Jeudi 28 mars 2024

Politique

Gitega : juges et magistrats indexés

Selon le secrétaire permanent du Conseil Supérieur de la Magistrature, la corruption est aujourd’hui un fléau qu’il faut à tout prix combattre.

Quelques-uns des magistrats qui étaient dans la réunion avec les membres du Conseil supérieur de la Magistrature.

« Nier que la corruption est encore observée parmi certains magistrats et juges serait aberrant. Combattons ensemble ces brebis égarées », a appelé Monique Nahimana, secrétaire permanent du Conseil supérieur de la magistrature. C’est à l’occasion de sa tournée de travail à Gitega, lundi 19 juin.

D’après elle, les rapports récents ont révélé qu’aucun service, y compris la justice, n’était épargné par ce mal qui nécessite une plus grande attention des pouvoirs publics. Elle a signifié que la corruption n’est pas seulement de recevoir ou de donner de l’argent pour bénéficier un service, mais l’achat de la conscience est souvent soulevé.
« Eviter des sollicitations diverses dans votre travail. Vous êtes exposés mais sachez que la corruption détruit surtout nos consciences. Si vous êtes capturés, la responsabilité pénale est personnelle », a-t-elle souligné.

Loin de faire l’unanimité, les magistrats et juges de Gitega ont indiqué qu’il serait préférable de désigner les coupables et de les isoler au lieu de généraliser sur le corps tout entier de la magistrature. D’après eux, il n’y aura pas une raison d’expliquer que la justice est corrompue alors qu’elle est censée combattre la corruption.
« Que le conseil supérieur de la magistrature combatte la corruption et aussi s’attèle au bien-être du magistrat et du juge », a intervenu un magistrat de la Cour d’appel de Gitega.

Qu’en dit la population de Gitega ?

D’après les hommes et les femmes interviewés dans la ville de Gitega et ses environs, la corruption est acceptée aujourd’hui à telle point que l’on n’éprouve plus aucun sentiment de culpabilité en la pratiquant. Ce qui était fait jadis en cachette se fait maintenant ouvertement.

« La corruption est devenue notre mode de vie. On a parfois l’impression qu’elle a été institutionnalisée », souligne Adelin (un nom d’emprunt pour son anonymat).

Ils pointent le personnel des Tribunaux de Résidence et de Grande Instance plus qu’ailleurs. Nombreux sont ceux qui affirment qu’il faut d’abord avoir une vache pour intenter un procès pour un lopin de terre.

« J’ai perdu le procès injustement parce que mon adversaire avait des connaissances parmi les juges. Jusqu’à maintenant, je ne sais pas si le prononcé de l’arrêt a eu lieu ou pas », déplore Jacques. Quant à Leonidas natif de Ryansoro, il indique que les gens issus des familles pauvres sont obligés de vivre avec la corruption, de l’accepter dans leur existence quotidienne.

Au moment où les uns mettent la richesse en avant pour corrompre, les autres taxent l’ingérence des autorités politiques dans la justice.

« Mon époux est emprisonné sans jugement depuis 4mois .Quand je suis allé voir le juge, il m’a signifié que les ordres sont venus de quelqu’un qui est haut placé dans l’administration», peste Antoinette, une mère de 3 enfants.

Pour ces citoyens, le chemin est encore loin pour avoir une justice équitable tant que la pauvreté a gagné toutes les couches de la population burundaise.

Forum des lecteurs d'Iwacu

8 réactions
  1. Rurihose

    Mais la corruption vient d’en haut.
    Cessez de vous attaquer aux petits corrompus.
    Des gens qui construisent des immeubles/villas de centaines de milliers de dollars.
    Nous les connaissins tous.
    Même le journal Iwacu n’ose en parler.
    Dites moi où sont les millions du Falcon 50?
    La société X avait été condamnée à verser des milliards au trésor burundais pour corruption.
    Non seulement elle n’a jamais remboursé, mais elle fait la pluie et le vent au Burundi.
    La loi stipule que les nandataires déclarent les richesses au moment d’entrer en fonction. PERSONE N A JAMAIS REMPLI CE FORMULAIRE.
    Cher journaliste, lorsque vous traitez d un cas aussi névrslgique que la corruption au Burundi, soyez professionnel autrement on pensera que vous avez une dent contre les juges.

