Par Antoine Kaburahe
Si nous n’avions pas été dans un cimetière, l’on aurait cru assister à une fête, un mariage ou un anniversaire. C’était la volonté de Gaston Nteziriba : pas de visages endeuillés figés dans le chagrin, pas de vêtements noirs en signe de deuil. Le blanc, couleur de la paix, de la lumière, devait dominer cette journée. Une manière, à son image, de célébrer la vie plutôt que de s’effondrer devant la mort.
Gaston aimait les gens, profondément. Il aimait rire, partager, rassembler. Même pour ses adieux, il avait voulu un moment simple, sans faste, réservé à ses proches et à quelques amis fidèles. Une cérémonie sobre, sincère, ponctuée de témoignages touchants qui ont retracé le parcours d’un homme droit, juste, profondément humain.
Car partout où il est passé, Gaston Nteziriba a laissé une empreinte. Dans les communes meurtries de Ntega et Marangara, il a dirigé avec une rare intégrité, dans les ruines de l’après -1988, avec le souci constant de redonner dignité et espoir à des populations traumatisées. Plus tard, il porta ces mêmes valeurs au sein du HCR, sur des terrains complexes et périlleux comme l’Afghanistan, sans jamais se départir de son calme, de son professionnalisme, de sa bienveillance.
Mais au-delà du fonctionnaire compétent et respecté, c’est l’homme que nous pleurons aujourd’hui. Ce rire chaleureux, cet éclat de regard, cette attention portée à chacun. Gaston avait ce don rare : il faisait du bien simplement par sa présence.
Le moment le plus émouvant fut sans doute celui où Brice, ce jeune qu’il avait porté enfant, a pris la parole. La voix tremblante, il a révélé ce que beaucoup ignoraient : les derniers mois, Gaston avait choisi le silence. Il ne répondait plus au téléphone, refusait les visites. Un cancer fulgurant l’avait rongé au point qu’il ne voulait pas imposer cette image à ceux qu’il aimait. Brice a transmis la demande de pardon que Gaston a adressé à tous ceux qu’il n’a pas permis de le voir. Il voulait qu’on garde de lui un souvenir de vie, de force, d’élan. Je me suis senti coupable, j’avais été fâché par son silence…
Et c’est ainsi que nous lui disons adieu. Non dans le tumulte des larmes, mais dans la gratitude. Celle d’avoir connu un homme debout. Un homme vrai.
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