Vendredi 29 mars 2024

Politique

Le général Evariste Ndayishimiye « La réforme est liée à la situation que le parti traverse »

Le nouveau secrétaire général du parti au pouvoir s’exprime sur les changements à la direction du parti ainsi que sur certaines questions du moment.

 

Evariste NdayishimiyeAvec le dernier congrès, plus de président du parti mais un secrétariat général chapeauté par le conseil des Sages. Pourquoi le Cndd-Fdd a jugé bon de revoir la structure du parti ?

Le Cndd-Fdd a toujours fait des réformes organisationnelles en son sein chaque fois qu’il y avait nécessité. Quand Radjabu était président, Manassé était le Secrétaire général. Après il y a eu Jérémie Ngendakumana et il y avait un SG. Avant, il n’y avait pas de conseil de sages (CS). Mais il s’est trouvé qu’il fallait mettre en place cet organe peut-être pour conseiller les organes qui dirigeaient le parti.

Aujourd’hui, si on a décidé de réformer encore une fois, c’est lié à la situation que le Cndd-Fdd traverse. Vous avez vu que ceux quiont voulu disloquer le parti beaucoup étaient des membres du CS. Les membres du parti devraient voir comment faire pour qu’il n’y ait plus de scission.

Mais le congrès de Gitega a profité de l’occasion pour confier le parti à un CS dominé par les anciens combattants…

Je ne peux pas dire que ce sont des anciens combattants mais plutôt ce sont des anciens du mouvement, des gens clairvoyants, des gens mûrs qui ont enraciné leur idéologie. Donc le CS est composé des membres du Cndd-Fdd qui ont une maturité, qui sont rodés en matière politique, qui maîtrisent la situation du pays.

Sinon, il n’y a pas de distinction entre les combattants et les non combattants. La population était avec le Cndd-Fdd. Si les civils ne prenaient pas les armes, ils contribuaient dans le renseignement et distribuaient des vivres aux combattants. Donc s’était tous des combattants parce que c’était tout un peuple qui résistait à l’armée gouvernementale.

Un congrès pour chasser Pascal Nyabenda pour être notamment un civil ?

Une mise au point : M. Nyabenda est combattant de première heure. Il est parti quand il y avait des problèmes au sein du mouvement Cndd-Fdd. Le mouvement a connu des difficultés. Il s’est installé à Nairobi. Quand Ndayikengurukiye a été limogé à la tête du Cndd-Fdd, à Nairobi, les autres l’ont suivi. C’est seul PascalNyabenda qui est resté fidèle à la lutte.

Pour revenir à la question, le congrès a estimé qu’il était difficile à Pascal Nyabenda, le numéro 2 du pays, de gérer le parti et ses hautes fonctions. On a jugé bon de le remplacer pour rendre le parti plus efficace.

Quelle stratégie de sortie de turbulence économique ?

Le Burundi est très riche. Nous avons des ressources naturelles très importantes : le nickel et l’or par exemple. L’environnement géographique est favorable. C’est un milieu où les touristes peuvent passer les vacances.L’environnement politico-sécuritaire est là. Il est temps qu’on exploite cela. Le capital se cherche. Il y a des investisseurs que nous devons chercher pour exploiter nos ressources.

Autre fait. La population était habituée à vivre sur l’ apport de l’Etat providentiel. Il faut quitter cet état de chose. Il faut amener la population à travailler.

Le pays manque de devises. Quelle est la stratégie du Cndd-Fdd pour renflouer les caisses de l’Etat ?

Les caisses de l’Etat ne sont pas vides. C’est vide par rapport aux grandes puissances ? Il faut vivre à la hauteur de ce que vous êtes. Le Burundi n’est pas les Etats Unis. Si les caisses des EU contiennent des milliards de dollars, le Burundi a ce qui suffit pour le Burundi. Le problème est qu’on veut imiter les autres. Nous devons savoir ce que nous sommes et vivre ce que nous sommes.

