« Accélérer les investissements dans l’eau et la résilience climatique », telle est la vision du programme d’investissement pour l’eau en Afrique. Et ce, avec un financement du Fonds vert pour le climat (FVC) appelé Initiative de soutien à la préparation de l’Union Africaine (UA) et du FVC. Avec plus de six millions de dollars, 15 pays dont le Burundi sont concernés.
« L’Afrique est très vulnérable au changement climatique et on s’attend particulièrement à ce qu’il ait un impact sur l’eau en raison de l’augmentation des sécheresses et des inondations, de la pénurie d’eau et des maladies transmises par l’eau », lit-on dans la note d’information sur ce programme multi pays de l’UA.
Malgré cette vulnérabilité prononcée, beaucoup de pays africains ont une capacité limitée d’accès au financement climatique pour des investissements stratégiques dans le domaine de l’eau.
Or, souligne cette note, l’accès au financement climatique pour une eau résiliente en Afrique est essentiel pour réaliser la stratégie et le plan d’action de l’UA sur le changement climatique et le développement résilient (2022-2032).
Le programme continental d’investissement pour l’eau en Afrique (AIP), adopté par l’Assemblée des chefs d’État et de gouvernement de l’UA dans le cadre du Programme pour le développement des infrastructures en Afrique – Plan d’action prioritaire 2 (PIDA-PAP 2), soutient la mise en œuvre de la Stratégie de l’UA pour le changement climatique et le développement résilient.
Le programme vise à répondre aux besoins croissants d’investissement dans le secteur de l’eau, besoins fortement exacerbés par le changement climatique.
Cette initiative de soutien à la préparation de l’UA et du FVC est mise en œuvre dans le cadre d’AIP avec la coordination du Global Water Partnership Afrique australe (GWP-SAF) et 15 pays africains participent à la première phase. Et chacun dispose des dotations en fonction de l’orientation de leurs projets et a décidé du montant qu’il souhaitait demander au FVC en fonction du niveau d’activités.
« L’objectif global que cette proposition multipays de préparation au FVC de l’AU-AIP vise que tous les pays participants aient renforcé leurs capacités de planification pour la résilience au changement climatique, en particulier dans le secteur de l’eau », précise cette note. Pour y arriver, elle dévoile des actions qui doivent être faites.
Il faut, selon elle, renforcer la capacité des pays en matière de programmation du financement de l’action climatique et d’accès direct, en mettant l’accent sur les institutions qui peuvent soutenir les activités liées au secteur de l’eau.
En outre, il s’agira d’améliorer les cadres stratégiques pour la planification des investissements dans la résilience au climat pour la gestion de l’eau grâce à l’élaboration de programmes d’investissement dans le secteur de l’eau conformes à l’AIP et conformément aux orientations du FVC sur les investissements pour la résilience du secteur de l’eau au climat.
« Enfin, il faut établir une plateforme continentale pour la gestion des connaissances dans le cadre du mécanisme international d’investissement mixte de l’AIP pour la résilience au climat qui garantira la durabilité de la plateforme de connaissances, grâce aux efforts soutenus, en collaboration avec la CUA, d’implication des pays et de mobilisation de cofinancements, pour faire passer les projets de la phase conceptuelle au financement complet. »
Des obstacles ne manquent pas
Les principaux obstacles sont la capacité limitée ou variable d’accéder au financement climatique et d’intégrer les directives du FVC sur les garanties environnementales et sociales, le genre et les peuples autochtones.
« De nombreux acteurs nationaux ont encore une connaissance limitée du fonctionnement du FVC, des modalités d’accès au financement climatique, de la structure des propositions de financement climatique, de l’intégration du genre, de l’inclusion sociale, et des critères environnementaux dans les propositions. »
Ensuite, poursuit cette note d’information, peu d’entités accréditées par le FVC pour l’accès direct ont démontré leur capacité aux programmes du FVC, en particulier pour les projets et les investissements liés à l’eau.
