Vendredi 26 avril 2024

Editorial

Non au rapatriement forcé

12/09/2019 Commentaires fermés sur Non au rapatriement forcé

Les réfugiés burundais vivant dans les camps en Tanzanie sont sommés de revenir au bercail « de gré ou de force ». Un accord de rapatriement a même été conclu entre les ministres burundais et tanzanien de l’Intérieur. Ce document qualifié de « top secret », signé sans le HCR qui serait « une des barrières au rapatriement », est passé entre les mailles du filet. Les réseaux sociaux en ont fait une grande diffusion.

Par Léandre Sikuyavuga

Il précise dans les moindres détails le déroulement des opérations. Le rapatriement débute le 1er octobre, au rythme de deux mille par semaine. Avec fin décembre, tous les réfugiés devraient être dans leur pays d’origine. Par ailleurs, le ton est donné, les dés sont jetés : les marchés et les boutiques, à l’intérieur du camp de Nyarugusu, sont fermés.

Ces décisions ont provoqué un vif tollé, des ricanements chez les défenseurs des droits humains et au niveau de la communauté internationale. Pour l’envoyé spécial des Etats-Unis dans la région des Grands lacs, le rapatriement forcé est un crime contre les droits humains.

Effectivement, tout rapatriement doit être volontaire, durable et conduit dans la sécurité et la dignité. Comme on n’avise pas son exil, le retour devrait être spontané, automatique. Néanmoins, il y a certains préalables. Le réfugié craint entre autres l’insécurité, la stigmatisation et la discrimination, l’impossibilité de poursuivre l’éducation après le rapatriement, la difficulté de trouver un emploi, le non accès à des soins de santé essentiels. Ces appréhensions doivent préoccuper nos autorités, les hanter.

Je salue le discours centré sur la tolérance politique, la cohabitation pacifique, le respect de l’être humain que le secrétaire général du parti au pouvoir est en train de tenir. Cela rassure, apaise et calme les esprits déjà chauffés quelques mois avant les élections. Les tensions, voire les violences de ces derniers jours, surtout entre certains militants de sa formation politique et ceux du CNL n’auguraient rien de bon. Au contraire la peur, la méfiance, la haine entre les filles et les fils d’une même Nation. Car comme l’a dit Voltaire : « La tolérance n’a jamais excité de guerre civile ; l’intolérance a couvert la terre de carnage. » Une raison de plus qui décourage les réfugiés à rentrer « pour ne pas subir le même sort. » Que les autres responsables prennent leur courage à deux mains et lui emboîtent le pas pour répondre aux préoccupations de ces réfugiés. Le rapatriement viendra de soi.

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