Si nous continuons à exploiter nos ressources, la richesse est entre nos mains. A court terme il faut s’auto-suffire. Et à long terme nous allons produire pour exporter.

L’opposition accuse le Cndd-Fdd de vouloir enterrer l’Accord d’Arusha notamment la disposition qui limite les mandats présidentiels à deux et cela par le truchement de la CNDI. Qu’en dites-vous ?

La commission nationale du dialogue inter-burundais a rassemblé les idées de la population burundaise. Le gouvernement a reçu le rapport. Jusqu’àprésent on ne sait pas encore ce que le gouvernement va faire sur base de ce rapport. Il reviendra au gouvernement de l’analyser. Et il n’y a pas à s’alerter aujourd’hui.

Quelles ont été vos fonctions au maquis ?

J’étais parmi, les hauts cadres depuis 1995. J’étais capitaine alors que les autres qui étaient venus de l’Université étaient encore sous-lieutenants. J’ai été à l’Etat-major général, commissaire politique auprès des forces combattantes, le porte-parole du haut commandement, commandant région au niveau de nos unités de combat. J’ai commandé trois régions. J’ai été commandant base intérieur quand les autres étaient au Congo. Quand on a limogé Ndayikengurukiye, je suis devenu comme président d’un bureau politique qui concevait et planifiait la politique de la lutte.

Vous avez démissionné de l’armée. Un mauvais calcul ?

Je disais à mes collègues que je ne pouvais servir l’Etat à plus de 55 ans, que j’allais quitter l’armée pour les affaires privées. Je voulais donner l’exemple. Si je reste aux fonctions du gouvernement, je risque de mourir pauvre alors que je peux travailler pour moi-même.

Le général Ndayishimiye est aussi connu sous le sobriquet de Never…

Ce n’est pas Never, jamais. Mais N comme Ndayishimiye et Eva comme Evariste. Souvent quand je suis pressé j’écris « N. Eva ». Il y a ceux qui pensent que je suis méchant, un homme dur, irréductible sur base de ce qu’ils appellent Never. Ils pensent à tort que je dis toujours jamais, jamais.

Quelles sont vos occupations après les heures de service ?

Je jouais au football avant de me casser une jambe. Aujourd’hui, je pratique la natation et la marche. Après le service, je m’occupe des affaires sociales.D’abord de la famille. Des fois, je prends la houe et je plante moi-même les légumes. J’ai un poulailler, une porcherie et j’élève des lapins.

Père de combien d’enfants ?

Je suis père de deux filles et trois garçons.

Quels sont vos mauvais souvenirs ?

La mauvaise cause qui a fait que je sois dans le maquis : Je n’ai jamais compris comment un homme d’Etat peut amener sa population à s’entretuer. Autre mauvais souvenir :les difficultés dans le maquis. Il y avait des assassinats entre amis. Je ne pensais pas que cela pouvait arriver. Mais j’ai vu que des intérêts individuels peuvent amener des gens à s’entretuer,même si vous êtes des amis.

Les bons souvenirs ?

Cette aventure qui m’a conduit au maquis. J’ai vu que tout est possible quand vous avez raison. A quelque chose malheur est bon. Ça m’a donné la chance de m’ouvrir de nouveaux horizons. J’ai eu beaucoup de contacts. J’étais le chef de la délégation pendant les négociations ; j’ai vécu l’expérience politique et j’ai eu l’expérience diplomatique parce qu’on travaillait avec la communauté internationale, tout cela ce sont de bons souvenirs qui m’aident à gérer ma vie au niveau de la société.

