Jeudi 25 avril 2024

Économie

Le PAIVA-B engagé pour la promotion des coopératives agropastorales

19/08/2018 Commentaires fermés sur Le PAIVA-B engagé pour la promotion des coopératives agropastorales
Le PAIVA-B engagé pour la promotion des coopératives agropastorales
Léa Nzeyimana: "Nous avons notre propre décortiqueuse, ce qui constitue un atout de taille pour nous"

Le Projet d’Appui à l’Intensification et à la Valorisation Agricoles du Burundi (PAIVA-B), un des projets financés par le FIDA au Burundi, a organisé une visite des journalistes du 10 au 11 Août dans 2 provinces (Kayanza et Muramvya) dans les coopératives rizicoles et laitières. Les membres de ces dernières jubilent des bienfaits et des avantages.

Vendredi 10 Août, 11h. A la commune Rango de la province Kayanza, non loin du chef-lieu de cette commune, la coopérative rizicole Dushirehamwe est en pleine expansion. Une décortiqueuse, l’aménagement des marais, la construction des hangars de stockage, entre autres facteurs favorisant la bonne santé de la coopérative.

« Cette coopérative m’a permis d’émerger dans la société, aujourd’hui je suis connue des autorités de la commune. Grâce aux petits crédits, j’ai pu augmenter ma production et les conditions financières de ma famille », se réjouit Léa Ntisezerana, présidente de la coopérative Dushirehamwe. Elle témoigne de faire vivre ses sept enfants de la culture du riz.

Elle explique la genèse de cette coopérative. Tout a commencé avec le soutien du PAIVA-B qui les accompagnait dans la culture du riz dans les marais en l’an 2013. « Deux ans plus tard, on a ouvert notre coopérative, on a rassemblé toute notre récolte dans un hangar pour conquérir le marché. C’est ainsi que le prix du riz non décortiqué est passé de 300BIF à 650 BIF le kilo. Ainsi d’autres membres ont rejoint notre coopérative ».

Par la suite, en l’an 2016, avec l’aval du PAIVA-B auprès de la Coopec Microfinance, la coopérative a obtenu un prêt pour le commerce. « C’est alors que notre coopérative est passé de 3320 membres en 2016 à 3600 membres en 2017. Actuellement, en Août 2018, nous arrivons à un effectif de 3820 membres ». Et d’ajouter qu’il y’a une année de cela, la coopérative a obtenu une licence de distribution d’engrais chimiques.

« A propos de la façon dont nous opérons, nous achetons la production de nos membres que nous revendons sur le marché. Les membres, à leur tour, parviennent à rembourser les micros crédits et à subvenir à leurs besoins grâce à cette contrepartie financière ». Ce n’est pas tout, la place de l’implication de la femme dans cette coopérative est remarquable. Sur un effectif de 3820 membres, 2000 sont des femmes, soit 52,3% de quoi nous réjouir. En ce qui nous concerne, nous ne sommes pas des vendeurs d’engrais, nous sommes plutôt des distributeurs. Après que nous nous sommes fait inscrire auprès de l’OBR qui nous a délivré à ce titre un numéro d’identification fiscale (NIF) et le registre de commerce (RC), nous avons soigneusement préparé notre dossier que nous avons soumis à la direction provinciale de l’agriculture et de l’élevage (DPAE). « On a montré les hangars et les palettes d’entreposage. Sur 25kgs écoulés, l’opérateur nous paye 500 BIF ». Au cours de l’année 2017, cette rubrique a rapporté à notre coopérative une somme de 1 506 000 BIF en 2017, et 1 500 000 BIF pour cette année en cours.

Mme Ntisezerana soutient que pour bien prospérer, c’est mieux de travailler en coopératives. « Au marché, les riziculteurs vendent le riz entre 700 et 750 FBU le kilo, mais à la coopérative on leur donne à 820 FBU le riz non décortiqué ». La coopérative vend le riz décortiqué à 1500FBU le kilo. « Nous avons notre propre décortiqueuse, ce qui constitue un atout de taille pour nous ». Elle favorise à produire plus en peu de temps. « Dans notre commune personne ne pile le riz à la main ».

« Désormais, nous avons accès au crédit »

Mme Ntisezerana assure que les crédits sont octroyés aux membres de la coopérative. « On tient compte de l’espace cultural, des besoins en engrais chimique et en semences ». C’est la coopérative qui avalise le riziculteur. En cas d’impayés suite aux aléas climatiques, la coopérative paye le restant dû, au cas contraire, le riziculteur se verra chargé des intérêts de retard. A son tour, ce dernier remboursera à la caisse de la coopérative petit à petit.

Léonidas Nahabandi de la colline Kiramahira, membre de la coopérative Dushirehamwe. « J’ai intégré la coopérative en 2016, après avoir constaté le niveau de développement des autres membres dans la culture du riz. J’ai commencé à donner la contribution de 2400 BIF/mois exigée. C’est par la suite que j’ai eu un crédit de 63 mille BIF avec l’aide de la coopérative ». Et depuis, ma production a plus qu’augmenté. « J’ai déjà acheté 2 chèvres et je compte m’acheter une vache »

Espérance Nduwimana abonde dans le même sens. L’aménagement des marais a augmenté ma production de riz de façon constante et durable. « Sur 1 are je récoltais 9 à 10 kg avant l’aménagement du marais, maintenant je récolte 35 à 40 kg ». Elle fait savoir que la coopérative est utile dans la mesure où les membres travaillent de concert et échangent des expériences. Elle témoigne que des avantages s’observent sur plusieurs aspects. « Notre coopérative nous permet de lutter contre le gaspillage de la production. De surcroît, elle sert de passerelle pour nombre d’entre nous pour contracter des crédits auprès de la coopérative d’épargne et de crédits ».

