Lundi 25 août 2025, journée de l’élection des conseils de collines ou quartiers et des chefs de collines ou quartiers. Une particularité importante de ce dernier scrutin du processus électoral est que tous les candidats doivent se présenter à titre indépendant. « Même s’ils sont membres de partis politiques, ils ne sont pas élus sur la base de listes de partis », explique un politologue. A cet effet, la campagne électorale ainsi que le choix de ces futurs dirigeants des plus petites entités administratives du pays sont supposés se dérouler librement.
Sur terrain, deux constats suscitent des interrogations et laissent des zones d’ombre : l’engouement de la population et l’impression que ces campagnes se font avec beaucoup de moyens (affiches, banderoles, t-shirts, casquettes, systèmes de sonorisation, etc.). Que gagne réellement un chef de colline ou de quartier ? Les candidats financent-ils eux-mêmes leur campagne ?
« Je veux me faire un nom, être repéré par les instances supérieures du parti », a répondu un jeune du quartier qui cherchait ma voix. Certes, il y a des avantages pécuniaires, mais ils ne sont pas énormes. Selon les observateurs, l’enthousiasme pour ces élections vient du fait qu’un poste au conseil de colline ou de quartier est considéré comme le premier échelon d’une carrière politique. C’est une occasion de faire ses preuves sur le terrain, de se faire connaître et de potentiellement gravir les échelons vers des postes plus importants.
Le législateur a voulu que les candidats se présentent à titre indépendant « pour garantir leur neutralité et leur impartialité dans la gestion des affaires locales ». Cependant, dans la pratique, de nombreux candidats ont une affiliation partisane. Le correspondant du journal Iwacu à Gitega a constaté que le parti au pouvoir a imposé des candidats pour des certains quartiers et collines, même si une partie de la population semble s’y opposer : « L’étiquette ne suffit pas. On ne peut pas diriger une colline ou un quartier sans partager sa vie ».
Selon les analystes politiques, les élections collinaires sont bien plus qu’un simple exercice démocratique local. Elles sont la « mère » de toutes les autres élections (législatives, sénatoriales, présidentielle). Les élections nationales ne sont souvent que la consécration d’un travail de fond réalisé bien en amont au niveau des collines et des quartiers. « Le résultat de l’élection présidentielle ou des législatives est en grande partie déterminé par l’issue des élections collinaires. »
Pour le parti au pouvoir, une victoire écrasante aux élections collinaires est brandie comme la preuve irréfutable de sa légitimité populaire. Le message est clair : « Le peuple nous a choisis au plus près de lui, notre victoire aux élections nationales n’est donc que la suite logique ». Contrôler les collines et les quartiers n’est donc pas une option, c’est une nécessité absolue. C’est la base de son hégémonie. Perdre des collines et les quartiers signifierait perdre le contact direct avec la population, perdre son principal outil de mobilisation et voir son autorité contestée à la racine. L’enjeu est si élevé que le coût n’est pas un obstacle. Ainsi, ce scrutin local, en apparence peu important, est en réalité le plus stratégique de tous.
Face à la stratégie du « rouleau compresseur » du parti au pouvoir, l’« opposition politique » a-t-il pu développer des contre-stratégies ? L’avenir nous le dira…
« Ngo ikigoye si ukwiba ingoma, ariko naho uyivugiriza ». Fraudes, bourrages, intimidations, violences, etc…Voilà ce qui a caractérisé les élections monocolores du parti de l’aigle.
Cher editorialiste,
Pour ceux qui peuvent bien interpréter le contenu de votre analyse, ca nous a permis de comprendre que le système électoral burundais est un triangle qui a été volontairement inversé au profit de celui qui l’a élaboré.
Pourquoi justement n’ont-ils pas pensé à commencer par les élections à la base et les terminer au plus haut sommet?