Forum des lecteurs d'Iwacu

12 réactions
  1. Mutama

    Felicitation général, maintenant tu dirige un parti qui est au pouvoir et tu tu travailles pour toi pour ne pas mourir pauvre. Les autres ont vendu falcon50, PORT DE BUJUMBURA, MERIDIEN, NOVOTEL, cotebu, verrundi
    Qu.est ce tu vas vendre pour ne pas mourir pauvre, il ya SOSUMO, OTEBU, ONATEL. Fais vite si non tu risque la pauvreté à la fin de ta vie

  2. MANA

    Je comprends mieux ! Prenez le temps de lire vous aussi : http://www.arib.info/Gervais-Rufyikiri-sept2016.pdf

  3. RUGAMBA RUTAGANZWA

    @NDAYISHIMIYE:  »Les bons souvenirs ? Cette aventure qui m’a conduit au maquis. J’ai vu que tout est possible quand vous avez raison.Ça m’a donné la chance de m’ouvrir de nouveaux horizons. J’ai eu beaucoup de contacts. J’étais le chef de la délégation pendant les négociations ; j’ai vécu l’expérience politique et j’ai eu l’expérience diplomatique parce qu’on travaillait avec la communauté internationale, tout cela ce sont de bons souvenirs qui m’aident à gérer ma vie au niveau de la société »

    Alors avez-vous toujours raison d’enterrer la justice et de laisser les services Nationaux de Renseignement, les Imbonerakure, la Police et une partie de l’armée disposer de droit de vie ou de mort de tous ceux qui sont soupçonnés a tort ou à raison d’être contre le 3e mandat de Mr. NKURUNZIZA ? Que fait la Justice burundaise pour enquêter sur les enlèvements, tortures, viols, disparitions forcées et autres exécutions extrajudiciaires commises par les corps que plus haut cités? En vérité rien comme en témoigne le mutisme puis la fuite de la délégation burundaise conduite par la Ministre Kanyana, en juillet, alors qu’elle devait répondre aux questions de la Commission des NU Contre la Torture a Genève
    Concernant la diplomatie, vous avez toujours besoin d’apprendre et d’apprendre beaucoup car apparemment vos expériences d’Arusha n’ont pas pu vous mettre à la hauteur de la tâche. En effet, ce que vous diffusez sur les ondes nationales et internationales ainsi que sur les réseaux sociaux par la voie de Mr NDABIRABE montre a suffisance que vous n’avez rien compris aux relations diplomatiques. Comment se fait-il, par exemple, que votre prédécesseur nie officiellement le génocide e des Tutsis du Rwanda de 1994 alors que ce dernier est reconnu par les NU dont le Burundi est membre ? Comment comptez-vous rectifier le tir ?
    Non, mon Général, vous pouvez tout raconter mais en ce qui me concerne, je ne pense pas que le salut de notre pays viendra de vous et du parti que vous représentez. En 10 ans de règne sans partage, ce dernier a fait du BURUNDI, le pays le plus pauvre du monde, un des plus corrompus et des plus affamés aussi. Je ne vois pas ce que vous ferez de plus que vous n’ayez pas pu réaliser en 10 ans de pouvoir alors que vous aviez tout pour vous et avec vous pour réussir.
    Au lieu de continuer de vous accrocher au pouvoir par tous les moyens, il est temps, je pense, de songer à dialoguer (le plus vite étant le mieux) afin de laisser un nouveau leadership politique émerger car vous avez montré suffisamment votre incapacité à faire avancer un pays vers le développement socio-économique. Au contraire, le Burundi, sous votre guidance s’enfonce chaque jour que Dieu a fait et comme si le trou dans lequel nous sommes enterrés, n’était pas assez profond, vous continuez de creuser. Quel gâchis, mon Général… ?

  4. Jereve

    Il faut lire entre les lignes. Des mauvais souvenirs ? La cause d’entrer dans le maquis. Des bons souvenirs ? L’aventure qui conduit au maquis. Bonnet blanc, blanc bonnet. Dans ce maquis où même les amis se massacrent pour des intérêts individuels. J’applaudis cette sincérité. Mais mon général, il y a encore des assassinats entre amis et ou ennemis alors que nous ne sommes plus dans le maquis. J’aimerais vous entendre dire que ce n’est pas normal. Car le début de la guérison, c’est d’abord de reconnaître la maladie. Je me demande aussi où est passée votre expérience diplomatique avec la communauté internationale étant donné que les mesures importantes prises par votre parti et gouvernement ont été de couper les liens avec une importante partie de cette même communauté internationale. Nous en souffrons tous.

