Samedi 14 décembre 2024

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Egide s’envole de Bubanza

JOUR 36

27/11/2019 Commentaires fermés sur Jour 36: Egide s’envole de Bubanza
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Egide est un mordu de lecture. Depuis les premiers jours de son incarcération à Bubanza, il passe l’essentiel de son temps le nez plongé dans les livres.

« C’est pour voyager », dit-il humblement. S’envoler loin de Bubanza.
On pense alors à ces paroles du chanteur Jean-Jacques Goldman : « Envole-moi, envole-moi, envole-moi
Loin de cette fatalité qui colle à ma peau
Envole-moi, envole-moi
Remplis ma tête d’autres horizons, d’autres mots
Envole-moi »

Egide s’envole donc car « la lecture est un voyage de l’esprit, une agréable absence de la vie et de soi-même.», disait Montesquieu. Les pages d’un bon roman font oublier notre condition d’homme, femme, riche, pauvre, libre, prisonnier, malade, bien portant.

La lecture est un voyage de l’âme. Egide a beau être derrière les barreaux, son esprit navigue dans le temps, l’espace, le présent ou le futur. Mieux, il est sans doute souvent confronté à son Moi le plus profond. Car les livres, c’est aussi l’introspection. Un voyage dans notre Moi intérieur à travers les émotions qu’ils induisent en nous. Le voyage, c’est la liberté. Donc, la lecture rend l’esprit libre. Au final, de compagnons de voyage à l’intérieur d’une cellule de prison, les ouvrages sont devenus des compagnons de liberté de l’esprit pour Egide privé de liberté physique.

Et si, malgré tout, Egide était libre en prison ? C’est ce que l’on se dit à Iwacu, peut-être pour se donner un peu de courage. Les murs de la prison de Bubanza sont bien réels, froids, lugubres…

Le mardi 22 octobre, vers midi, une équipe du journal Iwacu dépêchée pour couvrir des affrontements dans la région de Bubanza est arrêtée. Christine Kamikazi, Agnès Ndirubusa, Térence Mpozenzi, Egide Harerimana et leur chauffeur Adolphe Masabarakiza voient leur matériel et leurs téléphones portables saisis. Ils passeront une première nuit au cachot, jusqu'au samedi 26 octobre. Jusqu'alors, aucune charge n'était retenue contre eux. Mais le couperet est tombé : "complicité d'atteinte à la sécurité de l'Etat". Depuis l'arrestation de notre équipe, plusieurs organisations internationales ont réclamé leur libération. Ces quatre journalistes et leur chauffeur n'ont rien fait de plus que remplir leur mission d'informer. Des lecteurs et amis d'Iwacu ont lancé une pétition, réclamant également leur libération. Suite à une décision de la Cour d'appel de Bubanza, notre chauffeur Adolphe a retrouvé sa liberté. Ces événements nous rappellent une autre période sombre d'Iwacu, celle de la disparition de Jean Bigirimana, dont vous pouvez suivre ici le déroulement du dossier, qui a, lui aussi, profondément affecté notre rédaction.