Mercredi 08 octobre 2025

Politique

« Pour normaliser les relations, le Rwanda doit nous remettre les putschistes » — conférence de presse de Révérien Ndikuriyo

24/08/2025 8
« Pour normaliser les relations, le Rwanda doit nous remettre les putschistes » — conférence de presse de Révérien Ndikuriyo
Pour Révérien Ndikuriyo, les autres partis ont été sanctionnés par le peuple en votant pour le CNDD-FDD à 96 %.

Ce samedi 23 août 2025, Révérien Ndikuriyo, secrétaire général du parti CNDD-FDD, a animé une conférence de presse à Buye, dans la province de Butanyerera. Pauvreté, dévaluation de la monnaie, pénurie de carburant, retour des réfugiés, réouverture des frontières et relations avec le Rwanda : le patron du parti a répondu aux questions de l’heure.

Une grande foule de militants du CNDD-FDD portant des insignes du parti et entonnant des chansons du parti, des cadres du parti au pouvoir ainsi que des journalistes des différents médias étaient réunis au stade Urukundo, à Buye, dans la province de Butanyerera.

Dans son mot d’ouverture, Révérien Ndikuriyo, secrétaire général du CNDD-FDD, a félicité les Bagumyabanga pour la victoire électorale obtenue. Il a salué des élections qui, pour lui, se sont déroulées sans « incident majeur ». Il a invité les journalistes à poser des questions sans ambages sur tous les secteurs de la vie nationale.

Des journalistes ont posé des questions sur la réouverture des frontières et les relations avec le Rwanda. Révérien Ndikuriyo a indiqué que la position du Burundi reste inchangée : « Le Rwanda doit nous remettre les putschistes. S’il persiste à refuser, nous n’allons pas transiger, car le peuple burundais se respecte et est digne. »

Une autre préoccupation des journalistes est la politisation et l’embrigadement des mineurs par le parti au pouvoir, ces enfants appelés ibiswi vy’inkona (Aiglons, en référence à l’aigle qui symbolise le CNDD-FDD). Pour le président du parti de l’aigle, ces inquiétudes ne sont pas fondées. Il a précisé que l’objectif est de préparer l’avenir de ces enfants et du pays. Ils sont formés, dit-il, aux valeurs de respect, de dignité et d’amour, aux bonnes manières et à l’histoire du pays.

Identifier les coupables

La question des vingt jeunes qui ont été stoppés à l’aéroport Melchior Ndadaye de Bujumbura alors qu’ils se rendaient à Dubaï pour le travail est revenue. Quatre individus, non encore identifiés, ont empêché leur embarquement alors qu’ils étaient en règle, au motif que ces jeunes n’avaient pas passé par les agences de recrutement agréées.

Révérien Ndikuriyo a fait savoir qu’il n’était pas au courant de cette situation. « Je ne peux pas donner une réponse immédiate pour le moment. Je veux me renseigner pour savoir l’identité de ces hommes qui ont empêché ces jeunes de voyager. Ceux qui ont fait rater le vol à des gens en ordre doivent tout payer. Ils doivent payer tout l’argent perdu, car personne ne peut te faire rater un vol et ne pas rembourser, c’est clair. Même si un individu est arrêté pour un dossier connu, son billet doit être payé. »

Une autre question concernait le secteur de la justice. Un journaliste a indiqué que le parti CNDD-FDD dit qu’il se fonde sur les principes de la démocratie, de la liberté et de l’État de droit, alors que des milliers de Burundais croupissent dans les prisons sans dossiers ; d’autres ont purgé leurs peines ; d’autres encore ont été blanchis par la justice. Face à cette question, le patron du CNDD-FDD a fait valoir qu’il ne s’immisce pas dans des dossiers de la justice. Il a néanmoins précisé qu’un secrétaire national chargé des questions juridiques et judiciaires va entrer en contact avec le ministre de la Justice pour étudier ces dossiers.