    • Maya

      @Jereve,
      Cette communauté dite internationale n’existe pas en réalité! La communauté internationale de même que sa petite sœur « Société civile » ainsi que le « Secteur privé » se sont des termes inventés par les puissances occidentales en vue d’établir un pont pour exercer des pressions sur certains pays. Avez-vous déjà vu une organisation sans Statuts juridiques, sans siège social, sans représentant légalement établi mais on attend toujours des gens qui se parlent au nom de ces organisations fantômes. Si la communauté internationale existait inclurait tous les pays du monde sans exception mais quand une autorité de l’occident parle parle, les médias vont dire dans leurs récits « la communauté international a dit ceci ou cela » mais quand une autorité d’une autre partie du monde on dit « Tel a dit ». Ce qui est encore plus choquant ce sont les pressions souvent excessives contre les abus commis dans certains pays (ce qui est par ailleurs légitime) mais qui ne s’exercent pas contre certains autres pays.

      • Yves

        @Maya : « Si la communauté internationale existait, elle inclurait tous les pays du monde sans exception « . Figurez-vous que cela existe, et cela s’appelle l’ONU … déjà entendu parler ? Encore un(e) brillant(e) spécialiste en géopolitique.

        • Jereve

          Merci Yves. Remarquez que c’est le Général lui-même qui dit avoir « l’expérience diplomatique parce qu’on travaillait avec la communauté internationale ». Maya, un peu de respect, s’il vous plaît, pour ce Général car il n’a quand même pas travaillé avec des fantômes !

        • Maya

          @Yves,
          Vous dites [ Figurez-vous que cela existe, et cela s’appelle l’ONU … déjà entendu parler ? ] … Si faites-vous allusion à l’ONU, pourquoi alors vous référez-vous aux déclarations des occidentaux, tout en mettant de côté celles des autres dirigeants des autres parties du monde? Or, on sait que la composition de l’ONU, son siège, son SG, sa composition et sa mission. Mais qu’en est-il de cette Communauté dite internationale?

  5. Kayo

    Komera !!!

  6. Jereve

    D’abord, Il faut savoir utiliser les bonnes références : les caisses de l’Etat ne sont pas vides par rapport aux caisses des grandes puissances. Elles sont vides, ou si vous voulez moins garnies, par rapport aux besoins immenses du pays. Combien de fois entendons-nous les phrases du genre « nous ne sommes pas en mesure de financer tel projet parce que les moyens manquent ». Ensuite, vous conseillez de « vivre à la hauteur de ce que vous êtes ». Très bien. Pour le moment, la majorité d’entre nous vit dans la misère. Voulez-vous dire que nous devons y rester ? Comme vous n’êtes plus dans la misère, vous devriez donner une chance aux autres de s’en sortir. Oui, le Burundi est riche, mais seulement moins de 10% de la population accaparent les 90% des richesses, et les 90% de la population ne ramassent que des miettes – 10% de richesses.

  7. « Je risque de mourir pauvre alors que je peux travailler pour moi-même. » Tout est dit. En effet, le nouveau Secrétaire Général vient de confirmer qu’être à la tête du parti est à la fois synonyme de gages de richesse et signifie travailler pour soi-même et pas pour l’intérêt du parti et des militants, nous risquons de comprendre. Il vient d’avoir l’occasion de préparer sa pension de retraite. Nous risquons tous de prendre le chemin des frondeurs!

  8. KABADUGARITSE

    Toute la vérité, même crue; une certaine sincérité qui laisse penser à un clin d’œil au sein même de l’équipe. Merci mon Général.-

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