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Société

Interview exclusive avec Vital Bambanze : « Nous devrions être un exemple pour la réconciliation de notre pays »

05/06/2019 Commentaires fermés sur Interview exclusive avec Vital Bambanze : « Nous devrions être un exemple pour la réconciliation de notre pays »
Interview  exclusive avec Vital Bambanze : « Nous devrions être un exemple pour la réconciliation de notre pays »

L’ancien sénateur burundais de la communauté Batwa et nouveau représentant des Etats africains sur les questions des autochtones aux NU s’exprime sur son cahier de charges et sur d’autres défis auxquels font face les autochtones burundais.

Quels sont vos sentiments après votre nomination comme nouveau représentant des Etats africains pour les questions des autochtones au niveau des Nations Unies ?

En tant que Burundais, j’ai un sentiment de gratitude pour mon pays qui a présenté ma candidature. J’ai aussi un sentiment de remerciement envers les Burundais et surtout les Batwa qui ont accepté que je présente ma candidature.

Quel sera votre cahier de charges ?

Notre mandat est de donner des conseils aux Etats en tant qu’organe subsidiaire des NU au niveau du Conseil économique et social. Ce conseil relate les domaines dans lesquels nous sommes obligés de travailler notamment la culture, l’éducation, la santé, les droits de l’homme, l’environnement. Nous avons aussi l’obligation de suivre toutes les recommandations qui ont été soulevées par les peuples autochtones pour voir le niveau de leur mise en application par les Etats, les agences des NU. Nous devons également donner des orientations aux peuples autochtones pour qu’ils soient dynamiques, et être à mesure de défendre leurs droits dans toute leur entièreté.

Qu’est-ce que les autochtones burundais vont en tirer ?

C’est plutôt le Burundi qui gagnera. Si les Batwa ont été marginalisés, c’est un devoir d’y remédier pour toutes les institutions des NU à partir du haut sommet jusqu’au plus bas. Comme je l’ai déjà dit je ne donnerai que des conseils. Les Batwa n’ont pas besoin d’aller aux NU pour réclamer leurs droits. Nous avons l’obligation de défendre nos droits sur le territoire burundais où nous sommes nés.

Quelle évaluation faites-vous de la promotion des droits des autochtones burundais par rapport aux autres autochtones des Etats africains ?

Nous avons des avancées significatives au niveau du Burundi. La Constitution reconnaît notre participation dans les instances de prise de décision où nous avons trois représentants des Batwa à l’Assemblée Nationale et au Sénat. C’est une évolution significative qu’on ne trouve pas dans d’autres Etats africains. Un autre point positif est la cohabitation avec d’autres peuples. Hier, il y avait la marginalisation, la discrimination, l’exclusion. Aujourd’hui, les Hutu et les Tutsi commencent à changer leur comportement envers les Batwa. Avant on ne pouvait pas manger ensemble, se marier avec eux, ou même partager les cérémonies sociales. Actuellement nous sommes associés. Nos enfants ne sont pas marginalisés ou étiquetés à l’école.
Nous sommes également représentés dans différentes commissions nationales. Ce qui n’existe pas dans d’autres pays.

Qu’est-ce que vous allez faire pour que la communauté Batwa soit représentée au niveau de l’exécutif ?

La question incombe aux décideurs. Ce qui est important, ce n’est pas notre participation dans les instances de prise de décision, mais plutôt notre contribution dans l’édification de la nation. Prenons notre histoire. Les Batwa n’ont jamais fait la guerre au Burundi. Nous devrions, peut-être, être un exemple d’un peuple pacifique pour la réconciliation de notre pays qui traverse toujours des crises.

Certains membres de la communauté Batwa sont attrapés en train de voler. Comment expliquer ce phénomène et y remédier ?

Ce ne sont pas seulement les Batwa. Oui, il y a des cas de vol qui sont commis dans les champs. Et c’est un phénomène qui peut se manifester chez tout être humain qui a faim. Du moment que les Batwa n’ont pas de terre, d’autres ressources pour leur survie, ils doivent chercher de quoi manger. Les Batwa sont victimes des lois nationales. Nous réclamons toujours qu’on donne des terres aux Batwa pour qu’ils cultivent et pratiquent l’élevage comme les autres. Plus de 80% de la population burundaise vit de l’agri-élevage. Pour pallier ce phénomène, il faut qu’il y ait des lois de distribution des terres aux Batwa, mais aussi des sensibilisations à l’endroit des Batwa pour que les terres octroyées ne soient pas revendues.

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