Au centre de collecte de Gisabo, un professionnel en train de tester le lait

A quelques mètres de là, se trouve la coopérative laitière « Duhazibibondo » qui dispose d’un centre de collecte du lait (CCL). Elle a vu le jour en 2016 sur l’initiative de PAIVA-B. « Au départ, la production laitière était livrée dans de petites cafétérias », précise Gédéon Nibigira, président du centre de collecte du lait (CCL). Le CCL recevait une production de 550 litres de lait /jour. La production moyenne par vache (5.3 litres, la consommation du veau non comprise) s’est légèrement améliorée par rapport à celle de l’année dernière qui était de 4.3 litres. Nous octroyons des crédits à nos membres pour acheter les médicaments et les pâturages.

Pour Francine Ntakarutimana, gérante et membre de la coopérative, cette dernière a beaucoup contribué dans l’amélioration de conditions de vie de la population locale. « Aujourd’hui nous avons droit aux microcrédits pour nous autofinancer, on reçoit également des crédits pour l’achat des médicaments de notre bétail ainsi que le tourteau concentré ».
Signalons qu’à la colline Gihororo de la commune Rango se trouve 2 hangars de stockage de riz. Construits en 2016, il conserve plus de 55 tonnes.

Une aubaine pour le développement communautaire

Deus Babahokubwayo, conseiller communal chargé des questions sociales vante les mérites du PAIVA-B dans le développement de sa commune. Sur le volet élevage, la population de la commune Rango a bénéficié des dons de vaches via le PAIVA-B sur le financement du FIDA. Sur le volet agriculture, les marais ont été aménagés et exploités avec des bonnes pratiques agricoles. Renforcement de capacités dans le regroupement en coopératives, construction d’infrastructures (centre de collecte de lait), la stabilité des prix à la vente, la lutte contre la faim, la cohésion sociale, l’esprit d’équipe sont également évoqués.


La coopérative Gisabo, la fierté de la commune

A la colline Kayogoro de la commune Muramvya en province Muramvya, la coopérative laitière Gisabo, compte 1256 membres dans des groupements. Dont 525Femmes et 736hommes. Le Comité exécutif compte 2Femmes et 3hommes, et le Comité de surveillance 2 Femmes et 1 homme. Elle dispose également d’un professionnel et les équipements spécialisés pour tester le lait. « Nous collectons et testons le lait depuis les collines. Les collecteurs l’acheminent au CCL Gisabo. Environ 2700litres par jour. Nous achetons le litre à 600 BIF », indique Dieudonné Ndagijimana, président du CCL de la coopérative Gisabo. Cela grâce à la plateforme entre les clients permanents et ceux qui achètent et vendent à titre individuel. Gisabo a commencé le 18/09/2016 sur six collines. « Nous avons construit un comptoir de vente, une cafeteria moderne où l’on vend du lait de très bonne qualité ». Actuellement, elle s’étend sur 20 collines. « Nous avons effectué des visites d’échange d’expérience. Nous comptons doubler notre production pour passer de 2700 litres à plus de 5000 litres par jour, nous avons déjà une moto qui va nous aider dans la collecte ».

Au commencement, nous avions un capital de 340 000 BIF, et on est arrivé à 18 000 000 BIF. Nous avons eu un bénéfice de 4 millions, on a acheté une parcelle pour construire le CCL secondaire. On a acheté du matériel à 2 millions. Après, on a construit également un comptoir de vente. Sur notre compte bancaire nous avons 7 millions BIF, sur le compte client nous avons 14 millions BIF. Il souligne une plus-value pour les membres. « Nous leur donnons des avances et des crédits, des médicaments vétérinaires et des aliments (tourteaux concentrés) ». Notre coopérative a acheté ses propres parcelles qui équivalent à 20 800 000FBU. Avant de renchérir : « Nous pouvons vous affirmer avec fierté que notre coopérative continuera de produire après le départ du PAIVA-B ».

Même constat pour Tharcisse Rwamurinda. « Avant notre entrée dans cette coopérative, nos clients nous retournaient le lait sous prétexte qu’il était avarié. Curieusement, depuis la création de la coopérative, notre lait n’est plus avarié. Toute la quantité vendue est testée par un professionnel, pour voir la qualité et s’il n’y a pas de l’eau ajoutée ». Nous livrons la production entre 500-600 BIF le litre. Nous nous réjouissons d’avoir eu accès au marché régulier et non aux usurpateurs du lait. « A la rentrée scolaire, nous recevons à crédit des cahiers pour nos enfants, ou un crédit pour les produits vétérinaires ».

Jeanine Kwizera se réjouit du marché d’écoulement de notre production laitière, l’accès au crédit. « J’ai contracté un crédit pour faire soigner mon enfant et acheter des cahiers à la rentrée scolaire ».
Eliane Ngoroyimana, employée à la cafétéria de la coopérative Gisabo, assure que grâce à la coopérative, elle a eu du travail après une année de chômage. « Avec mon salaire, j’aide mes parents dans l’achat des semences, je paie le minerval pour mon petit frère, je paie au moins 5 employés saisonniers. »

Rappelons que cette visite a été organisée à la veille de la journée internationale des coopératives, qui sera célébrée le 18 Août dans la province de Gitega

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