Vendredi 05 décembre 2025

Editorial

Médias « changachanga »

05/12/2025 0

La conférence de presse tenue lundi er décembre à Ntare House par le chef de l’État burundais a pris de court les non avertis. Les questions du moment se mêlaient à des interventions déchaînées, passionnées, parfois transformées en véritables séances d’autopromotion – voire d’autoglorification – aux arrière-goûts discutables, et assurément pas au goût de tout le monde.

Le panel offrait une brochette bigarrée, un changachanga de médias chacun avec sa ligne si on peut encore oser le mot “ligne”. Bref, des inquiétudes, des commentaires et déclarations venus de tous les horizons. Patient, ouvert, attentif, le chef de l’Exécutif a tenté de répondre à toutes les préoccupations exprimées : 53 au total, de 9h30 à 17h30, sans interruption.

L’enthousiasme débordant de certains intervenants a même poussé l’un ou l’autre à proclamer publiquement leur admiration pour « Son Excellence », louant telle initiative et – tant qu’à faire – glissant une invitation à venir visiter leurs projets.

Comme annoncé dans le mot liminaire prononcé après l’hymne national, étonnamment entonné par le ministre de la Communication, Gabby Bugaga, puis une prière demandant la bénédiction de la séance, l’objectif affiché était clair : offrir à l’assistance une compréhension « commune » de la vision du développement portée par le chef de l’État, et de la marche à suivre.

En somme, il s’agissait de mettre au diapason l’ensemble de la presse – dans toute sa diversité – ainsi que le vaste écosystème des influenceurs : vidéastes, tiktokeurs, blogueurs, vlogueurs, youtubeurs, DJ, comédiens, acteurs de courts métrages ou « fantômes » du Net, non régis par la moindre réglementation.

Et puis il y a les autres. Ceux qui n’hésitent pas à sortir la grosse artillerie pour défendre, arguments ou arguties à l’appui, les positions officielles. Ceux qui se déclarent prêts à en découdre, à répondre coup pour coup dans une joute verbale sans merci, où tous les coups semblent permis : coups bas, coups fourrés, coups sous la ceinture. Dans cette arène dépourvue d’éthique et de déontologie, l’essentiel n’est plus d’informer, mais d’écraser, de faire taire toute voix dissonante. C’est la « comm », rien que la comm.

Dans ce tumulte, les bons vieux « journaleux » – dont votre humble serviteur – semblaient presque anachroniques dans cette agora dominée par les quêteurs de ’’views’’.
Autres temps, autres mœurs, diraient les anciens…

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