« Personne ne fuit après avoir obtenu un passeport »

À la question sur les mesures prises par le CNDD-FDD pour faciliter le retour des réfugiés, le secrétaire général du parti, Révérien Ndikuriyo, a déclaré que le retour est volontaire. Il a indiqué qu’il avait lui-même été réfugié et qu’il y a beaucoup de paramètres à prendre en compte. « Certains profitent des avantages. Personne ne fuit après avoir obtenu un passeport. Il y a ceux qui ont cherché ce statut de réfugié pour qu’il leur soit facile de s’installer dans les pays de leur choix. »

Pour lui, la justice a sorti une liste de moins de 30 personnes recherchées qui doivent venir et purger des peines. « Qu’attendent les autres ? Que font-ils ? »

Il a également souligné que certains ont quitté le pays après avoir échoué à renverser le CNDD-FDD. Il s’est adressé à certains réfugiés burundais en Belgique qui ont juré de renverser son parti par les armes. « Pour ceux qui veulent renverser le gouvernement par les armes, ne restez pas en Belgique. Qu’ils se mettent au front, en première ligne, et s’ils meurent, ils deviendront des héros du Burundi. » Et de préciser qu’il a lui-même reçu des balles à neuf reprises et a échappé de justesse.

Les journalistes ont évoqué des inquiétudes soulevées par des politiques et des observateurs sur le fonctionnement d’une Assemblée nationale et du Sénat dont les parlementaires sont issus d’un même parti, rendant difficile l’opposition à la volonté du parti. Le chef du parti CNDD-FDD a indiqué que les parlementaires ont été sensibilisés pour voter des lois équitables et défendre les intérêts du peuple sans crainte.

Il a fait savoir que les autres partis ont été sanctionnés par le peuple pour leur politique de la chaise vide au Parlement. « Le CNDD-FDD a remporté les élections à plus de 96 %. Nous ne sommes pas parfaits, mais Dieu a vu que nous pouvons organiser le pays. Les autres partis ont été sanctionnés car, au lieu de travailler pour les Burundais, ils préféraient sortir. »

Des candidats collinaires corrompus dans le viseur

Des militants du parti au pouvoir sur place lors de la conférence de presse.

Révérien Ndikuriyo a mis en garde contre les candidats à ces élections qui engagent des sommes colossales dans la campagne en espérant se rembourser une fois en fonctions. Il a fait savoir que certains comptent demander de la corruption et vendre des parcelles.

« Nous ne faisons pas d’ingérence, car ce n’est pas une élection des partis politiques, mais nous allons suivre de près le processus. Nous allons déployer des observateurs sur toutes les collines pour dénoncer les corrompus. Celui qui sera coupable sera sanctionné. Même celui qui dépense 100 millions perdra », a-t-il insisté.

La question de la dévaluation de la monnaie burundaise face au dollar américain a été évoquée. Le patron du CNDD-FDD a reconnu que le franc burundais a trop chuté. Il a expliqué cette situation par le manque de production vendue à l’étranger. Il a appelé les Burundais à redoubler d’efforts pour renforcer la production, notamment les cultures d’exportation comme le café et, récemment, les avocats.

Révérien Ndikuriyo a reconnu que le Burundi fait face à des pénuries récurrentes de carburant à cause du manque de devises. Néanmoins, il s’oppose à la libéralisation du secteur des carburants. Il a expliqué que la situation risquerait de se détériorer davantage.

À la question de savoir si la Vision 2040-2060 ne connaîtra pas le même sort que d’autres visions et programmes, notamment le CSLP I et le CSLP II, Burundi Vision 2025, qui sont restés lettre morte, le secrétaire général du CNDD-FDD a voulu tranquilliser. « La vision du Burundi émergent en 2040 et du Burundi développé en 2060 est une émanation des experts burundais. D’autres programmes étaient préparés par des Blancs à l’étranger et leur mise en application était problématique. Le pays est sur la bonne voie. Nous allons réussir. »

Il a précisé que l’accent sera mis sur le renforcement des ressources et des capacités des collectivités locales afin d’assurer une mise en œuvre efficace des projets de développement.

Forum des lecteurs d'Iwacu

8 réactions
  1. Theo Musabanzira

    Je pense que le patron du parti au pouvoir doit être ou bien excessivement intelligent et puissant ou alors il est un amnésique irrécupérable . Dire que pour normaliser les relations entre le Rwanda et le Burundi passe par la remise des putschistes revient à ignorer plusieurs choses à la fois:
    1. Si Le Rwanda remet les putschistes au Burundi , il va certainement éxiger une mesure de contre partie : remise des 674 génocidaires burundais de 1994 au Rwanda . Parmi eux certains sont au pouvoir. Ici on exclut les génocidaires rwandais présents au Burundi . On le sait sur cet aspect le Rwanda ne négocie lorsqu’il s’agit de ce sujet et il a raison . La preuve même les Européens remettent de temps à autre les génocidaires planqués chez eux .
    2. Les putschistes burundais présents au Rwanda sont des réfugiés politiques , leur remise doit se placer dans un cadre assez précis. La question la plus importante est donc la suivante ; la plupart des autorités actuelles au Burundi s’était réfugiée au Rwanda 1972 et le Rwanda de Habyalimana ne les a jamais remis. Certains ce n’était pas le grand amour entre les deux gouvernements mais les frontières sont toujours restées ouvertes , rien à voir avec ce qui se passe aujourd’hui. Le gros des réfugiés burundais était en Tanzanie , ce pays , qui a d’ailleurs toujours joué un role très négatif par rapport au Burundi , ne les a jamais remis . Si la Tanzanie l’avait fait très peu seraient entrain de dire ce qu’ils sont entrain de dire aujourd’hui , et là ce n’est qu’un euphémisme. Pourquoi le Burundi ne réclame pas ceux qui sont en Europe?

