Entre tirs de sommation, arrestations pour fraude et bureaux de vote désertés, les élections collinaires de ce lundi 25 août vers 15 heures ont été marquées par un climat de peur et de désillusion dans certains bureaux de vote à Cibitoke.
À la colline Dogodogo, zone Rugombo commune Cibitoke, la journée électorale a basculé dans la confusion. Un militaire chargé de sécuriser le bureau de vote du Lycée des Amis a tiré à balle réelle pour disperser un groupe d’adolescentes.
Il s’agit de trois jeunes filles, selon des témoignages sur place elles venaient de la colline voisine de Mparambo, elles étaient en possession de plusieurs cartes d’électeurs et voulaient voter à Dogodogo. Selon toujours ces sources, quand elles ont vu les militaires elles ont détalé mais l’une d’elles a été rattrapée par les forces de l’ordre.
Francine Nikuze, 16 ans, se dit sous le choc et encore bouleversée : « On nous avait dit qu’après avoir voté, on allait recevoir de l’argent. Nous avons paniqué et quand nous avons quitté les lieux en courant, un des militaires chargés de sécuriser ce bureau de vote a ouvert le feu ». La Police judiciaire s’est rendue sur place et a immédiatement auditionné la jeune élève.
La province de Bujumbura n’a pas été épargnée par des irrégularités. A la colline voisine de Muyange commune Mugina, la police a arrêté un individu avec 18 cartes d’électeurs en sa possession. Une autre personne, une jeune fille a, elle aussi, été appréhendée avec une carte vierge.
Ces cas s’ajoutent à une série de pratiques dénoncées par la population venue pour ces collinaires : certains électeurs approchés parlent, sous anonymat de distribution de cartes à des non-inscrits, d’autres ont évoqué des votes multiples au moment où d’autres ont pointé du doigt des cas de procuration forcée.
Au-delà des incidents, des soupçons de fraude ont découragé de nombreux citoyens. Dans plusieurs localités, les bureaux de vote sont restés sans grande affluence. « On nous oblige à voter, mais ce ne sont jamais nos voix qu’ils vont compter », confie un habitant rencontré à l’école fondamentale de Karurama.
La plupart des électeurs interrogés appellent à des sanctions contre les fraudeurs et à des formations civiques pour les futurs chefs de colline, afin de restaurer une confiance largement érodée.
Censées renforcer la démocratie locale, ces élections collinaires ont été ternies par la peur diffuse, quelques cas d’irrégularités et une faible participation. Résultat : une population méfiante face à des institutions locales déjà douteuses, et le tout à l’heure où le pays cherche à consolider sa gouvernance de proximité.
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