« De nombreux pays participants n’ont toujours pas d’entités d’accès direct dotées des capacités et ils n’ont pas identifié ou désigné d’institutions pour l’accréditation du FVC. Si certains pays ont identifié des institutions locales, peu sont ceux qui ont déjà obtenu l’accréditation. »
Il existe aussi peu de perspectives nationales en matière d’investissement. « Pour la plupart des pays africains, il n’y a pas de filières d’investissement complètes et systématiques avec le FVC ou d’autres bailleurs de fonds du climat. Tous les pays n’ont pas soumis et approuvé des programmes nationaux du FVC ou des évaluations des besoins en matière de préparation, et la plupart n’ont pas de programmes d’investissement sectoriels qui facilitent l’investissement provenant de multiples sources de financement. De plus, de nombreux pays n’ont pas les ressources financières ou humaines nécessaires pour traduire les idées de projet en notes conceptuelles. »
Enfin, il n’existe actuellement aucune plateforme continentale permettant le partage des connaissances sur le financement climatique et la mobilisation de financements mixtes public-privé en faveur de la résilience climatique en Afrique. Ce qui entrave le partage des connaissances, des meilleures pratiques et des leçons apprises en matière de financement climatique, etc.
« Cela a un impact sur le progrès en matière de résilience climatique sur le continent, et les connaissances et les leçons ne sont pas partagées de manière adéquate entre les États membres. »
Cas du Burundi
Le Burundi a lancé son PND 2018-2027 pour relever les défis du développement socioéconomique. L’un de ses cinq objectifs stratégiques étant de protéger l’environnement, de s’adapter au changement climatique et d’améliorer l’aménagement du territoire. « La mise en œuvre de ce plan tient toujours compte des Objectifs de développement durable (ODD) de 2030 », précise-t-elle, soulignant que pour atténuer l’impact du changement climatique, le Burundi a également défini des orientations politiques, notamment à travers la Vision 2025 et les différentes politiques sectorielles.
C’est par exemple la Politique nationale sur le changement climatique, novembre 2012 et la Politique nationale de l’eau de septembre 2009 et la Stratégie nationale de l’Eau de 2011-2020 d’avril 2012.
Fin 2024, après le lancement dudit programme, au Kenya, auquel ont pris part tous les États membres de l’UA, M. Diomède Ndayirukiye du Ministère burundais de l’environnement, de l’agriculture et de l’élevage, a indiqué que ce projet vise d’abord le renforcement des capacités de l’Autorité Nationale Désignée (AND) : « Il s’agit d’amener les experts à un niveau où ils peuvent effectivement collaborer avec les parties prenantes du pays pour les renforcer, les sensibiliser, les galvaniser pour la mobilisation des finances Climat pour la mise en œuvre des projets de préparation, sollicités et approuvés au niveau du FVC »
D’après lui, la 3ème priorité concerne le développement du cadre-légal. En effet, a-t-il motivé, « le pays a besoin des documents, des stratégies, des documents de développement des projets au des développements du secteur ».
« Enfin, c’est le développement d’échanges des connaissances. On en a besoin en matière de gestion de l’eau, de développement des projets pour l’eau. Parce que chez nous, l’eau, c’est un intrant beaucoup plus important et ça contribue beaucoup au développement de la population. »
Pour l’égalité des sexes, cette note signale que le Burundi est confronté à des défis en la matière dans divers secteurs, notamment l’eau et le changement climatique. « Il est classé 163e sur 189 pays selon l’indice d’inégalité entre les sexes, ce qui met en évidence d’importantes disparités entre les sexes. Le changement climatique a encore exacerbé ces inégalités, affectant les sexes de différentes manières. »
D’après cette note, plus de 92 % des femmes sont engagées dans l’agriculture contre 75 % des hommes au Burundi, avec un accès limité à la terre, à l’information sur le climat, à la technologie et au financement.
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