En 2022, le ministère ayant l’éducation dans ses attributions a annoncé que les lauréats au concours national issus de la communauté Batwa seront automatiquement orientés dans les écoles à régime d’internat avec une prise en charge de l’Etat. Même si la mesure est appliquée, les enfants bénéficiaires restent peu nombreux suite à plusieurs obstacles socio-économiques.
Deux ans plus tard, beaucoup d’enfants Batwa rencontrent encore des difficultés pour intégrer et surtout rester dans les établissements à régime d’internat. Plusieurs d’entre eux interrogés à Karusi dans la province de Gitega, parlent des défis auxquels ils font face.
Selon Fabrice Irishura, élève en première année pédagogique, le faible effectif d’élèves Batwa inscrits à l’internat s’explique principalement par la précarité dans laquelle vivent leurs familles. « De la 1ère à la 9ème année, ce sont les parents qui doivent assumer les frais scolaires. Or, vu la pauvreté dans laquelle vivent nos familles, beaucoup d’enfants abandonnent déjà à l’école primaire, faute de moyens pour payer. »
Florence Gatangaza, élève de la 1ère année post-fondamentale, section langues, salue la décision de l’État de permettre aux élèves issus de sa communauté d’intégrer les internats. Elle reconnaît également l’appui de certaines associations pour couvrir certains besoins essentiels. « Quand j’ai été orientée ici, j’étais très contente. À mon arrivée, tout s’est bien passé. Quelques jours plus tard, une association est venue nous apporter du matériel scolaire dont nous avions besoin. »
Elle souligne toutefois un bémol.
« Il nous arrive de tomber malades pendant l’année scolaire. Dans ce cas, nous sommes obligés d’appeler nos parents, qui, malheureusement, n’ont souvent pas d’argent à nous envoyer pour nous faire soigner. Parfois aussi, certains effets personnels s’épuisent avant la fin de l’année. Ce qui rend notre quotidien encore plus difficile. »
Une intégration encore marginale
Les responsables des établissements concernés partagent le même constat. Adolphe Nitegeka, directeur du lycée de Buhiga, affirme que l’intégration des élèves Batwa reste encore marginale.
« Pour l’année scolaire 2022-2023, aucun élève mutwa n’a été inscrit ici. En 2023-2024, ils étaient quatre : deux garçons et deux filles. Pour l’année scolaire en cours, seuls deux élèves ont été admis dans ce lycée. »
A l’école Itabu de Karusi, le directeur Désiré Hakizimana dresse un constat similaire. « Pour l’année scolaire 2023-2024, l’établissement a accueilli deux élèves Batwa et tous étaient des garçons. Pour cette année, nous avons reçu trois élèves Batwa : deux garçons et une fille »
Il indique que les principaux défis auxquels font face les élèves issus de la communauté Batwa admis à l’internat sont liés au manque de certains matériels indispensables pour leur quotidien scolaire.
« Les enfants issus de la communauté Batwa viennent majoritairement des familles en situation de grande précarité. Cela complique leur intégration à l’internat car, même si la scolarité est gratuite, ils manquent de matériel de base comme des cahiers ou autres effets indispensables à la vie en internat. »
Toutefois, il reconnait les efforts en termes d’appui fournis par certaines associations. Il invite les autres associations à venir en aide à ces enfants afin qu’ils puissent étudier dans de bonnes conditions.
« Nous remercions les associations qui viennent pour soutenir ces enfants au debut de l’année en leur fournissant quelques équipements scolaires et en peu d’argent de poche. Mais, il est clair que ces élèves vivent une situation de précarité », témoigne le directeur Hakizimana.
Le minerval n’est pas compensé
Ces directeurs déplorent que l’Etat ne compense pas le minerval pour ces élèves issus de la communauté Batwa. Ce qui peut causer un problème financier pour leur maintien dans les internats. A cela s’ajoute un autre défi, à savoir le faible niveau scolaire de ces élèves. Cela entraine de fréquents redoublements.
« Les élèves issus de la communauté Batwa ne paient pas les frais scolaires et ces derniers ne sont pas pris en charge par l’Etat. Son appui se limite seulement aux frais d’alimentation pour les élèves à régime d’internat. Ce qui peut créer quelques difficultés au niveau de la gestion. Mais, on espère qu’avec le temps, l’Etat pourra aussi prendre en charge cet aspect », fait observer M. Nitegeka.
Ce même problème se pose au lycée Itabu où aucune compensation n’est aussi prévue. Le directeur de ce lycée précise néanmoins que l’impact est encore limité étant donné le faible nombre d’élèves issus de la communauté Batwa inscrits.
Quant au faible niveau scolaire, il explique que cela est dû au fait que ces élèves sont admis à l’internat sans atteindre les critères de points requis pour les autres élèves.
« Nous constatons que ces élèves ont un niveau scolaire inférieur à celui des autres. L’année passée, sur deux élèves Batwa admis, un a réussi. Selon nous, cela s’explique par le fait qu’ils sont intégrés à l’internat sans avoir les points requis. Ce qui les place en difficulté pour suivre le même rythme que les autres élèves. »
Pérenniser la mesure
De son coté, Audace Bavakure, représentant de l’Uniproba (Unissons-nous pour la promotion des Batwa) dans la province de Gitega, évoque une autre cause de la faible présence des élèves Batwa dans les écoles à régime d’internat.
« Beacoup d’enfants issus de notre communauté ne s’intéressent pas aux études parce qu’ils considèrent que même ceux qui ont fréquenté l’école ne trouvent pas du travail. Ils se découragent puisque même ceux qui ont terminé se lancent dans de petits métiers ou partent en Tanzanie pour chercher de l’argent. »
Tout en saluant les efforts déjà consentis par l’Etat en faveur de la scolarisation des enfants Batwa, Audace Bavakure plaide pour la pérennisation de cette mesure. Selon lui, le maintien de cette politique pourrait avoir un impact positif durable.
« Si cette initiative se poursuit, elle pourra inspirer les générations futures. En voyant leurs aînés progresser grâce à l’école, les plus jeunes seront motivés à suivre le même chemin. »
Jewe natanguriye mu 1959 mugashure k’ubudongo gashakajwe ivyatsi ahari succursale ya paruwasi ya katolika y’iMusenyi, komine Tangara (Ngozi). ABANA NTABWO NTITWICARA HASI, HARIHO IBITI VYASHINZWE HANYUMA HANYUMA BASHIRAKO IMBAHO TWICARAKO N’IZINDI TWANDIKIRAKO.
BIRABABAJE KUBONA ABANA B’ABARUNDI BACICARA HASI KW’ISHURE.
NONE KOMBONA ICO KIRASI KIMEZE NK’IKIMAZE IMYAKA MYISHI, NONE ABAVYEYI BO NTIBARI KWIYUNGUNGANYA KUGIRA INTEBE ZIBONEKE?