant : les élections collinaires qui approchent. Un même mot revient dans la conversation : imposition.

« Cette fois, c’est assez trop. Nous chantons la démocratie mais c’est de la poudre aux yeux », souffle une femme en secouant la tête. Les regards se croisent, graves. Ici à Zege, chacun sait que le parti au pouvoir a déjà choisi qui les dirigera et que ce choix n’est pas le leur. La population indique que dans une réunion de la semaine d’avant, on lui expliquait qu’elle doit voter les candidats déjà désignés et qu’il n’y a rien à discuter.

« Pour enfoncer le clou, nous n’avons pas eu droit à poser des questions. La personne qui dirigeait la réunion nous a dit qu’il faut prier pour clôturer la réunion plutôt que de parler des choses sans valeur », déplore Antoine. Même son de cloche chez Sylvie.

Elle fait savoir que pendant les élections précédentes c’était compréhensible parce que c’était sur des listes bloquées mais élire un chef de quartier c’est différent. Elle explique qu’un chef de quartier doit être plus proche de la population et c’est le choix de cette dernière qui doit primer au lieu d’imposer des candidats parachutés. Surtout que la loi électorale souligne bien que le candidat ne doit pas être élu sur base des listes de partis politiques et que tous les candidats se présentent à titre indépendant.« Ils veulent nous mettre un chef de leur choix. A quoi alors servent ces élections », s’indigne -t-elle.

La frustration est palpable

Alphonsine, une agricultrice d’une trentaine d’années avec un bébé sur son dos et un bidon d’eau sur sa tête s’arrête devant un groupe de ses voisins. En écoutant la conversation, elle s’exclame. « Notre parti qui a remporté haut la main les dernières élections avec notre appui ne devrait pas nous choisir des candidats. Les responsables viennent de nous montrer qu’ils se foutent de nous »

D’après cette mère de famille, chacun savait le candidat populaire et la victoire à venir était déjà acquise. Elle fait savoir que les collines constituent l’échelon de base de l’organisation administrative et sociale.

« Ils croient que l’étiquette suffit. Ici, on connaît l’histoire de chaque famille. On ne peut pas diriger une colline sans partager sa vie. », explique un maçon de Magarama. Selon lui et beaucoup d’autres habitants de la ville de Gitega, presque partout, on trouve parmi les candidats des agents publics sous-statuts ou contractuels.

Pour la première fois, des voix discordantes s’élèvent dans les rangs même du parti au pouvoir. Un militant de longue date, connu pour son engagement, confie à voix basse :
« J’ai fait la rébellion et j’ai toujours défendu notre mouvement. Mais imposer des gens, c’est trahir l’esprit de notre lutte ».

Sur le terrain, la frustration est palpable. Au marché, les femmes qui vendent des légumes en parlent sans détour. Sur les lieux de travail, les jeunes discutent en travaillant. Partout, la même revendication : que le vote serve réellement à choisir !

« On ne veut pas être des figurants dans une pièce déjà écrite. Comme nous ne voulons pas de chefs imposés, nous détestons les chefs de quartiers qui ont des emplois publics et qui ne retournent que le soir aux quartiers », lâche Marie-Claire, commerçante.

Pour la Commission électorale communale indépendante, Ceci, de Gitega, l’imposition des candidats dont parle la population n’est qu’une rumeur. En ce qui concerne les candidats fonctionnaires ou autres contractuels et sous-statuts, la loi est claire. Ils sont de facto inéligibles et la Ceci a pris cette question en mains.

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