  2. karikurubu Joan

    Le président du parti au pouvoir Burundi est plein tsunami des mensonges.

  3. Limpopo

    90% des putschistes sont en Belgique mais on demande au Rwanda de les livrer pour qu’il y ait de bonnes relations mais jamais une telle demande pour la Belgique. Parmi les responsables directs de l’assasinat de Ndadaye, le chef de file le Lt Kamana il a vecu en Ouganda sans qu’ il y ait une telle demande par le Burundi. Inyendamuvano ya ndyogo…

  4. Salvator

    C’est une équation à plusieurs inconnus et qui ne peut être résolue que par les décideurs en place au Burundi: comment des gens responsables et normaux qui dirigent un pays qui manque de tout (carburant, médicaments, sucre, éléctricité, eau et j’en passe) décident de s’enfermer?

    Pensent-ils que le Rwanda a besoin de quelque chose au Burundi dans l’état actuel des choses?

    Qui vibrant terrain comme on dit…

  5. Niyonkuru gilbert

    Le patron du parti est plein des Tsunami des mensonges.

  6. Barinzigo

    Voici notre Burundi
    1) Lire l’article dur Uburozi et des charlatans qui guérissent uburozi au su et au vu du gouvernement. 3 ministères à blâmer: Justice, Intérieur et santé
    2) Au Burundi il y a une entreprise qui produit et vend engrais. Une entreprise à qui on a donné un monopole. Tellement riche qu’elle a même investi en Tanzanie. Les pauvres paysans paient 3 à 4 mois à l’avance l’engrais. Mais au moment des semis, les paysans ne reçoivent pas l’engrais. Il y a des ministères qui sont en charge: Agriculture et commerce

    3) Le payscest à l’arrêt. Il n’y a plus de carburants. Il y a 2 ministères en charge: Commerce et transports

  7. Riraniga

    Réponse du président du Cndd/fdd
    La vision 40/60 est une émanation des experts burundais.
    D’autres programmes étaient préparés par des blancs à l’étranger et leur mise à l’exécution était probkématique. Le pays est sur la bonne voie, nous allons réussir la vision 40/60
    Quelle pathétique explication
    Poor and Poor Burundi

  8. Nshimirimana

    La manière de répondre aux journalistes de la part de ce secrétaire général du cndd-fdd est symbole même de l’improvisation de la gestion de la chose publique par ce parti.
    – Des relations avec le Rwanda: manque de lucidité . La fermeture des frontières ( si fermeture il y a) n’impacte pas le Rwanda mais le peuple burundais , ceux habitants les régions frontaliers en particulier . En effet, dans un contexte de précarité economique sans précédent , les régions frontaliers avec le Rwanda y gagneraient avec la libre circulation des biens et des personnes : ravitaillement en carburant, ventes des produits vivriers que le Rwanda manque notamment. Prendre la population en otage pour deux ou trois putschistes qui probablement ne se trouveraient pas sur le sol rwandais relève d’une méconnaissance des enjeux qui guettent le pays…
    – Blocage des citoyens à l’aéroport . La question a fait grand bruit à Bujumbura . Dire que l’on n’a pas d’info à ce sujet est ridicule quant l’on connaît le poids politique de ce secrétaire; potentiellement candidat aux hautes fonctions de l’état . Or l’on sait que tous les affaires juteuses dont ces fameux agences de placement sont dans les mains des gens proches du pouvoir et qui dit pouvoir, dit cndd-fdd !
    – Exile: les motifs de l’exile ne sont pas que politique , ils sont aussi économiques . Qui peut encore rêver de vivre au Burundi , un pays démuni de tout ! Au moins dans un camp de réfugié on mange ! Il n’est pas étonnant qu’un citoyen lamda s’équipe de son passeport pour aller chercher la survie économique ailleurs
    – etc…

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