Jeudi 25 avril 2024

Société

Chronique – Quand la Télévision nationale n’a plus rien de national

21/03/2017 13

rtnbLa chroniqueuse Chancelle Bamuhaye nous dresse un portrait peu flatteur, mais Ô combien juste, de celle que nous qui sommes passés par là surnommons « la maison-mère. » Notre RTNB.Une chronique publiée par nos partenaires de Yaga. A lire absolument. Antoine Kaburahe.


C’est notre blogueuse Chancelle Bamuhaye qui manifeste sa déception face à une télé qui ne fait plus le bonheur de ses téléspectateurs. Elle évoque avec nostalgie l’époque dorée où les émissions diffusées à la RTNB mobilisaient tous les ménages en possession d’un poste téléviseur.

On a beau chanter à qui veut l’entendre que la Télévision nationale du Burundi migre de l’analogique au numérique. Mais l’euphorie n’a gagné apparemment que ceux qui annonçaient la nouvelle. En tant que l’une de ses téléspectatrices, je suis profondément déçue par les programmes qu’on nous présente.

Il y a quelques années, de ma province natale loin de la capitale, mes grands frères suivaient en direct les matchs de football diffusés depuis le stade national (Prince Louis Rwagasore). Moi et ma grande sœur en avions marre de voir nos aînés monopoliser l’accès à l’unique petit écran que les années avaient étiolé. Des batailles homériques pouvaient éclater pour entrer en possession de la vétuste télécommande qui menaçait de tomber en pièce. Plus maintenant !

Je me rappelle aussi qu’avant l’avènement du numérique (Startimes, Canal+…), on passait des moments merveilleux devant l’unique chaîne qu’on pouvait capter, à regarder de belles séries télévisées telles que : Umuco, Ishaka ou Sida yarateye… C’étaient les mercredis, les samedis et les dimanches à partir de 20heures, juste après le journal en kirundi.

Pas question de rater un seul épisode. On avait intérêt à terminer nos devoirs avant cette heure, puis on s’appelait de toute part. Et voilà toute la famille réunie devant le petit écran dans un silence de cathédrale, regardant ces acteurs devenus incontestablement des stars, qui nous égayaient par leur façon de présenter les maux de la société. Ça durait 30min.

Tout va à vau-l’eau

Maintenant, on peut passer toute une semaine à regarder la Télévision nationale sans voir aucune fiction ou film burundais passer, à part la série Ninde et ses stars Kireko, Munyari,…qui nous offrent toujours un joli miroir d’un Burundi rural, mais sans grande innovation. Pourtant, tu verras des séries de l’Afrique de l’ouest. Certaines n’ont d’ailleurs jamais été renouvelées. Je me demande où sont passées ces séries nationales qui nous ont bercés durant notre enfance.

À l’heure du numérique, la télévision va fonctionner 24h sur 24, dit-on. Qu’allons-nous regarder ? La rediffusion des programmes étrangers uniquement ? Ah ! Je me souviens : il y a les réunions du parti au pouvoir, des manifs pour « soutenir les institutions démocratiquement élues », des cérémonies d’un chef du parti au niveau provincial qui a apporté 5 kgs de riz, 3 de haricots aux vulnérables de Bubanza ou de Cibitoke frappés par la famine,…on ne s’ennuiera pas !

Mais de grâce, changez ! Au lieu de Télévision nationale, mettez par exemple : « Bagumyabanga TV ». Et changez son mode de financement : les impôts et taxes des citoyens c’est pour une chaine nationale, publique, un canal fait pour vendre l’image du pays, non d’un parti politique.

Source : https://www.yaga-burundi.com/2017/03/20/television-nationale-na-plus-rien-de-national/

Forum des lecteurs d'Iwacu

13 réactions
  1. Euphrasie Ngoyi Gaghbo

    Ndagarutse!!!!
    ARTICLE SUPER!!!!

  2. dodo

    Il y’avait t’il la météo avant?

  3. KARUNDI

    Muri irya minsi, quand Ntibantunganya, Mfatiye, Ndadaye et Jean Minani sont apparus pour la ère fois à la Télévision, je me rappelle de certains de mes condisciples (j’étais en 9è à l’époque) qui ont déclaré vouloir vomir, Je vous jure!!! Nibuka uwitwa NM. Comme si c’était hier, je m’en rappelle encore et tjrs sortir en se tenant la gorge comme pour lutter contre la menace de vomissement. Evidemment il n’a pas vomi. NM était membre de la JRR, délégué de Classe, Président de la Coordination des Mouvement d’Action Catholique, Capitaine de l’équipe de basket. Il dictait tout. Il déclarait « Sibomana au moins acceptable ». Lui et certains de mes condisciples voulaient voir seulement Bararunyeretse, Ntahuga, Ambroise Niyonsaba, et Pie Ntiyankundiye avec ses interminables PV des Conseil des Ministres, quelle Ô période combien inoubliable!!!.
    Merci Chancelle de me rappeler que la TV Nationale a toujours eu du mal à convaincre par ses diffusions. Chancelle, t’es sûre que NM n’est pas ton frère?

  4. Mami

    L’article sonne les nostalgiques des années ou une partie de la population était marginalisée Est ce que les Bagumyabanga ou les imbonerakure ne sont des nationaux? Des enfants du pays? Nimba mubabazwa no kubabona vous n’avez qu`à éteindre vos postes

    • Loulou

      chaque chose a son temps. C’est leur temps. Surtout faut garder la culture de cohabitation.

  5. kiki

    Un admirable blog. Fond et forme excellentes.

  6. Jambo

    La télé autrefois gratuite a perdu de sa magie . A l´heure du numérique, où l’information circule comme du vent je ne vois pas l’utilité de payer pour regarder la télé-réalité …

  7. roger crettol

    Beaucoup de Burundaises et Burundais attendent un accès à l’eau potable. En attendant, les informations sont filtrées et garanties inoffensives.
    C’est déjà quelque chose…

    Merci Dame Chancelle.

  8. kijos

    « Au-delá Du Son » par Innocent Muhozi ou Guy Karema ?? Mwosanga yasubiriwe n´ikiganiro c´imbones , hahaha !

  9. kabingo dora

    Ah j’adore cet article

  10. Bravissimo

    J’ai loupé cette époque où le multipartisme régnait en maître.
    Sinon, vive la culture nationale.
    Mais je pense que les gens restent rationnels et agissent par priorité. Peut-être que même pour les plus créatifs, imaginatifs et innovants, les énergies sont orientées ailleurs et pour qu’elles soient dirigées vers la culture (nationale), c’est une question de temps. Je me fais l’avocat du diable.

    • Mahoro

      Belle réaction et polie. Avocat du diable mais franchement très courtois et intelligent. Ese twofatira ngaho tukamenya kwakira mucubahiro n’ubwenge tutababaza uwundi iyo avuze ivyo tutiyumvamwo.

  11. KABADUGARITSE

    « … 5kg de riz, 3kg de haricots… » Uranyishe nambure mutama.-

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