  2. Arsène

    Les rapports de « Transparency International » le disent depuis des années. Nous vivons dans une situations d’anomie (i.e. quand l’exception devient la règle). Ceux qui nient ce fait sont certainement les plus corrompus (et je pèse mes mots).
    Que ces juges qui le nient nous demandent les noms. Je les donnerais volontiers. Tel juge auprès d’un tribunal donné qui va chez un plaignant pour l’aider à rédiger le mémoire ou la note en délibéré (ce cas est celui d’un juge du TGI de Muramvya qui allait voir son « client » au quartier Jabe à Bujumbura). Dans cette affaire, j’ai été surpris de lire dans le jugement: « Baburanye imbonankubone bahinyuzanya » pourtant l’appelant (l’habitant du Quartier Jabe en question) était seul présent à l’audience tandis que l’intimé, qui habite en Europe, n’avait même pas été informé de la date de l’audience. Il a seulement été informé que le délai de pourvoi en cassation était échu et que par conséquent, il était sommé d’être présent à l’exécution du jugement.
    Je demanderais à Iwacu de publier deux ou trois copie de jugement où n’importe qui peut voir que les juges ont rendu un jugement qui ne laisse aucun doute au fait qu’ils étaient corrompus.
    Un dernier exemple: un président du tribunal d’appel qui après exécution d’un jugement rendu par sa juridiction ordonne au président du Tribunal de Grande instance d’annuler l’exécution! C’est hallucinant ce que nous observons!

    • Julius

      @Arsène
      Merci beaucoup de votre commentaire. Edifiant! C’est hallucinant, en effet. La magistrature, comme les autres composantes de l’administration, est pourrie. Cette dame le sait très bien mais elle fait son devoir de parler, ce qui est mieux que rien. Elle aura bonne conscience d’avoir dit quelque chose d’important. Mais, qu’on ne se fasse pas d’illusions. Aussi longtemps que la Ministre de Justice et Garde des Sceaux n’aura pas honte de mentir aux « Parlementaires » tout en sachant que tout le monde sait qu’elle ment, aussi longtemps que des Ministres et autres « Hautes Personnalités » détourneront sans honte, aussi longtemps que le salaire sera de nom, aussi longtemps que le Magistrat Suprême ne ramenera pas à l’ordre ses subordonnés, on criera mais ces gens nous répondront en choeur: « Le chien aboie et la caravane passe. » Au fait, nous sommes trahis par les plus hauts gardiens de la Justice et pas par les Juges. Ces derniers sont déjà perdus, on ne devrait même plus penser à eux lorsu’il s’agit de réclamer justice. Mais, ne nous décourageons pas.

  3. Mafero

    Comme il y a un culte de tout nier dans ce pays, il faut dire qu’il n’y a pas de corruption au Burundi. Ceux qui le disent / (propagent ces rumeurs) sont des ennemis de la nation, il faut les combattre avec la dernière énergie.

  4. juju

    C’est ce savoir-faire, ce genie et autres de ce genre que le Buundi compte apporter a l’EAC comme contribution.

    • Banza

      @juju
      Je ne crois pas que le reste des pays de l’EAC soit habité par des néophytes en ce domaine.
      Moi j’ai souffert de cela dans cette région il y a déjà 40 ans (c’était dans ma 1ère vie).

  5. Ayahu Jean Pierre

    Non seulement la corruption est un fléau mais elle est la honte!
    Corruption chez les juges, corruption dans les administrations, sur la route avec cette fameuse police de roulage, corruption dans l’octroi des emplois, permis de conduire, etc…Le jour où le pays parviendra à juguler ce fléau, le Burundi s’en sortira car les sommes d’argent qui n’entrent pas dans les caisses de l’état sont énormes.
    Le combat est à mener et levons-nous pour le faire

    • yohane Mutama

      Enfin Jean Pierre AYAHU, tu reconnais que le tout n est pas rose dans votre gouvernance. Tu commences a y voir clair.

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

La fin du Phénix ?

Les dés sont jetés, les carottes sont cuites : le ministre de l’Intérieur a validé les conclusions issues du congrès extraordinaire tenu à Ngozi le 10 mars par des dissidents d’Agathon Rwasa. « Nous prenons acte du rapport et des décisions prises (…)

Online Users

Total 1 946 users online